Chaque semaine Harris Interactive interroge un échantillon de plus de 2000 Français. En leur posant une question simple et tout à fait ouverte : « Qu’avez-vous retenu de la campagne présidentielle cette semaine ? ». Sans rien suggérer. Sans rien proposer. En laissant les personnes que nous interrogeons libres de nous dire et ce qu’elles ont entendu de la campagne présidentielle et ce qu’elles en ont retenu. Vu que l’on peut considérer qu’une élection se gagne déjà par une « hégémonie idéologique et culturelle » (pour paraphraser Gramsci), regardons la manière dont les électeurs parlent de la campagne.
Pour dégager l’essentiel de cette matière riche et spontanée, les réponses sont analysées par Proxem (https://www.proxem.com), pionnier de l’analyse sémantique de données textuelles. Chaque semaine, Proxem y détecte les personnalités et mouvements politiques, les thématiques et événements majeurs, de manière à pouvoir en mesurer la fréquence. Semaine après semaine se dégagent ainsi les grandes tendances de la campagne et les événements singuliers qui ont marqué l’actualité.
On a dit, écrit, que le calendrier de la primaire organisé par la Belle Alliance Populaire n’était pas optimal pour favoriser la participation : une clôture des inscriptions juste avant les vacances, une campagne courte débutant au sortir des fêtes…
Les Français ne semblent pas aujourd’hui s’emparer de la primaire. Avant les premiers débats, lorsque nous les interrogeons sur la présidentielle, ils sont bien en peine de pouvoir nous parler de cette échéance.
Et la comparaison avec la primaire de la droite et du centre n’est pas flatteuse. A quelques semaines du premier tour, 15% des Français en parlaient. Signe de l’intérêt manifeste, nous n’étions pas confrontés qu’à des électeurs de droite – ou susceptibles d’aller voter – qui en parlaient. Aujourd’hui, 5% des Français font spontanément référence à la primaire. Et avec une approche politiquement non-clivée : on n’en parle pas plus à gauche qu’à droite.
Nicolas Sarkozy, François Fillon, Alain Juppé… tous ont eu leur moment d’exposition retenu par les Français avant la primaire de la droite et du centre. Malgré l’entrée en campagne remarquée de Manuel Valls, les propos tenus par les autres candidats n’ont pas été restitués par les personnes que nous avons interrogées cette semaine. Le graphique ci-dessous en est la plus parfaite illustration.
En cette fin d’année, François Hollande voit sa cote de confiance progresser sans pour autant se modifier profondément en structure. Un quart des Français lui accorde sa confiance, ce qui constitue certes une progression mais le place à un niveau encore faible dans l’absolu surtout dans le contexte d’émotion suscité par son renoncement [voir l’analyse du 7 décembre dernier] et d’annonce d’inversion de la courbe du chômage. On parle un peu plus du Président, mais pas dans des proportions très importantes.
On en parle du fait de ses vœux. Et surtout de ses vœux. En parle-t-on en bien ? Pas vraiment. La structure de population les mentionnant le plus (personnes âgées de 50 ans et plus, plutôt à Droite sur l’échiquier politique) ne lui étant pas a priori favorable.
On peut également remarquer l’absence de référence à François Fillon. Avec, ici aussi, peu d’expressions de soutiens mais quelques commentaires acerbes, aussi bien sur ses vœux (considérés comme ternes) que sur son programme politique, pour lequel tour à tour on va soit considérer qu’il ne convient pas, soit qu’il a été amendé.
Si nous n’avons pas d’outils prédictifs à proprement parler on sait que les Français sont friands de politique. Que les débats, émissions politiques reprennent. Et que, logiquement, la semaine prochaine les Français seront plus attentifs et… plus prolixes.
Retrouvez l’analyse sur http://compol2017.com/