Enquête réalisée en ligne du 22 au 24 novembre 2016. Échantillon de 1 018 personnes, représentatif des Français âgés de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).
La Confédération Française des Retraités organise le 16 décembre un colloque intitulé « Régime universel de retraite » et a sollicité Harris Interactive dans ce cadre pour réaliser un sondage sur la perception des retraites par les Français : comment perçoivent-ils le système actuel de retraites ? Le considèrent-ils juste et pérenne ? Sont-ils confiants concernant cette période de la vie ? Et comment se positionnent-ils face à la proposition portée par la CFR de fusionner les différents régimes en un régime universel ?
Que retenir de cette enquête ?
- Les Français, lorsqu’ils s’expriment spontanément sur les retraites, évoquent le plus souvent un âge de départ de plus en plus tardif, des cotisations considérées comme élevées et des pensions jugées inégales, notamment selon le régime d’affiliation.
- Si les personnes qui ont déjà pris leur retraite mentionnent en moyenne avoir franchi ce cap à 61 ans, les personnes qui ne sont pas encore dans ce cas anticipent plutôt un départ à 65 ans, voire 67 ans pour les plus jeunes.
- Le regard porté sur le système de retraites actuel est assez critique: en effet, il n’est majoritairement jugé ni solidaire (39%), ni pérenne (24%) ou facile à comprendre (24%) et encore moins juste entre tous les actifs (19%).
- Dans ce contexte, une large majorité de Français (74%) s’affiche favorable à une réforme du système de retraite qui consisterait à fusionner au sein d’un même système les différents régimes actuels.
A leurs yeux, une telle réforme serait susceptible de simplifier le système (82%), mais également de permettre la sauvegarde du système par répartition (74%) et d’améliorer l’équité des retraites (72%). Cependant, ils anticipent des grèves et manifestations majeures dans le pays en cas de réforme lors du prochain quinquennat (79%) et s’avèrent partagés sur l’impact d’une telle réforme concernant le niveau des retraites.
Dans le détail…
Les évocations spontanées sur les retraites laissent poindre un sentiment d’inquiétude et d’injustice
- Invités à indiquer ce qui leur vient spontanément à l’esprit lorsqu’ils pensent aux retraites, les Français mentionnent d’abord un « âge » de départ de plus en plus « tard », mais aussi des retraites jugées « inégales » et « en baisse » en dépit de cotisations qui augmentent.Nombreux évoquent les « petites retraites », les pensions « faibles » et « insuffisantes » qui plongent certains dans « la pauvreté » et « la misère ». Certains estiment que ces inégalités découlent selon eux des différents régimes de retraite, et notamment de l’appartenance au secteur privé ou public.

Les Français anticipent un départ à la retraite à un âge de plus en plus avancé
- Nous l’avons vu, un des premiers points de cristallisation lorsqu’il est question des retraites réside dans l’âge auquel cette retraite intervient.
Les retraités interrogés dans le cadre de cette enquête indiquent en moyenne être partis à la retraite aux alentours de 61 ans: 38% déclarent avoir franchi ce cap à 60 ans, 17% avant et 44% après.
- Les personnes qui n’ont pas encore pris leur retraite anticipent un départ en moyenne à 65 ans, soit 4 ans plus tard.Ils ne sont plus que 17% à se projeter dans un départ à 60 ans ou avant, quand 21% pensent partir à la retraite entre 61 et 64 ans et même 59% à 65 ans ou plus tard, dont même 31% au-delà de 65 ans. Plus on est jeune, plus le départ à la retraite est anticipé tardivement : en effet, les actifs de plus de 50 ans placent le curseur à 63 ans, tandis que ceux âgés de 35 à 49 ans le placent à 65 ans et ceux de moins de 35 ans à 67 ans.
L’âge auquel on envisage de partir à la retraite dépend également des revenus : en effet, les personnes dont le foyer dispose de moins de 1000€ de revenus nets par mois se projettent même à un départ à 68 ans en moyenne, contre 65 ans pour ceux disposant de 1000 à 2000€ par mois et 64 ans pour ceux gagnant davantage.
En revanche, notons que cet âge moyen converge que l’on soit salarié d’une entreprise publique ou privée, les fonctionnaires anticipant un départ en moyenne seulement un an plus tôt, à 64 ans.

