Les jeunes et l’élection présidentielle 2022

Enquête Harris Interactive pour L'Etudiant

Enquête réalisée par Harris Interactive en ligne du 14 au 24 janvier 2022. Échantillon de 1 002 personnes, représentatif des Français âgés de 16 à 25 ans. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).

 

Paris, le 4 février 2022,

 

Dans la perspective de l’élection présidentielle 2022, Harris Interactive et l’Etudiant ont réalisé une enquête portant sur la perception qu’ont les jeunes Français âgés de 16 à 25 ans de l’actualité politique, des candidats à l’élection présidentielle et de différentes mesures portées par ces candidats.

 

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Dans ce « vieux pays politique » qu’est la France quelle est la place de la politique dans la vie des jeunes Français ? Comment se positionnent-ils politiquement ? Connaissent-ils les candidats à l’élection présidentielle et quelle opinion en ont-ils ? Quelles sont les mesures portées par les candidats à l’élection présidentielle les plus appréciées par les jeunes ?

 

Que retenir de cette étude ?

 

Les jeunes Français déclarent parler de politique régulièrement avec leurs différents cercles de sociabilité. Une activité qui se trouve être plus régulière encore au sein de leur environnement le plus proche : près de la moitié des jeunes déclare parler de politique au moins une fois par semaine au sein de leur couple (46%), et plus de 4 sur 10 avec des membres de leur famille (42%).

 

Notons par ailleurs que si l’on relève une activité politique plus importante auprès des plus de 20 ans, la famille est le seul cercle où l’on discute de politique à tous les âges, et notamment pour ceux qui sont en âge d’être lycéens (44% des 16-17 ans déclarent parler de politique au moins une fois par semaine avec les membres de leur famille). A ce sujet rappelons que la famille est le premier acteur en lequel les Français, et plus encore les jeunes, ont le plus confiance pour mener à bien leurs projets, loin devant leurs amis.[1]

Les sujets politiques occupent donc une place importante dans les discussions des jeunes, qui déclarent également partager dans l’ensemble les mêmes opinions politiques que leur partenaire, les membres de leur famille et leurs amis, bien que rares soient ceux qui disent partager « tout à fait » les mêmes idées que leurs proches.

 

Cependant, on relève que le fait de parler de politique ne s’accompagne pas nécessairement d’une forte politisation des jeunes. Au contraire : lorsqu’on leur demande de se positionner politiquement sur une échelle de gauche à droite, les jeunes âgées de 16 à 25 ans s’identifient un peu plus à la gauche qu’à la droite (24% se positionnent « très à gauche » ou « à gauche » contre 20% « très à droite » et « à droite »), mais rencontrent surtout des difficultés à se positionner politiquement (34% se disent « ni de gauche ni de droite », 10 points de plus que l’ensemble des Français) tandis que 22% se positionnent « au centre » (19% auprès de l’ensemble des Français).

 

Plus précisément, lorsqu’on leur demande de quel parti ou mouvement politique ils se sentent les plus proches, 4 jeunes sur 10 ne se déclarent proches d’aucune formation politique en particulier (contre 31% auprès de l’ensemble de la population).

 

On retrouve cette indécision quand on interroge les jeunes sur l’intérêt qu’ils portent pour la politique et la campagne électorale : un peu plus de la moitié se montrent intéressés par la politique d’une manière générale (54%) et 6 sur 10 par la campagne pour l’élection présidentielle.  Cet intérêt se trouve néanmoins fortement marqué par plusieurs critères. Tout d’abord la campagne pour la prochaine élection présidentielle recueille un intérêt plus marqué de la part des jeunes âgés de 20 ans et plus, tandis que moins de la moitié de ceux qui ne sont pas en âge de voter déclarent être intéressé(e)s par la politique et par l’élection présidentielle.  La situation socio-professionnelle de ces jeunes apparait également comme étant un élément important, les personnes actives et en emploi déclarant un intérêt fort pour le sujet, quand les inactifs et autres jeunes non scolarisés se montrent beaucoup plus distants.  Des différences marquées que l’on retrouve par ailleurs lorsque l’on s’intéresse à la catégorie socio-professionnelle des parents.

 

En se focalisant sur la prochaine élection présidentielle, les jeunes   associent plutôt des sentiments négatifs que positifs, en premier lieu de l’inquiétude (48%) et de la déception (23%), mais aussi de l’espoir (30%). Les jeunes se montrent peu optimistes (16%), confiants (14%) ou encore enthousiastes (13%) mais pas forcément en colère (16%).

 

Spontanément, quand ils pensent à la prochaine élection présidentielle, c’est la figure du Président sortant Emmanuel Macron qui ressort en premier, avec le danger que représente pour eux Éric Zemmour. Plus largement les jeunes évoquent spontanément la montée du racisme, leur indécision également et le peu d’espoir qu’ils fondent dans le résultat et les conséquences de cette élection. On relève ainsi que les jeunes inscrits sur les listes électorales n’étant pas certains d’aller voter au 1er tour de l’élection présidentielle expliquent ce niveau de mobilisation peu élevé par un manque de connaissances des responsables politiques et de leurs programmes, d’intérêt et de certitudes concernant les candidats.

