Les Français et l’Histoire

Enquête Harris Interactive pour Historia

Enquête réalisée en ligne du 22 au 25 février 2019. Échantillon de 2 996 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).

 

Quelle importance les Français attachent-ils à l’apprentissage de l’Histoire ? Quelle connaissance en ont-ils aujourd’hui ? Quels sont les sources qu’ils utilisent aujourd’hui pour enrichir ces connaissances ?

 

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Que retenir de cette enquête ?

Le rôle de l’Histoire aujourd’hui, sur le plan individuel et collectif

  • Lorsqu’ils évoquent spontanément l’Histoire, les Français pensent en premier lieu à l’histoire des batailles et des guerres qui ont opposé les nations et leurs rois en leur temps. La Révolution Française qui marque un tournant dans la construction nationale, fait partie des événements précis les plus cités, tout comme Napoléon Bonaparte est l’une des figures qui se distinguent le plus clairement. Très vite, au-delà des faits passés, les Français évoquent l’Histoire comme un patrimoine national, constitutif d’une culture et de sa transmission, et soulignent l’importance du devoir de mémoire, perçu comme un moyen de lutter contre un éternel recommencement des erreurs du passé.
  • La valorisation de l’Histoire est indéniable de la part des Français, qui soulignent son importance tant au niveau individuel que collectif. L’Histoire serait ainsi nécessaire pour comprendre les fondements et les racines culturels des sociétés (91%) et ainsi devenir un meilleur citoyen (76%), disposant d’éclairages solides pour comprendre l’actualité (85%). Sur le plan purement personnel, l’Histoire est vue comme essentielle pour disposer d’une bonne culture générale (91%) et apparaît également comme une forme de divertissement : 69% estiment qu’il s’agit d’un bon moyen de s’évader du temps présent. Cet éloge de l’Histoire est particulièrement porté par les Français les plus âgés et les plus diplômés.
  • Célébrée par les Français pour ses différentes qualités, l’Histoire représente-t-elle réellement un domaine qui intéresse les Français ? Leur réponse est a priori positive, quoiqu’ils mettent quelques nuances dans les registres qu’ils affectionnent. En premier lieu, les Français, patriotes, déclarent s’intéresser à l’Histoire de France (76%), avant l’Histoire du monde (75%). Ce sont les dimensions générales, macro-structurelles qui les mobilisent avant même l’Histoire de leur ville ou de leur région (69%) ou leur Histoire personnelle et familiales (66%) davantage basées sur la proximité. Un peu en retrait, la mythologie et les grands mythes, dont l’intérêt, notamment auprès des plus petits, est toujours confirmé dans les ventes des librairies, apparaissent plus éloignées au niveau de l’ensemble de la population (56% se disent intéressés par cet aspect). Au total, ce sont ainsi 90% des Français qui se disent intéressés par au moins un des aspects de l’Histoire et 35% qui se montrent intéressés par tous ces aspects, chaque fois, les Français les plus âgés et les plus diplômés étant plus nombreux à affirmer leur affection pour l’Histoire. Il y a ainsi une vraie cohérence entre l’importance accordée à l’Histoire dans la formation citoyenne et l’intérêt qu’elle suscite chez les Français.
  • L’intérêt pour l’Histoire, manifeste chez les Français, connaît-il des variations dans le temps ? Aujourd’hui, la majorité des Français déclarent que leur appréciation pour ce domaine est restée inchangée dans le temps (53%). Cependant, 38% déclarent une attraction de plus en plus forte avec le temps, notamment les hommes (41%), les Français les plus âgés (42%) et les Français les plus diplômés (44%), déjà distingués pour leur intérêt plus marqué. A l’inverse, si 9% au total estiment s’intéresser moins à l’Histoire avec le temps, c’est le cas surtout des personnes les moins diplômées (12%) et des générations les plus jeunes (13% chez les moins de 35 ans). L’apprentissage scolaire de l’Histoire jouerait-il un rôle particulier dans cet éloignement ?

 

Apprendre l’Histoire… à tous les âges de la vie ?

  • L’école semble jouer un rôle absolument fondamental dans l’apprentissage de l’Histoire, notamment parce qu’elle est le lieu où la majorité des Français affirment avoir appris l’essentiel de leurs connaissances actuelles en la matière (56%). C’est le cas notamment des femmes (59%) et des générations ayant aujourd’hui moins de 50 ans (59%), quand les Français les plus âgés qui ont également davantage d’expérience de vie, sont plus nombreux que l’ensemble à déclarer avoir accumulé leurs connaissances plutôt en dehors de l’école (47% contre 43% dans l’ensemble).
  • Les Français témoignent également d’une grande confiance dans la capacité de l’école à leur avoir transmis des enseignements pérennes en matière d’Histoire, 57% estimant qu’ils se souviennent de la plupart des informations historiques qu’ils ont reçues à l’école. Parce qu’ils sont plus éloignés de cette époque ou parce qu’ils indiquent, justement, ne pas avoir reçu la majeure partie de leur éducation historique par ce biais, les Français de plus de 50 ans se montrent bien plus que la moyenne confiants dans leur mémoire (67%). Les plus jeunes, à l’inverse, témoignent d’un sentiment de déperdition plus important que la moyenne de leurs connaissances scolaires (53% contre 42% dans l’ensemble).
  • De manière générale, si le socle scolaire apparaît comme solide, les Français se montrent néanmoins conscients des failles de leur mémoire et admettent que leurs connaissances historiques doivent être entretenues afin de ne pas tomber dans l’oubli (60%). Un élan d’humilité qui est un peu plus présent chez les femmes (62%), les Français de 25 à 34 ans (65%) et les Français les plus diplômés (63%).

