Paris, le 18 janvier,
Toluna Harris Interactive et Séance Publique ont lancé « Observatoire Parlement », une étude barométrique qui permet de comprendre comment les Français suivent et s’approprient l’actualité du Parlement, de ses textes et de ses forces politiques. En ce début d’année 2023 cette deuxième vague d’enquête permet de faire un point d’étape après la première étude réalisée en octobre 2022, dans un contexte où le gouvernement d’Elisabeth Borne a utilisé à plusieurs reprises l’article 49.3 pour faire voter les projets de loi de finances, et alors que s’annoncent les débats sur la réforme des retraites.
Des compromis entre le gouvernement et les groupes parlementaires dans la construction de la loi attendus par les Français…
Dans un contexte de majorité relative au Parlement, les Français attendent majoritairement une posture d’ouverture de la part du gouvernement. 7 Français sur 10 estiment ainsi que c’est plutôt une bonne chose que le gouvernement accepte de faire des compromis avec d’autres groupes parlementaires pour faire voter une loi. Une opinion partagée majoritairement par les sympathisants des différentes familles politiques et même davantage auprès des Français se déclarant proches de la majorité : 8 sympathisants de la majorité sur 10 estiment que c’est une bonne chose que le gouvernement travaille avec d’autres forces politiques.
Plus précisément, les Français estiment dans l’ensemble que le gouvernement doit pouvoir travailler avec l’ensemble des autres groupes parlementaires : 81% des Français considèrent que le gouvernement doit essayer de trouver des accords avec les parlementaires Républicains au moins pour certains textes, 76% avec les écologistes et les représentants d’Horizons, 75% avec les socialistes. Les Français estiment même de façon majoritaire que cette ouverture doit concerner les parlementaires les plus en opposition comme le Rassemblement National (63%), les Communistes (61%) et les Insoumis (59%). Une alternance entre recherche de soutien à gauche et à droite qui ne semble pas perturber les Français : 3/4 estiment que c’est une bonne chose que le gouvernement cherche le soutien de parlementaires de gauche ou de droite selon les textes.
… et une préférence pour une opposition constructive de la part des groupes parlementaires de chaque côté des hémicycles…
6 mois après les élections législatives, dans cette enquête nous avons également interrogé les Français sur leur perception des différents groupes parlementaires à l’Assemblée nationale et au Sénat. Bien que nos concitoyens sont toujours majoritairement insatisfaits du rôle joué par les différents groupes – aucun d’entre eux ne générant la satisfaction de la moitié des Français – ils portent de manière générale un regard un peu plus positif qu’en octobre 2022 sur le travail des différents élus des hémicycles.
Les Français se montrent ainsi un peu moins critiques vis-à-vis des parlementaires Républicains (43% satisfaits, +12 points par rapport à la mesure d’octobre 2022 et même 21 points de progression auprès des sympathisants de la majorité présidentielle), du Rassemblement National (42%, +3), des écologistes (42%, +8), d’Horizons (42%, +8) ou encore de Renaissance (41%, +9). Dans le détail, notons que les parlementaires LR, Ensemble et PS voit la satisfaction progresser particulièrement parmi leurs sympathisants. Notons que ceux du RN sont mieux perçus qu’en début de législature par les Français proches de LFI.
Comme ce qui avait été mesuré en octobre dernier, les Français estiment que ce sont les parlementaires issus du RN qui incarnent le mieux l’opposition au gouvernement au sein du Parlement (38%, stable). Bien que seuls 31% des Français se déclarent satisfaits du travail des parlementaires insoumis (+4 points), ils apparaissent de nouveau comme la deuxième force politique d’opposition (29%, -2). Comme on le voyait déjà en octobre, au sein de la NUPES, les sympathisants socialistes et écologistes estiment que les élus LFI se montrent de meilleurs opposants que les parlementaires issus des formations dont ils se sentent proches (qu’il s’agisse d’élus socialistes ou écologistes).
