Enquête réalisée en ligne du 28 mai au 10 juin 2021. Enquête administrée auprès de 2 échantillons : un échantillon de 1 013 personnes représentatif de la population vivant en France âgée de 18 ans et plus ; un échantillon de 655 personnes représentatif des personnes âgées de 18 ans et plus résidant en Quartier Prioritaire de la politique de la Ville (QPV). Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).
Paris, le 1 juillet,
L’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU) finance et accompagne la transformation de quartiers de la Politique de la ville partout à travers la France. À sa demande, Harris Interactive a interrogé deux échantillons complémentaires : un échantillon représentatif de l’ensemble de la population vivant en France et un échantillon représentatif des habitants des quartiers prioritaires de la Politique de la ville (QPV).
Cette enquête avait vocation à comprendre comment s’articulent les regards croisés de ces deux publics, dans leurs convergences comme dans leurs divergences : quel regard portent-ils sur leur territoire de vie ? Quelles attentes expriment-ils à l’égard des pouvoirs publics ? Quelle vision ont-ils des enjeux associés à la mixité sociale ?
Télécharger le rapport complet
Que retenir de cette enquête ?
- De façon transversale, on n’observe pas de rupture fondamentale dans le diagnostic sur leur commune entre la population française d’une part et les habitants de QPV d’autre part. Ainsi, ces deux publics expriment chacun un niveau de satisfaction élevé à l’égard de la vie dans leur commune (80% en QPV, 88% en France), ainsi qu’un niveau d’attachement strictement identique (75% auprès des deux populations). Certes, la population française dans son ensemble juge un peu plus positivement la situation dans leur commune que les habitants de QPV (84% contre 75%), mais les ordres de grandeur restent toujours proches. Si fracture il y a, celle-ci se dessine plutôt entre les Franciliens et les habitants des autres régions: ces derniers expriment souvent des jugements plus positifs à l’égard de leur commune que les habitants de la région capitale.
- Néanmoins, à l’égard de leur quartier en particulier, les habitants de QPV expriment un avis souvent plus négatif que la moyenne de la population française. Ils témoignent ainsi d’une satisfaction moindre (73% contre 87% en moyenne), d’un attachement un peu moins prononcé (68% contre 75%) et d’un jugement plus mitigé sur la situation actuelle (68% contre 84%). D’ailleurs, là où la population vivant en France dans son ensemble considère à une majorité relative que son propre territoire de vie s’en sort globalement mieux que la moyenne (47% concernant leur commune, 48% concernant leur quartier), avec seulement 16% des personnes situant la situation de leur propre quartier dans la fourchette basse, les habitants de QPV expriment un jugement plus critique. Une majorité relative d’entre eux estiment que la situation dans leur quartier est globalement moins bonne que dans les autres territoires français (36%, contre 29% estimant qu’elle est meilleure et 34% qu’elle est équivalente).
- Ce constat plus sévère de la part des habitants de QPV va de pair avec des injonctions plus fortes de leur part à l’égard des pouvoirs publics. Ainsi, le fait de mieux insérer leur quartier dans la commune (77% prioritaire contre 53% en moyenne) ou d’en améliorer la diversité sociale des habitants (65% contre 43%) leur apparaissent plus nettement comme des priorités. Tous les objectifs de rénovation urbaine (espaces piétons, voies de circulation, espaces verts, locaux professionnels, etc.) sont également jugés prioritaires par au moins 7 habitants de QPV sur 10, alors que parmi la population française, ce niveau n’est atteint qu’au sujet des rénovations énergétiques (71%). Enfin, parmi différents domaines d’action publique, la plupart sont identifiés comme prioritaires par au moins 3 personnes sur 4, que ce soit parmi la population française dans son ensemble ou parmi les habitants de QPV. Mais un trio de domaines se détache comme particulièrement déterminants : pour améliorer la vie des habitants dans un quartier (quel qu’il soit,), au moins 4 personnes sur 10 qualifient de « tout à fait prioritaire » le fait d’agir pour la santé, pour l’éducation et pour la sécurité dans l’espace public. L’enjeu sécuritaire apparaît même nettement en tête des priorités pour les habitants de QPV : 57% d’entre eux estiment qu’il s’agit d’un aspect « tout à fait prioritaire ». Soit nettement plus que d’autres dimensions relativement secondaires, telles que l’installation d’entreprises et l’emploi (37%) ou la transition écologique (35%).
- Si les habitants des QPV sont naturellement plus concernés par la rénovation urbaine, leur niveau d’information à ce sujet reste néanmoins perfectible. Ainsi, 73% déclarent avoir déjà entendu parler des programmes de rénovation urbaine, soit à peine plus que la moyenne française (69%). La plupart des habitants de QPV estiment que leur quartier devrait être éligible à ces programmes (79%) et que c’est déjà le cas aujourd’hui (73%). Notons toutefois que cette aspiration existe également parmi une proportion significative de la population française: 44% estiment que leur quartier devrait être éligible à des programmes de rénovation urbaine et 37% pensent même que c’est le cas aujourd’hui – soit une proportion très au-dessus de la réalité.
- Enfin, la population française dans son ensemble et les habitants de QPV se distinguent dans leur rapport à la mixité sociale. Du point de vue de l’ensemble de la population, la mixité sociale constitue un objectif prioritaire en France de façon générale (72%), ce qui fait écho à leur sentiment que la situation nationale est déséquilibrée en la matière (seuls 28% identifient un équilibre). En revanche, la population vivant en France dans son ensemble a beau se montrer très partagée quant à savoir si la mixité sociale existe aujourd’hui dans leur commune (54%) ou dans leur quartier (56%) ; moins d’une personne sur deux estiment que cet objectif devrait y être prioritaire. Une part de la population française exprime donc ici la crainte de « subir » la mixité sociale dans leur environnement direct, celle-ci étant visiblement associée à une influence exogène pouvant affecter négativement leur cadre de vie. Alors que chez les habitants des QPV, la mixité sociale n’est pas forcément perçue comme atteinte aujourd’hui sur leur territoire, mais elle y constitue un objectif prioritaire (70% quartier, 74% commune), presque au même titre qu’en France de façon générale (81%). Sans doute parce que les habitants des quartiers prioritaires envisagent au contraire la mixité sociale comme un objectif réconciliant l’intérêt collectif (œuvrer pour la diversité sociale) et leur intérêt personnel (éviter une paupérisation de leur quartier).
Télécharger le rapport complet