Sondage Harris Interactive pour LCP dans le cadre de Politique Matin
Paris, le 5 avril 2011 – A la demande de LCP, Harris Interactive a réalisé une enquête auprès d’un échantillon représentatif de Français afin de connaître leur perception du débat organisé ce mardi 5 avril par l’UMP sur la laïcité et l’Islam, la place qu’ils accordent à la laïcité dans l’identité de la France ainsi que leur adhésion à quelques propositions actuellement en discussion.
Ce sondage s’inscrit dans un contexte d’interrogation et de remise en cause du débat organisé par l’UMP non seulement par l’opposition et par des responsables religieux, mais aussi par certains membres de la majorité. Il s’agissait ici de percevoir quelle attitude les Français adoptent à l’égard de ce débat et quelles sont, avant la tenue des échanges, leurs positions concernant certaines mesures qui y seront vraisemblablement discutées.
Cette enquête fait apparaître que :
Dans le détail, nous relevons que moins d’un quart des Français (23%) estime que le débat de ce mardi 5 avril sur la laïcité et l’Islam est « une bonne chose ». S’ils sont 37% à répondre au contraire qu’il s’agit d’« une mauvaise chose », plus du tiers des sondés (36%) estiment néanmoins que ce n’est « ni une bonne, ni une mauvaise chose », pour 4% ne se prononçant pas. Si ce débat est faiblement soutenu dans l’opinion publique, il ne suscite pas non plus un rejet massif, une partie des Français adoptant une position prudente, attendant sans doute de voir la manière dont le débat se déroule et les propositions qui en émanent.
Plus précisément, l’attitude à l’égard de ce débat se lit essentiellement à l’aune de la proximité politique : 64% des sympathisants de gauche estiment ainsi qu’il s’agit d’une « mauvaise chose » – pour 12% « bonne chose » et 23% « ni bonne ni mauvaise ». A l’inverse, une majorité absolue (54%) des sympathisants de l’UMP déclare qu’il s’agit d’une « bonne chose » – pour 18% « mauvaise chose » et 28% « ni bonne ni mauvaise ». Les sympathisants du Front National ne sont que 17% à juger qu’il s’agit d’une « mauvaise chose », le reste d’entre eux se partageant entre le jugement « c’est une bonne chose » (41%) et « ni bonne ni mauvaise chose » (42%).
Malgré le soutien assez faible qu’ils apportent à ce débat, les Français sont en revanche unanimes pour consacrer la laïcité comme un élément très important voire essentiel de l’identité de la France : près d’un Français sur deux (46%) estime ainsi qu’il s’agit d’un élément « essentiel », pour 37% qui le qualifient de « très important ». Seuls 13% des sondés accordent une importance réduite à cette composante laïque dans l’identité nationale, en la qualifiant de « peu important[e] » pour 10% d’entre eux, et « pas important[e] du tout » pour 3% d’entre eux.
Dans le détail, les 18-24 ans sont nettement moins nombreux à dire qu’il s’agit d’un élément essentiel de l’identité nationale : seulement 29% (pour 46% en moyenne et 53% des 50 ans et plus), 49% y voyant tout de même un élément très important. Peut-être rencontrent-ils quelques difficultés à définir les contours de ce terme. La catégorie qui accorde le plus de poids à la laïcité dans l’identité nationale est celle des sympathisants de l’UMP, avec 95% la considérant comme un élément « très important » ou « essentiel ».
Enfin, les Français se montrent très largement favorables à des propositions qui interdiraient l’expression de particularités religieuses dans l’enceinte des services publics, et ils se disent défavorables à des propositions envisageant un soutien des finances publiques à des structures musulmanes : 73% des Français se disent d’accord avec l’interdiction du port de signes religieux visibles par les usagers dans l’enceinte des services publics, et 71% d’accord avec l’interdiction d’évoquer des préférences à caractère religieux dans le cadre des services publics ; tandis que seulement 26% des Français se déclarent d’accord pour la mise en place d’aides de l’Etat ou des collectivités locales pour la construction et l’entretien de lieux de culte musulmans, et 18% d’accord avec la création d’un institut de formation d’imams en France financé par des fonds publics. On le sait, les Français portent un regard différent à l’égard de la religion lorsque celle-ci s’exprime dans l’espace privé ou dans l’espace public, cette différence de regard étant particulièrement marquée pour la religion musulmane : acceptée dans l’espace privée, l’expression de cette dernière dans l’espace public suscite plus de crispations. Nous avions pu déjà le voir au moment des réactions suscitées par la prise de parole de Marine Le Pen concernant les prières dans la rue. On peut lire aujourd’hui dans ces réponses l’expression paroxystique de ce double regard.
Dans l’ensemble, les sympathisants de l’UMP sont particulièrement favorables aux mesures d’interdiction (respectivement 82% et 80% « d’accord »), de même que ceux qui estiment que ce débat est une « bonne chose » (respectivement 91% et 82%). Toutefois, ces mesures sont également majoritairement approuvées à gauche (respectivement 64% et 71%). Les sympathisants du Front National sont les plus hostiles aux propositions engageant une aide publique en faveur de la religion musulmane (respectivement 7% et 3% « d’accord »).
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