3/4 des jeunes déclarent s’informer souvent ou de temps en temps concernant l’élection présidentielle sur les réseaux sociaux (73%) et la télévision (73%), mais également via des conversations avec leur famille (73%) plutôt qu’avec leurs amis (65%). Notons par ailleurs que les jeunes déclarent s’informer autant si ce n’est plus sur des sites d’actualité présents uniquement sur internet comme Konbini, Vice ou Street Press (52%) que via des médias de la presse nationale comme Le Monde, Le Figaro, Libération (48%).

 

Cette enquête s’intéressait également à l’opinion que portent les jeunes sur les candidats déclarés à la prochaine élection présidentielle.  Parmi ceux-là Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon bénéficient de la meilleure opinion (respectivement 43% et 41%). En revanche, Eric Zemmour est perçu négativement par 3/4 des jeunes, tandis que Marine Le Pen bénéficie de la bonne opinion d’1/3 des jeunes (contre 59% en ayant une mauvaise opinion, dont 40% une « très mauvaise opinion »).

 

Dans l’ensemble néanmoins une majorité d’entre eux déclarent ne pas connaitre suffisamment ces personnalités pour en avoir une opinion nette (39% déclarent ne pas connaitre Valérie Pécresse, 35% pour Anne Hidalgo, 36% pour Christiane Taubira et même 54% pour Yannick Jadot).

 

Lorsqu’on leur demande par ailleurs de choisir quelle personnalité représenterait le mieux leurs idées à l’élection présidentielle (indépendamment du fait qu’ils soient inscrits ou non sur les listes électorales) les jeunes de 16 à 25 ans indiquent choisir principalement Emmanuel Macron (19%) et Jean-Luc Mélenchon (16%) alors que Marine Le Pen arrive en 3ème position (13%).

 

Enfin cette enquête s’intéressait aux thématiques importantes pour les jeunes dans le cadre de cette élection présidentielle et les mesures avec lesquelles ils se sentent le plus en phase.

 

De manière générale d’abord, la santé (36%), l’emploi (33%) et l’égalité femmes/hommes (30%) sont les 3 thèmes qui vont le plus compter dans leur choix de vote, avec la lutte contre les inégalités (27%), le pouvoir d’achat et la sécurité (25% chacun).

Plus précisément, lorsqu’on leur propose des exemples de mesures proposées par des candidats à l’élection présidentielle, les jeunes se déclarent dans l’ensemble favorables à un certain nombre d’entre elles, notamment le développement des aides pour l’accès à l’emploi des jeunes, le développement de l’apprentissage ou encore la conservation du « chèque d’accompagnement psychologique » ainsi que le principe des repas à 1€ dans les Restaurants Universitaires. Les jeunes se déclarent également dans l’ensemble favorables aux mesures économiques destinées à la jeunesse : instaurer la gratuité des transports en commun (79%), augmenter les APL (78%), modifier les échelons Crous et augmenter le montant des bourses (74%), mettre en place une prime à la natalité de 900€ par an pour les parents d’un premier enfant jusqu’aux 18 ans de ce dernier (70%) ou encore un montant de 5 000€ à chaque jeune à l’âge de ses 18 ans (67%).  Notons que 7 jeunes sur 10 se déclarent favorables à l’instauration d’un revenu universel pour les jeunes de 16 à 25 ans (69%), et à l’élargissement de l’accès au RSA aux jeunes de moins de 25 ans (69%).

Les jeunes se déclarent cependant moins favorables à certaines mesures régaliennes, comme le fait d’armer les policiers municipaux (51%) et de légaliser la consommation de cannabis (46%), mais aussi des mesures concernant plus directement les plus jeunes d’entre eux comme la suppression de Parcoursup (45%, dont 41% des lycéens) et l’abaissement de l’âge du droit de vote à 16 ans (35%).  Cet abaissement de l’âge du droit de vote est par ailleurs moins favorablement accueilli par les jeunes se trouvant dans la tranche d’âge concernée : seul 1/4 des jeunes âgés de 16 à 17 ans se déclarent favorables au changement de la règle en la matière.

 

A l’âge où les opinions politiques se construisent patiemment et où les devoirs citoyens deviennent progressivement une réalité, avec la première occasion pour certains de voter à une élection présidentielle en avril prochain, les jeunes interrogés montrent à l’heure actuelle une certaine distance vis-à-vis de la politique et de son organisation, alors même qu’elle constitue un sujet important dans leur vie et notamment familiale. Il est ainsi frappant de relever les sentiments d’inquiétude et d’indécision exprimés quand ils pensent à l’élection présidentielle, et la notoriété faible dont bénéficient certains des principaux candidats à cette élection. Néanmoins les jeunes se montrent assez réceptifs à un certain nombre de mesures portées par des candidats à l’élection présidentielle, tout comme ils mettent en avant des thématiques comme la santé, l’emploi et l’égalité. Autant de valeurs sur lesquelles s’appuyer pour les candidats à l’élection présidentielle afin de mobiliser une partie de ces jeunes et bientôt électeurs.

 

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[1] Etude Harris Interactive pour Challenges « Le cœur des Français »

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