Enquête réalisée par Harris Interactive en ligne du 5 au 7 décembre 2017. Échantillon de 1 008 personnes, représentatif des Français âgés de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).
Les zooms de L’Observatoire Cetelem s’intéressent aux nouveaux modes de vie et proposent d’investiguer en profondeur des grands thèmes de société, sollicitant l’avis des Français sur chacun de ces thèmes au travers de trois vagues de sondage. Les zooms viennent ainsi compléter et enrichir le dispositif d’observation et d’études existant de L’Observatoire Cetelem.
La troisième édition des zooms de L’Observatoire Cetelem porte sur le sport, un thème aussi intime, qui touche chacun dans son rapport à son propre corps, que collectif, lorsqu’on le considère par le prisme des grands événements et compétitions internationales. Après avoir fait l’état des lieux des pratiques sportives et considéré le sport en tant qu’objet de divertissement, la dernière étude s’intéresse au coût du sport, à travers non seulement des questions de prix et d’accessibilité, mais aussi de l’engagement personnel qu’il nécessite. Le sport est-il perçu comme une activité coûteuse et tous les sports se valent-ils à cet égard ? Est-il accessible partout de la même façon ? Quels arbitrages les Français font-ils lorsqu’il s’agit de choisir des équipements destinés à faire du sport ? Et au-delà des considérations d’argent, comment la pratique d’une activité sportive influe-t-elle sur la vie des Français ? Quels sacrifices ou choix implique-t-elle ?
Faire du sport, une activité accessible en France ?
- Si regarder du sport à la télévision apparaît accessible au plus grand nombre, pouvoir pratiquer un sport près de chez soi n’est pas une évidence. Malgré tout, les Français se montrent plutôt positifs à l’égard des équipements qu’ils ont à disposition aux alentours. Près de 7 sur 10 d’entre eux estiment ainsi qu’il y a près de chez eux suffisamment de sports différents et qui leur plaisent, ainsi que d’infrastructures permettant de les pratiquer. Forts de ce constat en ce qui concerne leur environnement direct, les Français estiment pour 78% d’entre eux qu’il est possible de pratiquer un sport où que l’on habite sur le territoire, un sentiment d’autant plus partagé par ceux qui font du sport régulièrement.
- Cependant, si la question de l’accessibilité géographique n’apparaît pas comme un enjeu particulier pour les Français, celle de l’accessibilité financière est plus complexe. Si plus de la moitié (56%) estiment que faire du sport est financièrement accessible à tous, 57% n’hésitent pas à déclarer que dans l’absolu, faire du sport reste cher ; un constat particulièrement partagé par les femmes (63%), les plus jeunes (68%) et les personnes issues des catégories populaires (65%). Le caractère dispendieux du sport n’est pas pour les Français qu’une vue de l’esprit : 48% indiquent qu’ils ont déjà dû renoncer à pratiquer un sport car cela coûtait trop cher. S’ils essayent davantage de les épargner, 38% des parents reconnaissent tout de même avoir dû renoncer à inscrire leurs enfants à certains sports du fait de leur coût. Dans les deux cas, les mêmes catégories précédemment évoquées (femmes, catégories populaires) se disent à nouveau les plus touchées.
- Avec près d’un tiers des parents concernés par des difficultés à inscrire leur enfant à un sport, l’activité sportive des enfants est majoritairement considérée comme une responsabilité collective. Pour 68% des Français en effet, l’accès aux activités sportives pour les enfants devrait être financé avant tout par les collectivités via des financements et des aides, plutôt que par les parents (31%). Les femmes et les personnes aux faibles revenus soutiennent plus encore cette vision sociale et collective.
Salles de sport, clubs de sports, quelles réponses au coût du sport ?
