Enquête réalisée en ligne du 16 au 17 mars 2017. Échantillon de 1 766 personnes, représentatif des Français âgés de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).
Dans le cadre de l’élection présidentielle de 2017, et avant le premier débat télévisé du lundi 20 mars entre les principaux candidats, la Fondapol (Fondation pour l’Innovation Politique) souhaite faire un point sur la façon dont la campagne présidentielle est perçue à ce jour par les Français et a sollicité Harris Interactive pour réaliser une enquête sur ce sujet.
L’objectif de cette étude est notamment d’apporter des éléments de réponse aux interrogations suivantes : quel regard les Français portent-ils sur la campagne présidentielle ? Considèrent-ils qu’elle permet de mieux comprendre les différentes offres politiques en présence, et de parler des enjeux majeurs ? Que pensent-ils de la place et du rôle des médias dans cette campagne ? Enfin, dans quelle mesure celle-ci modifie-t-elle leur choix concernant l’élection présidentielle ?
Ils déplorent notamment le fait que le climat des affaires qui entoure la campagne perturbe cette dernière et permet difficilement de se faire une idée sur les programmes des candidats, et d’aborder les problèmes qui les préoccupent personnellement ainsi que les enjeux majeurs qui se posent pour le pays.
En revanche, ils considèrent que les médias présentent la campagne et le programme des principaux candidats de manière partiale. A ce titre, ils font une distinction entre Emmanuel Macron, jugé comme faisant l’objet d’un traitement médiatique plutôt positif, et les autres candidats, Marine Le Pen et François Fillon étant même considérés comme traités avec un parti pris médiatique majoritairement négatif.
En revanche, elle n’a pas fait évoluer la situation de départ pour près des trois quarts des individus : 38% d’entre eux disent ne pas avoir modifié leur décision initiale, et 34% déclarent ne toujours pas savoir ce qu’ils vont faire au premier tour de l’élection présidentielle.
Si la majorité des Français se disent intéressés par la campagne présidentielle, ils se montrent très critiques à l’égard de la façon dont celle-ci se déroule
Ainsi, certains termes comme le « mensonge », les « affaires », l’« argent » ou la « corruption » se retrouvent parmi les plus fréquemment cités, les Français exprimant leur « ras-le-bol », leur « honte », voire leur « dégoût », vis-à-vis d’une situation qu’ils jugent « lamentable » (« Avec les affaires de Fillon, toute la campagne a été décrédibilisée et les candidats avec »; « C’est une campagne qui sort de l’ordinaire, un vrai feuilleton à la ‘Dallas’, avec des candidats aussi ‘pourris’ les uns que les autres »).
On déplore que les thèmes importants soient peu présents (« Jamais vu une campagne aussi malhonnête et si pauvre en idées et échanges », « Une campagne où l’on ne parle guère des programmes »). Seuls deux noms de candidats émergent nettement de manière spontanée : ceux de François Fillon (lié aux « affaires » qui le concernent) et d’Emmanuel Macron (vu comme « favorisé par les médias »).
La principale vertu qu’un peu plus de la moitié d’entre eux lui reconnaissent, est qu’elle leur « permet de se faire une idée sur les candidats » (52%). En revanche, ils se montrent nettement plus critiques sur la capacité de cette campagne à éclairer les débats et à clarifier les propositions des uns et des autres: moins d’un tiers des Français estiment que cette campagne les « aide à se décider concernant le candidat pour lequel ils pourraient voter » et qu’elle leur « permet de se faire une idée sur les programmes » (32% dans les deux cas).
Enfin, pour la grande majorité d’entre eux, le grand problème de cette campagne est de ne pas aborder les sujets de fond : seulement 17% des Français estiment qu’elle « permet de débattre des solutions aux problèmes rencontrés par la France », 16% qu’elle « permet aux candidats de bien savoir ce qu’attendent les Français », et 15% qu’elle « permet d’aborder les problèmes qui les préoccupent personnellement ».
En revanche, les 4 autres candidats sont présentés comme faisant l’objet d’un parti pris plus souvent négatif que positif, mais avec des degrés d’intensité différents d’un candidat à l’autre. Ainsi, 70% d’entre eux estiment que Marine Le Pen est présentée par les médias avec un parti pris (négatif pour 55%, positif pour 15%), et 68% pensent de même en ce qui concerne François Fillon (négatif pour 57%, positif pour 11%).Le constat est le même, quoique plus équilibré, en ce qui concerne les 2 candidats principaux issus de la gauche. 59% des Français pensent en effet que Benoît Hamon est présenté avec un parti pris de la part des médias (négatif pour 33%, positif pour 26%), et 55% d’entre eux pensent de même en ce qui concerne Jean-Luc Mélenchon (négatif pour 35%, positif pour 20%). A noter que les autres personnalités testées (Nathalie Arthaud, Philippe Poutou, Nicolas Dupont-Aignan, François Asselineau) sont considérées comme faisant l’objet d’un traitement médiatique « sans parti pris » par plus de la moitié des Français, ce qui s’explique avant tout par une moins forte couverture de leur campagne par les médias par rapport aux 5 candidats cités plus haut.
En effet, si l’on se place d’abord du point de vue de ceux qui critiquent cette campagne, 52% estiment que celle-ci « n’est pas intéressante, c’est surtout à cause des candidats », quand 29% pensent que « c’est surtout à cause des médias ». De l’autre côté, 9% estiment que « cette campagne est intéressante, c’est surtout grâce aux médias », alors que seulement 6% considèrent qu’elle l’est « surtout grâce aux candidats ».
Ainsi, s’ils ont majoritairement le sentiment que cette campagne est « tirée vers le bas », les Français en rendent les candidats davantage responsables que les médias.
Ce premier ensemble se divise en 3 groupes distincts. Ceux qui avaient l’intention de voter pour un candidat mais qui, au final pensent s’abstenir ou voter blanc/nul parce que la campagne ne les satisfait pas, représentent 12% des effectifs : sur ceux-là, la campagne a un effet démobilisateur.
Ceux qui, au contraire, avaient l’intention de s’abstenir ou voter blanc/nul et qui pensent voter pour un candidat parce que la campagne les satisfait, ne représentent que 3% des individus : sur ceux-là, la campagne a un effet mobilisateur. Enfin, 9% des Français déclarent avoir fait évoluer leur choix, en raison de la campagne et de son déroulement, d’un candidat vers un autre candidat.
De l’autre côté, 34% des individus demeurent indécis, et la campagne ne les a pas aidés, pour le moment à faire un choix : 23% estiment qu’ils vont probablement voter, mais ne savent pas pour quel candidat, et 11% disent ne pas savoir s’ils vont voter ou s’abstenir.