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Motivation de vote et d’abstention au 1er tour des élections régionales de 2015

Etude Harris Interactive pour M6

Enquête réalisée en ligne le dimanche 6 décembre 2015, auprès d’un échantillon représentatif de 4 024 Français âgés de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région de l’interviewé(e) et taille d’agglomération, ainsi que vote au 1er tour des élections régionales de 2015 pour les résultats électoraux.

Dans le cadre du premier tour des élections régionales de décembre 2015, Harris Interactive a réalisé pour M6 une enquête permettant de mieux comprendre les motivations du vote et de l’abstention à ce scrutin.

 

Selon des résultats nationaux publiés par le Ministère de l’intérieur[1], les listes soutenues par le Front National arrivent en tête avec 28,4% des suffrages, devant les listes soutenues par Les Républicains, l’UDI et le MoDem qui obtiennent 27,1% à l’échelle nationale et les listes d’Union de la Gauche 23,5%[2]. A Gauche de l’échiquier politique, les listes EELV et alliés recueillent au total 6,8% des voix tandis que les listes où le Front de Gauche ou le Parti Communiste se sont présentés seuls totalisent 4,1%. Soit un total Gauche, si on ajoute les votes exprimés en faveur des listes de l’Extrême-Gauche ou Divers Gauche, à 37% contre 31,6% pour la Droite et le Centre, avec le score des listes de Debout la France et Divers Droite. Ceci dans un contexte où la participation apparaît en hausse par rapport aux précédentes élections régionales avec 50% de votants contre 46,3% au premier tour de 2010.

[1] http://elections.interieur.gouv.fr/regionales-2015/FE.html
[2] Pour mémoire, dans la dernière intention de vote réalisée par Harris Interactive pour 20 Minutes, les listes FN recueillaient 28% des suffrages, les listes d’Union de la Droite 27% et les listes PS-PRG 24%. http://harris-interactive.fr/opinion_polls/le-1er-tour-des-elections-regionales-de-2015-3/

Quels sont les principaux enseignements de cette enquête ?

    • Les reports de voix entre l’élection présidentielle de 2012 et ce 1er tour des élections régionales sont favorables au FN. Notons que 93% des électeurs du Front National au 1er tour de l’élection présidentielle de 2012 qui se sont exprimés lors de ce premier tour des élections régionales indiquent avoir renouvelé leur vote en faveur de cette formation politique, quand 68% des anciens électeurs de Nicolas Sarkozy ont voté en faveur des Républicains-UDI-MoDem et 66% des anciens électeurs de François Hollande en faveur d’une liste Parti Socialiste et PRG. 20% des électeurs de Nicolas Sarkozy déclarent avoir cette fois-ci glissé dans l’urne un bulletin de vote en faveur du parti de Marine Le Pen. Un électeur sur deux de François Bayrou de 2012 mentionnent avoir voté en faveur des listes d’Union de la Droite et du Centre, 17% pour une liste PS-PRG et 12% pour une liste FN. Ainsi, plus de 6 millions d’électeurs ont voté pour le Front National ce 6 décembre, soit presque qu’autant que le 22 avril 2012 et près de trois fois plus que le 14 mars 2010.

 

    • Le vote Front National apparait plus important parmi les personnes âgées de 25-49 ans et les catégories populaires, quand les personnes de 50 à 64 ans ont davantage voté en faveur de la Gauche et celles de 65 ans et plus en faveur de la Droite. Un tiers des personnes âgées entre 25 et 49 ans et 39% des CSP- indiquent avoir voté en faveur d’une liste Front National, ce qui place assez largement cette formation politique en tête parmi ces catégories de population. En revanche, les personnes de 50 à 64 ans indiquent plus que la moyenne avoir voté en faveur d’une liste PS-PRG, ce qui en fait la première force politique parmi cette tranche d’âge (28% contre 26% pour le FN et 23% pour les listes Les Républicains-UDI et MoDem), les personnes âgées d’au moins 65 ans ayant donné la priorité aux listes de l’Union de la Droite et du Centre (43% contre 22% pour le FN et 21% pour le PS-PRG).