Le système de retraites actuel apparait injuste entre les différents actifs

Les Français font preuve d’une confiance faible envers leur protection sociale et leur niveau de vie à la retraite
- Dans ce contexte, les Français font preuve d’une confiance limitée envers leur retraite, particulièrement concernant leur niveau de vie à cette période de la vie.Si 48% affichent leur confiance concernant leur état de santé à la retraite (et même 66% parmi les plus âgés et 71% parmi les plus riches), ils ne sont que 36% partager ce sentiment concernant leur protection sociale et 27% leur niveau de vie à la retraite. La proportion de « tout à fait confiants » sur ces différents points est même inférieure à 10%.

- Plus critiques sur le système actuel de retraites, les femmes, les jeunes et les membres des catégories populaires et ceux disposant de faibles revenus apparaissent assez logiquement plus inquiets sur ces différents points.Constatons également que les fonctionnaires sont moins nombreux à se déclarer confiants concernant leur niveau de vie à la retraite (19%).
La proposition d’un régime universel suscite l’adhésion mais interroge quant à son impact sur le niveau des retraites
- Peu amènes envers le système actuel de retraites et peu confiants envers leur propre situation personnelle à cette période de leur vie, les Français se déclarent majoritairement favorables (74%, dont 35% tout à fait) à une réforme du système lors du prochain quinquennat qui consisterait à fusionner les différents régimes (régime général, régime de la fonction publique, régime des indépendants ou salariés agricoles, régimes spéciaux…) en un seul et même régime de retraites.Les sympathisants de Droite soutiennent particulièrement cette mesure (88% pour 73% parmi les sympathisants du FN et 69% parmi les sympathisants de Gauche).
- Sans que les contours de ce nouveau régime universel ne soient définis, une majorité de Français considère qu’une telle réforme conduirait en premier lieu à une simplification du système de retraites, notamment pour les carrières multiples, c’est-à-dire les carrières impliquant aujourd’hui plusieurs régimes (82%, dont 34% certainement).Près de ¾ des répondants estiment même qu’une réforme de ce type permettrait de sauvegarder le système par répartition, dans lequel les cotisations des actifs permettent de payer les pensions des retraités (74%, dont 20% certainement) et qu’elle améliorerait l’équité des retraites, quelle que soit l’activité professionnelle (72%, dont 32% certainement).
Or, nous l’avons vu, il s’agit d’un point auquel les Français se montrent singulièrement sensibles. Les sympathisants de Droite, davantage en soutien à cette proposition de réforme, se montrent davantage convaincus que la moyenne de ces potentiels effets.

- En revanche, les Français se montrent plus mitigés sur l’impact d’une telle réforme sur le niveau des retraites, autre point important à leurs yeux.En effet, 56% pensent qu’elle permettrait d’améliorer le niveau des retraites (dont 15% certainement), tandis que 47% considèrent au contraire qu’elle aurait tendance à niveler les retraites vers le bas (dont 17% certainement). Les sympathisants de Droite penchent plutôt pour une augmentation des retraites (66%) tandis que les sympathisants de Gauche et les salariés du public anticipent plutôt leur réduction en cas de réforme (58% dans les deux populations), tout comme les répondants de moins de 50 ans.
- Enfin, notons que 8 Français sur 10 pensent qu’une telle réforme menée dans le cadre du prochain quinquennat engendrerait des grèves et manifestations majeures dans le pays (79%, dont 33% certainement), cette conséquence étant particulièrement annoncée par les salariés du public (85%).
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