Paris, le 3 octobre,
Comment les citoyens suivent et s’approprient-ils l’actualité du Parlement, de ses textes et de ses membres ?
Toluna Harris Interactive et Séance Publique ont lancé en début de législature leur « Observatoire Parlement », une étude barométrique qui permet de comprendre comment les Français suivent et s’approprient l’actualité du Parlement, de ses textes et de ses forces politiques. Cette quatrième vague d’enquête permet de faire un point d’étape en cette rentrée parlementaire 2023, quelques mois après les débats autour de la réforme des retraites et l’utilisation de l’article 49.3 par le gouvernement pour faire adopter ce projet de loi.
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Les Français se montrent plutôt critiques vis-à-vis de l’Assemblée nationale et des députés
Dans cette enquête, les Français étaient notamment interrogés sur leur image de l’Assemblée nationale, les Français se montrant partagés dans leur jugement sur cette institution et ses élus. S’ils estiment plutôt que l’Assemblée nationale représente bien les différentes forces politiques (59%), qu’elle permet de limiter le pouvoir du Président de la République (54%) et d’améliorer les textes proposés par le gouvernement (53%), ils se montrent bien plus critiques en ce qui concerne l’attitude des députés, qu’il s’agisse de travailler de manière sérieuse (43%), d’adopter une attitude constructive (38%) ou encore de permettre un débat posé entre les différentes forces politiques (47%). Sur la plupart des dimensions testées, les Français se montrent ainsi plus critiques que ce qu’ils exprimaient pour le Sénat (lors de la mesure de la vague 3).
Dans cette enquête, nous demandions également aux Français s’ils connaissaient le nom des présidents des deux chambres. Spontanément, 1/3 ont su restituer le nom de la présidente de l’Assemblée nationale, 11% citant un autre nom et 55% ne savaient pas. 4 Français sur 10 ont cité par ailleurs le nom de Gérard Larcher comme président du Sénat, 7% citant un autre nom et 52% aucun nom. L’identification partielle des 3ème et 4ème figures de l’Etat cache de fortes disparités socio-démographiques : seulement 1/4 des jeunes de moins de 35 ans et des catégories populaires identifient bien Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher.
Alors que les précédentes mesures de cet observatoire étaient particulièrement dominées par la réforme des retraites et l’utilisation de l’article 49.3, les Français ont plutôt du mal à restituer une actualité parlementaire en particulier en cette rentrée. Si une partie d’entre eux évoquent les élections sénatoriales, la visite du roi Charles III et son discours devant le Parlement fait également partie des actualités spontanément citées.
A l’heure de la rentrée parlementaire, les Français ont une image mitigée des différents groupes parlementaires, avec toujours une prime au RN
Comme lors des précédentes mesures, moins d’1/3 des Français se déclarent satisfaits du travail des différents groupes parlementaires à l’Assemblée, à l’exception du RN (39%, +2). Après la fin des débats concernant la réforme des retraites, l’utilisation de l’article 49.3 et la motion de censure contre le gouvernement rejetée à 9 voix près, la satisfaction envers les parlementaires de la majorité et des Républicains regagne quelques points, tandis que les groupes parlementaires de gauche subissent une baisse (déjà amorcée au printemps). Alors que les parlementaires LIOT, particulièrement visibles lors des débats autour de la réforme des retraites, recueillaient un des niveaux de satisfaction les plus élevés lors de la dernière mesure, la confiance à leur égard baisse de 6 points (25%).
Comme depuis le début de cet observatoire désormais, les Français continuent d’estimer que ce sont les parlementaires issus du RN qui incarnent le mieux l’opposition au gouvernement au sein du Parlement (38%, +3) devant les parlementaires Insoumis (26%, -6).
Un soutien à la situation de majorité relative qui se confirme bien que fragilisé par l’utilisation de l’article 49.3
La situation de majorité relative à l’Assemblée nationale est toujours perçue majoritairement comme étant une bonne chose (62%), néanmoins cet avis positif est de moins en moins appuyé (-3 points depuis la mesure d’avril, -9 depuis octobre 2022).
Dans ce contexte 7 Français sur 10 considèrent – quand bien même il s’agit d’un article de la constitution – le recours à l’article 49.3 comme une procédure non démocratique, une même proportion qu’il n’est pas nécessaire pour faire adopter des lois, et 2/3 que le recours à l’article 49.3 montre que le gouvernement n’est pas parvenu à convaincre une majorité de députés. Si ces jugements sont bien entendus partagés par toutes les oppositions, notons que mêmes les proches de la majorité présidentielle partagent en partie cet avis : 1/3 que ce n’est pas démocratique et pas essentiel pour faire adopter des lois et pour la moitié d’entre eux que cela démontre que le gouvernement n’est pas parvenu à convaincre une majorité de députés.
Dans le détail, les Français estiment plutôt que ce ne serait pas justifié si le gouvernement utilisait l’article 49.3 pour faire adopter certains projets de loi du gouvernement et notamment le vote du Budget : interrogés quelques jours avant que la Première ministre ne l’utilise sur la loi de programmation des finances publiques, seuls 45% des Français estimaient justifiée l’utilisation de l’article 49.3 sur les textes budgétaires.
Alors que la NUPES a dans la foulée déposé une motion de censure contre le gouvernement, notons que les sympathisants de gauche voyaient majoritairement d’un bon œil que « leurs » parlementaires lancent cette procédure… et qu’une courte majorité de proches des LR approuvaient également le dépôt d’une motion de censure par leur groupe.
L’éventualité d’une dissolution de l’Assemblée nationale partage les Français mais est perçue comme de moins en moins probable
Dans cette enquête nous questionnions également les Français sur une possible dissolution de l’Assemblée nationale : 1 Français sur 2 (51%) estime aujourd’hui que le Président de la République doit dissoudre l’Assemblée nationale, en baisse de 4 points depuis le mois d’avril. Les Français se montrent en revanche peu convaincus qu’Emmanuel Macron utilisera son droit de dissolution de l’Assemblée nationale au cours des 6 prochains mois (30%, -3 points depuis la mesure d’avril, -7 points depuis janvier).
Dans ce contexte, si de nouvelles élections législatives avaient lieu, moins de la moitié des Français souhaiteraient que Renaissance dispose d’une majorité à l’Assemblée nationale (47%, +5 points) et seulement 20% une majorité absolue (+3 points). A noter que les sympathisants de la majorité présidentielle sont une courte majorité à espérer cette majorité absolue (55%, +6), et que près de la moitié des sympathisants LR souhaitent désormais une cohabitation (45%, +3).
En cette rentrée parlementaire, cette nouvelle mesure nous montre des Français ayant une connaissance partielle mais néanmoins critique de l’Assemblée nationale, marquée durablement semble-t-il par les débats autour de la réforme des retraites et le recours à l’article 49.3. Alors que le calendrier parlementaire sera particulièrement chargé en cette fin d’année et les débats potentiellement houleux à nouveau, cet observatoire s’attachera à déterminer à l’avenir si les perceptions s’en trouveront de nouveau marquées et dans quelle mesure.
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