Enquête réalisée par Harris Interactive en ligne les 8 et 9 avril 2020. Échantillon de 1 025 personnes, représentatif des Français âgés de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).
A la demande du Secrétariat d’Etat chargé de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, Harris Interactive a réalisé une étude pour mesurer l’impact du confinement sur les inégalités entre les femmes et les hommes en matière de répartition des tâches au sein des foyers.
Combien de temps les Français consacrent-ils aux tâches ménagères et éducatives au sein de leur foyer ? Quelle est la répartition du travail au sein des couples ? Celle-ci suscite-t-elle des tensions particulières en cette période exceptionnelle de confinement ?
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Que retenir de cette enquête ?
- De manière générale, les Français indiquent consacrer personnellement en moyenne 2 heures et 22 minutes chaque jour aux tâches ménagères (rangement et nettoyage du logement, cuisine, linge et vaisselle, courses…) depuis le début du confinement. Une durée « moyenne » qui cache bien sûr des réalités différentes selon les personnes. Ainsi, 24% des Français indiquent y consacrer au maximum une heure par jour, quand 22% d’entre eux estiment que cette durée excède trois heures quotidiennes. Par ailleurs, on observe un certain déséquilibre selon le sexe : en effet, les femmes déclarent y passer en moyenne 2 heures et 34 minutes par jour (26% d’entre elles estimant y consacrer plus de 3 heures), contre 2 heures 10 pour les hommes (plus de 3 heures : 17%). La répartition inégale du temps passé pour les tâches ménagères entre les femmes et les hommes, régulièrement documentée, tend donc à se confirmer en période de confinement.
Cette différence entre femmes et hommes n’est pas de même ampleur selon la configuration du foyer dans lequel chacun vit son confinement. Ainsi, celle-ci n’est que de 10 minutes en moyenne entre les femmes et les hommes qui vivent sans conjoint et sans enfant mineur (2 heures 11, contre 2 heures 01 en moyenne). En revanche, dès que l’on s’intéresse plus précisément aux personnes vivant en couple, non seulement le temps moyen consacré aux tâches ménagères tend à augmenter, mais la différence entre femmes et hommes a aussi tendance à s’accroître. C’est le cas lorsque les personnes vivent en couple avec enfants (2 heures 49 chez les femmes, 2 heures 30 chez les hommes), mais surtout lorsqu’elles vivent en couple sans enfant (2 heures 44 chez les femmes, 2 heures 02 chez les hommes).
- De fait, quand on demande aux Français vivant à deux d’évaluer la répartition des tâches domestiques au sein du couple, les femmes confirment assumer une charge plus importante que les hommes. Ainsi, en ce qui concerne la préparation des repas, 63% d’entre elles estiment que cette tâche leur incombe le plus souvent contre 11% pour leur conjoint (25% considérant que cette répartition est égalitaire entre les deux membres du couple). A contrario, seulement 28% des hommes pensent que la préparation des repas leur revient en priorité, contre 43% qui admettent que c’est leur conjoint(e) qui l’assume le plus souvent. Si les regards croisés entre femmes et hommes, et donc les perceptions de la façon dont les choses s’organisent dans le couple, ne sont pas complètement symétriques, il y a néanmoins une certaine convergence pour reconnaître que les femmes préparent davantage les repas au sein du foyer. Observons là encore que cette répartition a tendance à être un peu plus déséquilibrée chez les couples sans enfant que chez les couples ayant actuellement un ou des enfants mineurs au sein du foyer (47% des hommes vivant en couple sans enfant admettent que leur conjoint(e) prépare plus souvent les repas, contre 37% des hommes vivant en couple avec enfants).
- Le constat n’est pas exactement le même quand on s’intéresse à l’accompagnement des devoirs des enfants. Là encore, les femmes ont tendance à penser que ce sont elles qui s’en occupent en priorité (56%), contre 10% pour leur conjoint, et 25% qui mettent en avant une prise en charge plutôt égalitaire. Les hommes ont une perception un peu différente : 42% d’entre eux estiment que cet accompagnement est géré de manière égalitaire, et même 27% estiment que ce sont eux qui s’en occupent en priorité, seulement 21% reconnaissant la part prépondérante de l’autre membre du couple. Le relatif consensus que l’on relevait concernant la préparation des repas est donc remis en cause ici, les hommes considérant un peu plus que l’aide aux devoirs des enfants est répartie de façon équitable.
- Au global, on note ainsi une certaine différence de perception entre les femmes et les hommes en ce qui concerne la répartition des tâches ménagères et éducatives au sein du foyer. La majorité des femmes considèrent y consacrer plus de temps que leur conjoint (58%), quand un tiers d’entre elles estiment que cette répartition est égalitaire (32%). Ce n’est pas vraiment la perception des hommes : près de la moitié d’entre eux estiment que les deux membres du couple passent autant de temps à gérer ces différentes tâches (46%), et seulement 33% estiment que leur conjoint(e) y prend une plus grande part, alors que 21% considèrent même y consacrer davantage de temps à titre personnel. Là encore, il y a donc bien une tendance partagée à considérer que les femmes en font plus, mais celle-ci est surtout affirmée par les femmes elles-mêmes, quand les hommes ont un peu plus souvent le sentiment de percevoir une répartition égalitaire.
- Si cette répartition des tâches ménagères et éducatives au sein des foyers apparaît comme déséquilibrée, elle ne semble pourtant pas susciter de tensions majeures. En effet, 88% des Français vivant la période actuelle en couple s’en disent globalement satisfaits, et même 38% très satisfaits. Néanmoins, on note de réelles différences selon le sexe, cette satisfaction étant quasi unanime parmi les hommes (95%) et un peu plus nuancée parmi les femmes (80%). Et ce sont les femmes vivant en couple avec enfant(s) qui se montrent les moins enthousiastes à ce sujet, même si le niveau général de satisfaction reste largement majoritaire de leur côté (76% satisfaites contre 24% pas satisfaites).
- De fait, si l’on en croit les Français, cette répartition des tâches fait peu l’objet de tensions ou de désaccords depuis le début du confinement. Ce type de situation n’est même jamais arrivé pour une large majorité d’entre eux (69%). Toutefois, près d’un tiers des personnes vivant en couple déclarent avoir déjà vécu de tels moments de désaccord au cours des derniers semaines: une fois pour 15% d’entre elles, et de manière répétée pour 16% (12% plusieurs fois, et 4% très souvent). Observons que sur ce point, hommes et femmes ont des perceptions extrêmement similaires. En revanche, c’est le fait de vivre ou non avec des enfants qui tend à susciter ce type de situation : 43% des hommes et 40% des femmes vivant en couple avec un ou des enfants admettent que des tensions ou des désaccords sont déjà survenus concernant la répartition des tâches ménagères depuis le début du confinement ; ce n’est le cas que pour 22% des hommes et 26% des femmes vivant en couple sans enfant au foyer.
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