 

Les grandes figures de l’Histoire

  • En quelles grandes figures de l’Histoire les connaissances des Français s’incarnent-elles ? L’Histoire de France évoque pour la plupart des figures de chefs d’Etat, qui récapitulent également l’histoire des régimes politiques Français. Napoléon Bonaparte est ainsi le premier cité par 20% des Français, suivi par Louis XIV (17%) et Charles de Gaulle (16%). D’autres figures iconiques apparaissent, comme Charlemagne (4%), Henri IV (2%), Louis XVI (2%), François Ier (1%) ou encore Jeanne d’Arc (1%), seule femme ayant recueilli au moins 1% des citations.
  • A l’échelle européenne, on retrouve des figures très similaires, Napoléon Bonaparte en premier lieu (11%), la présence de Charles de Gaulle (8%) et Adolphe Hitler (6%) puis Churchill (5%) en haut du classement montre toute l’importance de la Seconde Guerre Mondiale dans l’espace européen. La construction européenne en elle-même, incarnée par ceux que l’on nomme les « pères de l’Europe », Robert Schuman (3%) et Jean Monnet (2%) donne à voir un autre versant de l’Histoire politique de l’Europe, qui s’éloigne des conflits pour s’intéresser à la construction collective.
  • A l’échelle mondiale, cette seconde dimension, liée à des personnages incarnant une lutte pour le progrès des droits humains apparaît le plus clairement à travers les figures de Mandela (4%), Gandhi (4%), Jésus Christ (3%) ou Martin Luther King (1%). L’Histoire des guerres et des conquêtes reste néanmoins bien présente, Christophe Colomb (6%), Hitler (3%) ou Jules César (2%) apparaissant également dans les personnages les plus cités. On note d’ailleurs que plus on s’éloigne de l’échelle nationale, plus il est complexe pour les Français de se prononcer, les personnes ne donnant aucun nom passant de 28% pour l’Histoire nationale à 50% pour l’Histoire mondiale.

 

Faire vivre l’Histoire : sur quels supports ?

  • Si l’histoire intéresse, on l’a vu, il est essentiel pour les Français de trouver des moyens de renouveler et d’entretenir leurs connaissances. Se pose la question du support. Aujourd’hui, parmi les 79% de Français qui déclarent vouloir davantage s’intéresser à l’Histoire, 26% déclarent aussi ne pas réussir réellement à trouver des supports adaptés à leurs envies. Les femmes (28%), les plus jeunes (37%) et les personnes issues des catégories populaires (29%) qui se montrent plus en retrait dans leur rapport à l’Histoire, font partie de cette catégorie.
  • Les visites de lieux appartenant au patrimoine historique (châteaux, lieux de culte, etc. 82%) ainsi que les visites de villages historiques (74%) s’avèrent être parmi les premières activités en lien avec l’apprentissage de l’Histoire qui attirent les Français. Le support visuel, à travers les fictions films ou séries (76%) ou les documentaires (74%) apparait également comme un médium puissant pour attirer les Français vers l’Histoire. Face à ces expériences, le livre, qu’il s’agisse de fictions à caractère historique (60%) ou de biographies de personnalités (54%) continue de séduire la majorité des Français. Plus récents, moins ancrés dans les habitudes des Français, les vidéos Youtube sur l’Histoire réalisées par des particuliers (31%) ou les jeux vidéos qui reconstruisent des périodes historiques (30%) se montrent à même d’intéresser près d’un tiers des Français. Alors qu’ils se disent moins attirés par les autres supports que leurs aînés, les plus jeunes plébiscitent particulièrement ces deux formats, 45% trouvant attractives les vidéos Youtube, 48% trouvant attractifs les jeux vidéos.
  • Les fictions historiques intéressent ainsi largement les Français, qui en font des support particulièrement attractifs pour l’apprentissage de l’Histoire, qu’il s’agisse de films, de séries, de romans, de parcs à thèmes ou encore de jeux vidéos. Perçues comme des manières de faire vivre l’Histoire (86%) en la faisant découvrir à de nouveaux publics (85%) et plus ludiques (78%), les Français accordent aux fictions un véritable crédit dans l’apprentissage, 74% estimant qu’elles permettent d’apprendre réellement des faits historiques, 80% qu’elles permettent au moins de compléter les faits appris par les canaux scientifiques traditionnels (cours d’histoire, documentaires, revues, etc.). Néanmoins, tous s’accordent également sur le fait que les éléments appris dans les fictions se doivent d’être complétées voire amendées par des faits scientifiques issus des canaux traditionnels (82%).
  • Si la fiction historique est un vecteur d’intérêt pour l’Histoire fondamental, quels sont celles qui ont principalement marqué les Français au cours des deux dernières années ? À nouveau, les films ou séries se distinguent (22% des citations), parmi lesquelles Dunkerque (1%) ou les séries Un village Français (1%), Viking (1%), Kaamelot (1%) ou encore Nicolas le Floch (1%) se singularisent. Les livres représentent 9% des citations, Astérix (1%) et les Rois Maudits (1%) ayant particulièrement marqué les Français. Les lieux historiques représentent ensuite 6%, tout comme les émissions documentaires, les jeux vidéos (2%) et les chaînes Youtube (1%) fermant le classement. On note que si les citations sont très éclatées – rares sont les fictions citées par plus de 1% – deux s’imposent dans l’esprit des Français : le Puy-du-Fou (5%) qui rappelle l’attrait des Français pour les reconstitutions historiques et Assassin’s Creed (2%) qui a lui seul, forme la catégorie jeux vidéo.

 

 

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