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    • Les inscrits évoquaient, avant de connaître l’issue du scrutin, l’importance de voter. Les évocations spontanées associées aux élections régionales, avant que soient connus les résultats du 1er tour, s’articulent autour de l’importance du vote, « devoir citoyen » en « démocratie » dans un contexte où le score du FN suscite déjà une attention, ce qui peut contribuer à expliquer la participation en hausse par rapport aux dernières élections régionales ou au dernier scrutin départemental. Quelques répondants mentionnent la réforme territoriale et les « nouvelles régions » quand d’autres – également peu nombreux – évoquent les compétences de l’institution régionale, en premier lieu « les transports » et « les lycées ». La notion de « changement » est également mobilisée, notamment par les électeurs frontistes (cf. nuage de mots).

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    • Un peu plus d’un inscrit sur deux affiche un intérêt pour ce scrutin régional. 55% des inscrits sur les listes électorales font part de leur intérêt pour ce scrutin régional, dont 17% qui déclarent « beaucoup » s’y intéresser. A titre de comparaison, 46% des Français, soit 9 points de moins, indiquaient le 22 mars dernier éprouver de l’intérêt pour l’élection des conseillers départementaux.

 

    • Près d’un électeur FN sur deux déclare avoir toujours su qu’il voterait ainsi. Environ un tiers des électeurs ayant exprimé un vote en faveur d’une liste indiquent avoir fait leur choix le jour même ou quelques jours auparavant (31%), cette proportion étant en baisse par rapport au 1er tour des élections départementales (36%) ou par rapport aux élections européennes de 2014 (43%). 27% indiquent s’être décidés il y a deux ou trois semaines ou il y a plus d’un mois, quand 42% affirment que leur choix a toujours été arrêté. Ce choix consolidé, plus important que lors des précédents scrutins à l’échelle départementale ou européenne, est notamment plus marqué parmi les électeurs des listes de Droite et du Centre (45%), des listes Parti Socialiste – PRG (51%) et des listes FN (47%).

 

    • Quatre personnes s’étant exprimées sur dix ont souhaité manifester, à travers leur vote, leur insatisfaction à l’égard du Président et du Gouvernement et même sept sur dix parmi les électeurs frontistes. En glissant un bulletin dans l’urne en faveur d’une liste, 47% des exprimés déclarent n’avoir pas souhaité émettre un jugement sur l’action de François Hollande et du Gouvernement. En revanche, 40% indiquent avoir voulu exprimer leur insatisfaction (soit une proportion en légère hausse par rapport à mars dernier ou à mai 2014), quand seuls 13% ont au contraire souhaité afficher leur soutien. Cette posture d’appui au gouvernement est plus importante, bien que minoritaire, parmi les électeurs des listes PS-PRG (42%) tandis que les électeurs du Front de Gauche/PCF et d’EELV et alliés mentionnent très majoritairement s’être extraits d’un jugement à l’égard de l’exécutif (respectivement 62% et 74%). A l’inverse, les électeurs des listes de Droite et du Centre (51%) de Debout la France (56%) et du FN (70%) sont une majorité à avoir exprimé un vote d’insatisfaction à l’encontre de la politique gouvernementale.
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    • Les thématiques de l’emploi, de la sécurité et de l’immigration sont celles qui ont le plus pesé sur le scrutin. Au moment de voter, ce sont l’emploi (41%), la sécurité (39%) et l’immigration (34%) qui ont le plus compté dans le choix des exprimés. L’éducation (25%) et les transports (20%), qu’on voyait apparaître comme les compétences les mieux identifiées, sont des thématiques un peu moins mises en avant, au même niveau que la fiscalité (22%), l’environnement (22%) ou les inégalités sociales (21%). L’immigration (76%) et la sécurité (63%) ont particulièrement pesé dans le choix des électeurs frontistes, qui mentionnent également un peu plus que la moyenne s’être prononcés au regard de la fiscalité, du pouvoir d’achat et des retraites. Les électeurs des listes Les Républicains-UDI-MoDem insistent quant à eux sur la sécurité (43%) mais également sur les thématiques économiques, qu’il s’agisse de l’emploi (43%), de l’économie (37%) ou de la fiscalité (35%) quand tous les électorats de Gauche déclarent davantage avoir tenu compte de l’environnement, des inégalités sociales et des transports. Les électeurs du Front de Gauche / PCF indiquent comme premier enjeux les inégalités sociales (54%), les électeurs d’EELV et alliés l’environnement (74%) et les électeurs PS-PRG l’emploi (45%).

