L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 3204 personnes, représentatif des Français âgés de 18 ans et plus, du 6 au 12 octobre 2023. Les évolutions sont signalées relativement à :
• Pour les données juin 2018 / Mai 2019 / Mai 2022, de trois enquêtes menées en ligne par Harris interactive auprès de deux échantillons nationaux représentatifs des Français âgés de 18 ans et plus (échantillons de respectivement 1502, 3001 et 3002 personnes)
• Pour les données Septembre 2019 / Mai 2020 / Septembre 2020, de trois enquêtes menées en ligne par Odoxa auprès de trois échantillons nationaux représentatifs des Français âgés de 18 ans et plus (échantillons de respectivement 1004, 2009 et 2004 personnes)
Paris, le 16 novembre,
En septembre dernier, la Première ministre Elisabeth Borne a annoncé sa volonté d’interdire la vente des puffs, cigarettes électroniques jetables à usage unique particulièrement prisées des plus jeunes. Si la mesure apparaît comme une protection des mineurs face aux comportements addictifs, elle se présente aussi comme une mise en doute plus structurelle des produits du vapotage, y compris les plus traditionnels (produits rechargeables). Dans ce contexte, France Vapotage, l’association des professionnels des produits du vapotage, souhaite remobiliser autour d’un rôle social central pour les produits du vapotage, à savoir aider les fumeurs à se sevrer du tabac.
A travers la nouvelle vague de son baromètre « Les Français et leur rapport aux produits du vapotage » réalisée par Harris Interactive, l’association s’est une nouvelle fois entretenue avec les Français pour comprendre quelle image ils avaient du vapotage, de son usage et de ses risques, en les mettant notamment en perspective avec les risques liés au tabac, y compris chez les plus jeunes. Vous retrouverez ci-dessous les grands enseignements de cette enquête.
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Points clés : que retenir de cette enquête ?
Quelle image pour le vapotage ? Et en comparaison avec tabac ?
- La consommation régulière des produits du vapotage est classifiée comme dangereuse pour la santé par une majorité de Français, qu’il s’agisse de la puff (69% la juge dangereuse, dont 31% très dangereuse) ou des produits classiques (63% dangereuse dont 28% très dangereuse). Mais force est de constater que les Français l’associent à un comportement bien moins risqué que d’autres, en commençant par la consommation régulière de tabac (84% dangereuse, 52% très dangereuse), d’alcool (85% et 54%) et de drogues (cannabis, cocaïne, MDMA), très largement en tête du classement des produits et comportements dangereux (près de 7 Français sur 10 en trouvant la consommation « très dangereuse»). La dangerosité perçue des produits du vapotage s’approche ainsi de celle de la consommation de sucre, de jeux vidéo ou de paris en ligne : risquée, mais en deçà d’autres comportements jugés plus nocifs.
- Au regard de leur dangerosité perçue, les produits du vapotage ont une image plutôt mitigée chez les Français, qui considèrent néanmoins un peu plus favorablement les produits de vapotage classiques (43%) que les puffs à usage unique (29%) qui ont été particulièrement exposées au cours des derniers mois.
- Les produits du vapotage, en tant que produits considérés comme à risque, n’ont ainsi pas une image particulièrement positive auprès des Français. Mais ils présentent certains atouts lorsqu’ils sont comparés au tabac et à ses propres risques. Si de nombreux Français les traitent comme des produits similaires en termes de dangerosité, de gêne (odeur, fumée) ou de coûts. Testées dans des vagues précédentes du baromètre, différentes affirmations reconnues comme vraies par les services de santé (la moins grande nocivité des produits et notamment de la fumée) apparaissaient en effet peu identifiées par les Français, pour qui l’amalgame entre tabac et vapotage continue largement. Néanmoins, ceux qui départagent les deux produits indiquent systématiquement que le vapotage leur paraît moins nocif, moins incommodant, moins cher que le tabac – un regard que les vapoteurs eux-mêmes soutiennent très largement.
- Ainsi l’image du vapotage apparaît moins importante en soi que dans sa capacité à proposer une alternative crédible au tabac. En ce sens, pour la moitié de la population (et bien d’avantage chez les vapoteurs eux-mêmes), l’objectif est relativement atteint : 1 Français sur 2 estime aujourd’hui que la cigarette électronique peut-être un moyen efficace d’arrêter le tabac. A ce titre, on note que 30% des fumeurs exclusifs envisagent aujourd’hui de passer au vapotage pour remplacer ou diminuer leur consommation de tabac, et 81% des « vapofumeurs » (ceux qui sont déjà dans un usage double entre vapotage et tabac) envisagent de renforcer leur consommation de cigarette électronique en remplacement du tabac.