- Dans l’absolu, les Français estiment ainsi que faire du sport est plutôt cher. Dans les faits, force est de constater que la plupart des solutions disponibles pour pratiquer sont perçues comme onéreuses, qu’il s’agisse de disposer d’un coach personnel (96%), de se doter d’équipements sportifs pour son domicile (89%) ou de s’abonner à une salle de fitness / musculation (89%). Les clubs sportifs, fonctionnant au moyen de licences annuelles, apparaissent néanmoins comme plus accessibles, quoique toujours jugés chers par une majorité de Français (58%). A noter que les Français partagent des perceptions très similaires qu’ils soient eux-mêmes sportifs ou non, consolidant l’image du sport comme une activité couteuse.
- Dans les représentations on voit ainsi se dresser une opposition entre la salle de sport et la licence en club. La première, perçue comme plus chère, est associée à une facilité de pratique grâce à des horaires avantageux, une proximité (70% contre 25% associant davantage cet aspect au club sportif), qui en font le meilleur endroit pour pratiquer souvent (55%). Le club de sport et l’activité licenciée sont, eux, davantage considérés comme le lieu de l’accessibilité financière (71%), mais aussi comme le lieu de la véritable performance sportive et du dépassement de soi (57%), permettant d’être en bonne santé (52%). Néanmoins, si les Français témoignent dans l’ensemble de représentations bien ancrées associées à chacune de ces solutions, une divergence générationnelle se dessine nettement dans la perception de la salle de sport. Les Français de moins de 35 ans perçoivent en effet un écart moins grand entre le caractère onéreux de la salle de sport (perçue comme chère par 86%) et des clubs sportifs (71%, soit un écart de 15 points) que leurs aînés (38 points d’écart). A cette perception est corrélée une vision plus positive de la salle de sport chez les jeunes, qui estiment davantage qu’elle est la meilleure solution, qu’il s’agisse de praticité, de santé et même de coût.
- Il est néanmoins aujourd’hui une solution que les Français considèrent majoritairement comme peu chère. Les outils numériques (applications, vidéos Youtube, objets connectés), apparaissent ainsi accessibles au plus grand nombre : 67% les considèrent comme peu ou pas chers, sans doute du fait de la gratuité d’accès de nombreuses plateformes. Pourtant, les Français se montrent relativement sceptiques quant à de véritables effets du numérique sur le budget consacré au sport. La majorité (51%) estime ainsi que le développement des applications et outils numériques ne changera rien à ce budget, quand la moitié restante se divise entre pessimisme (augmenter le budget consacré au sport : 26%) et optimisme (réduire le budget consacré au sport par les Français : 22%), particulièrement fort chez les plus jeunes, âgés de 18 à 24 ans (41%).
- Le prix du sport est-il ainsi une fatalité pour les Français ? Trop cher pour la majorité et ce, même dans les clubs sportifs, cette activité semble teintée d’ombre. Pourtant, lorsqu’on les interroge sur des sports en particulier, les Français se montrent moins sévères. De nombreux sports, et notamment des sports collectifs, leur semblent ainsi financièrement accessibles et notamment le football (81%), la natation (76%), le basketball (76%), la gymnastique (72%) ou encore le rugby (72%). Seuls trois sports parmi les treize testés apparaissent ainsi peu accessibles : le tennis (47% accessible), l’équitation (21%) et le golf (14%), semblent réservés dans l’esprit des Français à une minorité, dans une forme de perpétuation des stéréotypes associés aux sports individuels. A nouveau, les Français expriment le sentiment que faire du sport est, dans l’absolu, cher, quelle que soit la solution envisagée, mais que dans la pratique, son accessibilité en France reste possible pour tous.
