Paris, le 28 juin 2014 – A la demande du Parisien – Aujourd’hui en France, Harris Interactive a réalisé une enquête auprès des Français afin de déterminer leur attitude à l’égard du mouvement de contestation des intermittents du spectacle. Alors que le mouvement dure depuis plusieurs semaines et pourrait se prolonger en Juillet, les Français ont-ils le sentiment de connaître les revendications des intermittents ? Soutiennent-ils ou non ce mouvement de protestation ? Et à qui accordent-ils leur confiance pour envisager une résolution du conflit ?
Que retenir de cette enquête ?
- Alors que la CGT-Spectacle a reconduit le 20 juin son préavis de grève pour l’ensemble du mois de juillet, appelant à « une grève massive » dans tous les secteurs le 4 juillet, jour de l’ouverture du festival d’Avignon, seul un tiers des Français (33%) déclare connaître les revendications des intermittents et voir précisément ce dont il s’agit. Une proportion sensiblement équivalente indique avoir une idée imprécise de ces revendications, quand 34% mentionnent ne pas les connaître. Les personnes les plus au fait des ces revendications se recrutent parmi les plus âgées (79%), et les personnes diplômées du supérieur (67%). La proximité avec d’un syndicat (77%) favorise également une meilleure appréhension de ces contestations.
- Interrogés sur les évocations spontanées liées à ce mouvement de protestation, les Français abordent les causes de ce mouvement, liées à la défense d’un statut particulier : « Régime / Chômage / Système/ Statut ». Au-delà de ces éléments objectifs, les Français livrent une perception très nuancée des intermittents du spectacle, les uns les qualifiants de « privilégiés / profiteurs», les autres soulignant au contraire « la précarité » à laquelle cette profession « difficile » se trouve exposée, un clivage très largement corrélée à l’attitude à l’égard du mouvement.
- En effet, les Français qui le soutiennent insistent sur la défense de la profession, de son statut et à travers elle de la culture en France : « Il faut qu’ils obtiennent satisfaction et qu’ils gardent leur statut. Le gouvernement casse la culture ».

- A l’inverse, ceux qui y sont opposés dénoncent un mouvement « honteux / scandaleux / inadmissible / incompréhensible » de la part d’une profession à leurs yeux privilégiée (« Ils abusent, on ne peut pas tout avoir les privilèges et les avantages »), la menace planant sur la tenue des festivals estivaux contribuant sans doute à exacerber ces critiques.

- Dans ce contexte, plus d’un Français sur deux se déclarent opposés à ce mouvement : 55%, dont 25% tout à fait opposés. A l’inverse, 41% le soutiennent, dont 12% tout à fait. L’opposition est particulièrement marquée auprès des 65 ans et plus (69%), des personnes disposant de revenus élevés (78%) et des proches de la CFE-CGC (76%) quand les femmes, les jeunes et les catégories modestes affichent un soutien sensiblement plus prononcé sans toutefois être majoritaire (50%). Enfin, un clivage politique très net émerge sur cette question, les sympathisants du Parti socialistes (51%) et plus encore ceux du Front de Gauche (82%) soutenant le mouvement, à l’inverse des proches de la Droite qui s’y opposent très majoritairement (71%).

- Autre indicateur de la faible légitimité que les Français accordent au final à ce mouvement, une majorité d’entre eux (56%) pensent que le régime spécifique des intermittents du spectacle doit être supprimé, engendrant un déficit trop important de l’assurance-chômage, contre 40% qui souhaitent qu’il soit maintenu, pour permettre aux intermittents embauchés la plupart du temps sur de courtes périodes de bénéficier de revenus stables entre deux périodes de travail.
Une nouvelle fois, les partisans de la suppression de ce régime sont particulièrement nombreux chez les plus âgés (66%), les personnes aux revenus aisés (70%), les sympathisants de droite (70%) et les proches de la CFE-CGC (79%). Le souhait d’un maintien du régime spécial est minoritaire dans la plupart des catégories, à l’exception des sympathisants de gauche (58%), des proches de la CGT (78%) et dans une moindre mesure des jeunes (50%), plus enclins à se prononcer en faveur de la poursuite du système actuel.
- Aucun acteurs à même de contribuer à la résolution du conflit opposant le gouvernement aux intermittents du spectacle ne bénéficie d’une confiance majoritaire de la part des Français. Les Directeurs des Festivals (49%) et le médiateur Jean-Patrick Gille (46%) sont crédités d’un niveau de confiance relativement plus élevé sans toutefois être majoritaire. Seuls 40% indiquent faire confiance au gouvernement de Manuel Valls pour trouver une issue au conflit, 36% à Aurélie Filippetti, Ministre de la culture, 32% à François Rebsamen, 24% à la CGT-spectacle, qui soutient le mouvement et moins d’un quart au MEDEF (22%). Notons que cette défiance en apparence généralisée ne doit toutefois pas masquer des différences importantes selon la sympathie partisane : si les proches de la Droite accordent un crédit très minoritaire et systématiquement inférieur à la moyenne aux différents acteurs testés (à l’exception du MEDEF), les sympathisants de Gauche se montrent pour leur part nettement plus confiant s’agissant de la capacité des uns et des autres, et a fortiori du gouvernement, à trouver une issue à ce conflit.
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