- Perçue comme intéressante dans la perspective d’un sevrage tabagique, la cigarette électronique reste néanmoins un produit problématique pour les Français, qui sont nombreux à l’envisager également comme une passerelle vers le tabac pour des gens qui n’en n’auraient encore jamais consommé. 68% estiment ainsi qu’il y a des risques importants à ce qu’un vapoteur qui n’a jamais consommé de tabac fasse évoluer son comportement vers la cigarette. Un risque que les vapoteurs envisagent moins que la moyenne sans pour autant contredire le reste de la population sur cette possibilité (55% chez les vapoteurs exclusifs).
La cigarette électronique, en population générale, est perçue de manière ambivalente : dangereuse, mais moins que le tabac, utile pour arrêter le tabac mais également possible passerelle vers lui, elle concentre des sentiments ambigus et complexes de la part des Français.
Auprès des vapoteurs et des fumeurs, quels usages ? Quels risques ?
- Chez ceux qui vapotent aujourd’hui, la question du sevrage tabagique est centrale: elle représente la première raison du recours au vapotage. Les vapoteurs exclusifs, pour 69% d’entre eux, confient vapoter pour ne pas reprendre une consommation du tabac qu’ils ont arrêtée (dans une proportion en augmentation, +7 points par rapport à 2022). Chez les vapofumeurs, qui vapotent mais conservent une consommation tabagique, vapoter est quasi exclusivement lié à l’envie de réduire (53%) voire de supprimer à terme (35%, + 3 points) sa consommation tabagique. Et on l’a vu, le recours à la cigarette électronique est largement envisagé par les fumeurs actuels comme une solution privilégiée – même si ce n’est pas la seule, le patch restant perçu comme efficace par près d’un fumeur sur deux – pour s’inscrire dans une démarche d’arrêt du tabac au cours des prochains mois.
- Mais le recours au vapotage reste fragile et lié à de nombreux aspects sociaux économiques déterminants pour les vapoteurs, qui sont nombreux à indiquer qu’ils pourraient reprendre (ou réaugmenter dans le cas des vapofumeurs) leur consommation de tabac si l’accessibilité du vapotage était remise en cause. Au-delà de l’interdiction pure et simple des produits du vapotage, l’un des premiers risques identifiés par les vapoteurs est financier : si les produits devenaient plus chers qu’aujourd’hui (et atteignaient plus ou moins le prix d’un paquet de cigarette), ils sont 68% (+4 points depuis 2021) à indiquer qu’ils retourneraient probablement davantage vers le tabac (77% chez ceux qui fument encore aujourd’hui régulièrement). L’accessibilité des produits via un nombre varié de commerçants et de réseaux d’achats (64% pourraient retourner vers le tabac s’ils disparaissaient) apparaît également essentielle et plus essentielle même que par le passé (+5 points depuis 2022). Plus de la moitié des vapoteurs se montrent également sensibles à l’idée de ne pas médicaliser leur pratique: 59% indiquent probable une augmentation de leur recours au tabac s’ils devaient passer par une prescription médicale pour pouvoir acheter des produits de vapotage, 54% s’ils devaient les acheter exclusivement en pharmacie.
La cigarette électronique apparaît ainsi comme un allié de poids pour les fumeurs et anciens fumeurs dans le sevrage tabagique. Elle reste néanmoins fragile dans ses usages, pouvant être remise en cause, au profit d’un retour au tabac, en cas de défaut d’accessibilité.
Pour encadrer le vapotage, quelles attentes législatives ?
- A la fois solution efficace pour lutter contre le tabac et produit considéré comme à risque, le vapotage a une image ambivalente qui se reflète dans les attentes législatives des Français, entre information, accompagnement et interdictions. Le premier enjeu, pour les Français, est de développer une meilleure information à l’égard de la cigarette électronique et des connaissances scientifiques actuelles à son égard. Les Français souhaitent en premier lieu mieux savoir à quel produit ils ont affaire et quels risques lui sont associés (85%). Dans une démarche de prévention, ils sont également favorables (84%) à ce que les consommateurs soient mieux informés sur les bons usages de la cigarette électronique, afin de limiter les dangers liés à de mauvais usages (substances interdites ou inadaptées par exemple). Après l’information, leurs attentes vont vers certaines limitations des usages: l’interdiction de la puff (66%) et l’interdiction des saveurs relatives à la confiserie (65%) sont soutenues par les deux tiers des Français, qui vont néanmoins dans le sens d’une différenciation plus marquée entre les produits du vapotage et les produits du tabac. Tout en souhaitant interdire certains types de produits, ils seraient favorables à ce que les produits du vapotage soient différenciés dans la loi des produits du tabac et qu’ils puissent bénéficier de contrôles et d’encadrements spécifiques.
- Ainsi, même s’ils souhaitent des limitations à l’attractivité des cigarettes électroniques, les Français se montrent plutôt favorables à ce que les pouvoirs publics prennent la parole pour encourager les fumeurs à passer à la cigarette électronique afin de remplacer le tabac (63%), une revendication qui progresse dans le temps (+ 8 points depuis 2020). Ils seraient même, pour la moitié d’entre eux, prêts à envisager le développement de dispositifs de remboursements forfaitaires de la cigarette électronique dans le cadre d’un sevrage tabagique, que ce soit via les mutuelles (51%) ou la Sécurité Sociale elle-même (50%). Des mesures d’encouragement au passage à la cigarette électronique qui sont encore plus largement plébiscitées par les vapoteurs eux-mêmes.