 

    • Les électorats accordent un statut différent à leur vote, entre vote d’adhésion, vote par défaut, vote utile ou vote de protestation. 41% des électeurs ayant exprimé un choix en faveur d’une liste déclarent avoir procédé à un vote d’adhésion, cette proportion montant même à 58% parmi les électeurs Front de Gauche / PCF, électorat adhérant le plus aux idées et propositions des candidats pour lesquelles il a voté. Les électeurs PS-PRG indiquent quant à eux un peu plus avoir voté « utile » : 36% contre 25% en moyenne, bien que 43% évoquent en premier lieu un vote d’adhésion. Le vote par défaut – 18% en moyenne – apparait davantage comme le fait des électeurs EELV et alliés (30%) même si, là encore, le vote d’adhésion prédomine (42%). A Gauche, tous les électeurs ne justifient donc pas leur choix de vote de la même manière. Les électeurs frontistes affichent quant à eux avant tout un vote d’adhésion (37%) bien que 29% (soit 18 points de plus que la moyenne) qualifient leur vote « de protestation »motivations-abstentions-elections-regionales-2

 

    • Les étiquettes politiques apparaissent comme le premier déterminant du choix de vote. Les exprimés déclarent avant tout que les étiquettes politiques ont influé sur leur choix de vote (80%, dont 46% beaucoup), davantage que le projet des listes (75%, dont 34%), le bilan du conseil régional sortant (65%, dont 26%), ou encore que la personnalité (59%, dont 24%) ou la notoriété (48%, dont 17%) des têtes de listes. Dans leurs déclarations, les enjeux locaux (80%, dont 39%) ont davantage joué sur leur choix de vote que les enjeux nationaux (68%, dont 35%) ou encore que leur propre situation personnelle (65%, dont 28%). Cette hiérarchie des leviers du vote est assez conforme aux précédents scrutins. Relevons néanmoins que les électeurs frontistes déclarent davantage que la moyenne avoir pris en compte les enjeux nationaux (79%) et leur situation personnelle quotidienne (78%).

 

    • Le vote FN semble motivé avant tout par le souhait de changement. Les électeurs du Front National affirment avoir fait ce choix avant tout parce qu’ils pensent « qu’il faut du changement » (48%), et ensuite pour exprimer leur mécontentement à l’égard des partis de Gauche et de Droite (33%). On retrouve les deux premières motivations du vote FN déjà affichées en mai 2014 lors des élections européennes. Environ un sur cinq déclare qu’il a voté ainsi avant tout parce qu’il pense que le Front National a un programme qui peut améliorer la situation de sa région (22%), parce qu’il fait plus confiance aux candidats FN qu’aux autres responsables politiques (20%) ou parce qu’il a le sentiment que les candidats FN se préoccupent des gens comme lui (18%). motivations-abstentions-elections-regionales-1

 

    • L’abstention est alimentée en premier lieu par la défiance à l’égard des responsables politiques. La première justification des abstentionnistes réside dans l’absence de confiance envers les responsables politiques (39%, -7 points par rapport aux élections départementales). Un quart des abstentionnistes explique ensuite leur comportement par un manque d’intérêt pour les élections (26%, +4 points) ou par le sentiment que cela ne changera pas grand-chose à leur vie quotidienne (24%, – 9 points).

 

  • L’anticipation du score du FN a pu influer sur le vote des électeurs PS-PRG tandis que les attentats semblent avoir renforcé l’électorat FN. Ce sondage, mené au cours de la journée du 6 décembre, a également été l’occasion de tester l’impact de différents éléments dans l’actualité : la montée anticipée du Front National, les attentats terroristes du 13 novembre ou la tenue de la COP21 en France. Si ces trois points ne semblent pas avoir bouleversé le rapport de force, notons néanmoins que 20% des inscrits déclarent avoir été amené à voter par le score que pourrait faire le FN dans leur région alors qu’ils pensaient s’abstenir, 15% par les attentats terroristes et 7% par la tenue de la COP21 à Paris. Trois points qui peuvent donc contribuer à expliquer la participation en hausse. Au-delà de l’impact sur la participation, notons que le score potentiel du FN (18%), les attentats terroristes (15%) et la COP21 (7%) ont pu avoir un impact sur le choix de la liste. Les électeurs frontistes indiquent plus que la moyenne avoir participé (29%) et avoir voté pour le FN (27%) en raison des attentats, tandis que les électeurs du PS-PRG mentionnent plus avoir voté (29%) et choisi cette liste (23%) au regard de l’anticipation du score FN. La tenue de la COP21 a pu, bien que de manière nettement moins prononcée, favoriser la participation (11%) et le choix de vote (14%) des électeurs écologistes.

 

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La note détaillée

Le rapport

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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