La société française est régulièrement traversée par de multiples débats sur l’égalité entre les femmes et les hommes. Et ce sujet a été particulièrement abordé au cours des derniers mois. En octobre 2017, le quotidien américain The New York Times et l’hebdomadaire The New Yorker publiaient une série de témoignages accusant le producteur Harvey Weinstein d’agressions sexuelles et de viols à l’encontre de nombreuses femmes. Cette révélation initiale suscita une onde de choc planétaire, invitant les femmes à prendre la parole publiquement – notamment sur les réseaux sociaux – pour témoigner des abus dont elles avaient pu être victimes au cours de leur vie. Dans le cadre d’un vaste débat public, les pouvoirs publics français ont également été appelés à se positionner sur cet enjeu, à l’image de la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, régulièrement interpelée sur son engagement, qu’elle qualifie de « féministe ».
Quelques mois plus tard, le magazine Vraiment a confié à Harris Interactive la réalisation d’une étude pour mesurer la part de Français et de Françaises qui se reconnaissent aujourd’hui dans le qualificatif « féministe ». Pour mettre en perspective ces données collectées en avril 2018, Harris Interactive disposait également d’un historique, ayant déjà posé cette même question en 2014 et en 2016 .
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- À la question « vous définiriez-vous comme féministe ? », 58% de la population française répond par l’affirmative. C’est 8 points de plus qu’en 2014, où 50% se considéraient féministes. Il y a donc une augmentation de l’autodéfinition en tant que féministe, qui est toutefois plus portée par les femmes (+10 points) que par les hommes (+4 points). En effet, ces dernières étaient déjà 58% à se définir comme féministes en 2014 et sont désormais 68%. Les hommes quant à eux passent de 42% à 46% entre 2014 et 2018.
- Plus précisément, c’est chez les hommes et les femmes âgés de 35 à 49 ans ainsi que chez les parents d’enfant(s) que ce pourcentage augmente le plus sensiblement entre 2014 et 2018. Ainsi, par exemple, les femmes de 35 à 49 ans étaient 50% à se déclarer féministes en 2014, 60% en 2016 et 66% en 2018. De même, chez les parents d’enfants, on passe de 50% de femmes et 34% d’hommes se déclarant féministes en 2014, à 69% de femmes et 44% d’hommes en 2018. De même, les femmes de 25 à 34 ans se déclarent également de plus en plus féministes : alors qu’elles étaient 53% en 2014, et 62% en 2016, elles sont aujourd’hui 76% à se définir comme telles.
- En revanche, la part de personnes se déclarant féministes est restée stable – et toujours supérieure à la moyenne – chez les populations les plus jeunes, ainsi que chez les plus âgées. Les jeunes femmes de 15 à 24 ans, par exemple, sont passées de 75% en 2014 à 77% en 2018. Les jeunes hommes quant à eux restent à 43% entre 2014 et 2018. Cette stabilité se retrouve également chez les femmes de 65 ans et plus, dont la proportion de féministes auto-déclarées passe de 68% en 2014 à 67% en 2018. La dynamique est semblable chez leurs homologues masculins, chez qui ce pourcentage reste stable entre 2014 (49%) et 2018 (50%).
- Cette enquête suggère donc que « l’affaire Weinstein » et ses conséquences n’ont pas radicalement bouleversé la propension de la population française à se reconnaître dans le qualificatif « féministe » : ce terme reste davantage revendiqué par les femmes que par les hommes, par les personnes jeunes ou âgées que par les tranches d’âge intermédiaires. Néanmoins, cela confirme des tendances observées depuis 2014, à savoir une autodéfinition comme « féministe » plus forte encore de la part des femmes et, par ailleurs, de la part des personnes en âge d’élever des enfants dans leur foyer.
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