Qualité, prix, longévité, les sine qua non de l’équipement
- La pratique du sport en elle-même étant considérée comme coûteuse, les Français se montrent attentifs au prix de leurs équipements et attendent d’eux non seulement qu’ils soient peu chers (81%), mais également qu’ils durent longtemps (93% et plus encore chez les parents, 96%), bien plus qu’ils ne les attendent sur leur esthétisme : 54% seulement déclarent qu’ils est important pour eux que leurs équipements soient beaux, quoiqu’il s’agisse d’un critère plus décisif pour les femmes (57%), les moins de 35 ans (67%) et les sportifs réguliers (60%). Les Français expriment également en ce qui concerne leurs équipements sportifs, des interrogations qui existent déjà dans de nombreux autres secteurs concernant les moyens et méthodes de production : 70% déclarent qu’il est pour eux important que leurs équipements aient été produits de manière responsable, qu’il s’agisse de l’environnement ou de l’éthique, un chiffre élevé qui relève peut-être davantage de l’intention que de la concrétisation réelle. Le fait de disposer d’équipements innovants (44%), de la dernière génération (24%), de grandes marques (20%), ou similaires à ceux des professionnels (17%) semblent ainsi d’importance mineure, du moins, en déclaratif – les hommes, les plus jeunes et les sportifs les plus réguliers se montrant davantage attentifs à chacun de ces critères.
- Dans ce contexte, les Français se déclarent prêts à débourser en moyenne jusqu’à 103€ pour une tenue complète de sport incluant vêtements et chaussures, les hommes (119€), les personnes issues des catégories supérieures (112€) ou les sportifs réguliers (117€) se montrant plus enclins à dépenser davantage. Pour leurs enfants, les parents se montrent légèrement plus économes, avec un budget moyen de 79€, les pères et les parents pratiquant du sport régulièrement se montrant à nouveau plus disposés à dépenser davantage.
Faire du sport : un choix de vie engageant
- S’interroger sur le prix du sport nécessite également de s’intéresser à l’engagement personnel dont les sportifs doivent faire preuve, de comprendre les arbitrages (et parfois même les sacrifices) que ceux-ci doivent faire pour inscrire l’activité sportive à leur agenda. Au cours des 12 derniers mois, près de la moitié des sportifs (47%) déclarent avoir ainsi avoir renoncé à des moments de repos pour pratiquer. Mais le sport n’influe pas que sur leur agenda personnel : il peut également mettre la vie sociale à l’épreuve. Pour plus d’un quart des sportifs, s’adonner à leur activité a été le synonyme d’un renoncement (fréquent ou occasionnel) à des activités sociales, comme le fait de passer des moments avec leurs amis (31%) avec leur famille (30%) ou avec leur conjoint (28%). D’autres types de loisirs comme les sorties culturelles (29%) ou les sorties au restaurant (25%) ont ainsi pu être sacrifiés par les sportifs au profit d’un entrainement. A tel point qu’au cours des 12 derniers mois, 16% des sportifs se sont vus, selon leurs dires, reprocher de passer trop de temps à faire du sport. C’est bien entendu surtout le cas des sportifs les plus réguliers (21% et jusqu’à 29% pour ceux pratiquant tous les jours ou presque). A l’inverse on note que près d’un tiers des Français se sont vu reprocher au cours des 12 derniers mois de ne pas passer assez de temps à faire du sport (32%)… et particulièrement ceux qui font du sport de manière occasionnelle (39%).
- Choisir de sacrifier certains moments pour s’entrainer ne signifie pas pour autant privilégier le sport avant toute chose. Devant une alternative entre le sport et une autre activité, les Français privilégient le sport seulement face à la perspective des tâches ménagères, comme une échappatoire (63%). Sortir avec des amis (82%), aller au restaurant (78%), aller au cinéma (69%) et même dîner avec sa belle-famille (53%) représentent des activités plus attractives pour les Français que le sport. Et pour ceux qui pratiquent régulièrement ? Il apparait que si le sport est davantage privilégié qu’il ne l’est auprès des Français dans leur ensemble (avec des écarts entre 4 et 12 points), il reste moins attrayant que des activités comme les sorties culturelles ou entre amis. Le sport représente ainsi un engagement pour lequel les Français qui en font et qui sont prêts à sacrifier de leur temps pour s’entrainer, sans que jamais celui-ci ne rivalise réellement d’importance avec leurs autres activités sociales.
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