Si les Français attendent du gouvernement une politique d’ouverture et de compromis avec les groupes parlementaires d’opposition c’est également car ils attendent de la part de ces groupes une attitude de dialogue avec le gouvernement.
A ce titre, les sympathisants des différentes formations politiques d’opposition attendent majoritairement de leurs élus qu’ils décident au cas par cas de voter ou s’opposer aux projets de loi portés par le gouvernement. Cette attente de dialogue se retrouve à la fois parmi les proches de LFI et du RN dont seulement un quart souhaitent voir leurs parlementaires s’opposer systématiquement sur tous les textes (en baisse par ailleurs de 5 points pour les sympathisants insoumis). Un tiers des proches de Renaissance estiment de leur côté que leurs députés doivent pouvoir évaluer chacun des textes proposés par l’exécutif et s’y opposer lorsque cela est nécessaire.
Une situation de majorité relative perçue positivement par les Français, bien que fragilisée par l’utilisation du 49.3
Avec désormais quelques mois de recul, la situation de majorité relative à l’Assemblée nationale est toujours perçue majoritairement comme étant une bonne chose (66% des Français partageant cet avis), en baisse de 5 points cependant depuis octobre 2022. Un accueil positif partagé par les sympathisants de l’ensemble des formations politiques et qui se renforce même auprès des proches de la majorité présidentielle (54%, +9 points).
Notons que si de nouvelles élections législatives avaient lieu, un peu plus de la moitié des Français souhaiteraient que Renaissance dispose d’une majorité à l’Assemblée nationale (55%) mais seulement 22% une majorité absolue. Comme c’était le cas déjà en octobre 2022 les sympathisants de la majorité présidentielle ne sont qu’une moitié à espérer cette majorité absolue (53%), confirmant leur appétence pour une situation qui offre un espace aux échanges et aux compromis avec les autres forces politiques.
De même, 4 Français sur 10 (42%) estiment qu’il s’agit d’une bonne chose que le gouvernement d’Elisabeth Borne a utilisé plusieurs fois la procédure du 49.3 pour faire adopter ses textes, un avis largement partagé par les sympathisants de la majorité (84% n’y voient pas d’inconvénients) et des Républicains dans une moindre mesure (58%). Probablement car s’ils attendent des compromis ils ne souhaitent pas pour autant en arriver à une situation de blocage
La majorité relative semble donc vécue comme une des « moins mauvaises solutions » pour les proches des formations politiques d’opposition mais également pour les sympathisants de la majorité, tous attendant en majorité une posture de dialogue et d’ouverture et ce de la part du gouvernement comme des oppositions. Cet observatoire s’attachera à déceler si d’éventuelles évolutions de cette perception sont observées au cours des prochains mois.
L’éventualité d’une dissolution de l’Assemblée nationale peu envisagée mais souhaitée par une partie des Français
Dans cette enquête nous questionnions également les Français sur une possible dissolution de l’Assemblée nationale au cours de l’année 2023, et ceux-ci se montrent partagés, une moitié d’entre eux estimant qu’Emmanuel Macron doit utiliser son droit de convoquer de nouvelles élections législatives. Une possibilité qui ne trouve pas d’ancrage net à travers les différentes sympathies politiques : les sympathisants insoumis et écologistes penchent un peu plus pour une dissolution (65% et 59% favorables), sans le souhaiter de façon très affirmée, tandis que les sympathisants Républicains et ceux du RN se montrent tout aussi mesurés que l’ensemble des Français (56% et 53%). Si les sympathisants de la majorité présidentielle s’y montrent plutôt opposés (44%) ils ne la rejettent pas en bloc cependant.
Notons par ailleurs qu’ils sont 37% à estimer que cette dissolution aurait lieu d’ici la fin de l’année, mais seulement 9% s’en disent fermement convaincus. A nouveau, une opinion qui traverse les clivages politiques.