- Par ailleurs, même s’ils sont favorables à une réduction des goûts disponibles pour les produits du vapotage, les Français se montrent prudents dans l’étendue de ces limitations au regard des possibles conséquences sur les vapoteurs et fumeurs. Ils redoutent en effet majoritairement une limitation des produits du vapotage au seul « arôme tabac », de peur d’encourager les anciens fumeurs à retourner vers le tabac ou de les décourager de passer au vapotage, du fait de la proximité entre le goût de la cigarette tabagique et le « goût tabac » des liquides. Craignant la porosité entre les produits, ils se montrent aussi inquiets qu’une limitation à l’arôme tabac facilite un passage vers les cigarettes chez les vapoteurs qui n’ont jamais fumé (près de 7 sur 10 dans chacun des cas).
Les Français manifestent leur volonté d’être mieux informés face aux produits du vapotage, dont ils aimeraient pouvoir mieux mesurer les dangers et/ou avantages face au tabac. Au regard de leurs perceptions actuelles, ils se montrent prudents dans leurs attentes, entre volonté d’un meilleur encadrement d’une part et volonté d’un meilleur accompagnement d’autre part.
Le cas particulier des plus jeunes : exposition et solutions
- Le débat sur la cigarette électronique jetable s’avère particulièrement électrique du fait de la consommation qui est faite de ce produit par les plus jeunes, et notamment les mineurs. Les plus jeunes apparaissent ainsi particulièrement exposés à la consommation de la vape (82%, dont 32% très exposés) ou de la puff (81%, dont 35%). Mais c’est loin d’être le seul risque auquel ils peuvent être confrontés : consommation régulière de sucre (84% dont 42% très exposés), présence intensive sur les réseaux (85% dont 52%), consommation régulière d’alcool (82% dont 38%) ou encore consommation régulière de tabac (82% dont 36%) apparaissent comme des dangers plus fréquents pour les plus jeunes.
- Alors, si dans l’absolu, les plus jeunes sont considérés comme exposés voire très exposés à ces différents comportements qui sont tous jugés dangereux, en relatif, plusieurs catégories de comportements apparaissent :
- Forte exposition et très haute dangerosité, catégorie dans laquelle on retrouve la consommation régulière d’’alcool, de tabac et de cannabis ;
- Exposition modérée mais très haute dangerosité, catégorie dans laquelle on retrouve la consommation régulière de cocaïne et de MDMA ;
- Exposition modérée et dangerosité modérée, catégorie dans laquelle on retrouve la consommation régulière de produits de vapotage, de puffs et de services de paris en ligne ;
- Forte exposition mais dangerosité modérée, catégorie dans laquelle on retrouve la consommation régulière de sucre, les réseaux sociaux et les jeux vidéo.
- Ainsi, si on note toujours des hésitations chez les Français à séparer dans l’absolu tabac, cigarette électronique et cannabis – nombreux estiment qu’ils se valent tous et qu’il n’y a pas un produit qui soit moins pire ou moins dangereux que l’autre pour un jeune qui serait attiré par le fait de fumer, ceux qui expriment un choix marquent plus souvent le vapotage comme la solution la moins dommageable (31%), alors que le cannabis apparait comme très risqué (39%).
- Dans ce contexte, quelles solutions envisager pour à la fois garantir la protection des mineurs et prioriser les efforts ? On note d’emblée qu’une meilleure information peut encore être diffusée auprès des Français. Si les chiffres de consommation de la puff auprès des plus jeunes sont indéniables et expliquent largement l’état d’esprit des Français à leur égard, de nombreux Français ignorent encore aujourd’hui que la vente des puffs aux mineurs est en théorie formellement interdite par la loi. Un tiers des Français estiment même que les produits du vapotage (31%) et la puff (34%) sont autorisés à la vente aux mineurs, et chez ceux qui estiment qu’ils sont interdits la plupart (40% ou 39% selon le cas) n’en sont pas certains. Et les Français se montrent largement en faveur d’une meilleure application de cette loi pour protéger les mineurs. S’ils doivent se prononcer sur les meilleures solutions pour limiter l’accès des mineurs à ces produits aujourd’hui, au coude à coude avec l’interdiction pure et simple des puffs (42%), ils estiment que mieux contrôler les commerçants et buralistes qui vendent des produits de vapotage à des mineurs (41%) pourrait être l’un des moyens les plus efficaces.
L’exposition des mineurs cristallise les réticences des Français à l’égard du vapotage à l’image de tous les produits pouvant créer des phénomènes addictifs. Néanmoins, sa dangerosité à l’égard des autres produits reste perçue, en relatif, comme moindre, conduisant les Français à considérer le vapotage comme un pis-aller à mieux contrôler.
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