Sondage Harris Interactive pour l’Union des Etudiants Juifs de France (UEJF) et SOS Racisme
Enquête réalisée par téléphone par l’institut Harris Interactive du 17 au 19 mai 2011. Echantillon de 1 005 individus, représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région d’habitation de l’interviewé(e).
Paris, le 23 mai 2011 — A la demande de l’UEJF et de SOS Racisme, Harris Interactive a réalisé une enquête auprès d’un échantillon national représentatif afin d’identifier les réactions des Français lorsqu’ils sont confrontés à différents préjugés.
Cette enquête, qui constitue la troisième vague d’une étude annuelle, vise à connaître les préjugés des Français. Le caractère barométrique permet, outre la mesure, de relever un certain nombre d’évolutions. Certaines questions d’actualité ont été insérées. Il s’agissait de revenir sur des événements d’actualité ayant émaillé cette année.
Quels sont les principaux enseignements de cette étude ?
Dans le détail :
Auto-évaluation de son niveau de racisme, homophobie et antisémitisme
Invités à évaluer eux-mêmes leur propre niveau de tolérance, les Français se décrivent très peu comme « racistes », et encore moins « homophobes » ou « antisémites ». 80% se déclarent en effet « pas du tout racistes », pour 6% se qualifiant de « pas très racistes », 11% de « un peu racistes » et 2% de « plutôt racistes ». 88% se qualifient également comme « pas du tout homophobes », pour 3% s’identifiant comme « pas très homophobes », 5% comme « un peu homophobes » et 3% comme « plutôt homophobes ». Une proportion plus forte encore ne se reconnaît pas dans l’antisémitisme : 89% se déclarent « pas du tout antisémites », pour 4% « pas très antisémites », 5% « un peu antisémites » et 1% « plutôt antisémites ». Notons que la proportion de personnes se déclarant « un peu » voire « plutôt » racistes est en recul par rapport à la vague de 2010 (-2 points), tandis que la proportion d’individus se décrivant « un peu » ou « plutôt » homophobes, mais aussi antisémites, est en légère progression par rapport à l’an dernier (+2 points sur les deux items). Toutefois, ces chiffres sont inférieurs à ceux de 2009.
Plus précisément, certaines catégories sont particulièrement peu susceptibles de s’attribuer ces trois qualificatifs : les catégories supérieures, où les taux de « pas du tout/pas très… » dépassent dans tous les cas 90%, et les sympathisants de Gauche, dans des proportions relativement proches. A l’inverse, les catégories populaires, et en particulier les ouvriers, se disent plus facilement racistes (16%), homophobes (12%) et antisémites (10%), de même que les sympathisants d’extrême-Droite (respectivement 36%, 9% et 13%).
Adhésion à différentes affirmations
Près de la moitié des Français (47%, soit une proportion similaire à celles de 2009 et 2010) sont d’accord avec l’affirmation selon laquelle « les étrangers savent mieux profiter du système de sécurité sociale que les autres », pour 50% n’étant pas d’accord avec cette affirmation.
Plus d’un tiers des Français sont d’accord avec deux autres affirmations : « Les juifs on plus d’influence que les autres dans les finances et les médias » (35% d’accord – +5 points -, contre 57% pas d’accord), et « les Roms sont plus souvent voleurs que les autres » (34% d’accord, contre 60% pas d’accord).
Notons également que près d’un tiers des Français (32%) soutient l’idée que « les noirs sont plus forts physiquement que les autres » (contre 64% pas d’accord). L’approbation à cette affirmation est en hausse de quatre points par rapport à 2010, ce qui peut notamment nous interroger sur la possible influence de la polémique récente sur les quotas ethniques qui auraient été envisagés par la Fédération Française de Football.
Par ailleurs, un quart des Français (25%, -3 points) est d’accord pour dire que « les arabes sont plus souvent délinquants que les autres » (contre 72% pas d’accord), quand 8% (-4 points) des sondés souscrivent à l’affirmation « les homosexuels sont plus obsédés par le sexe que les autres ».
Dans le détail, ces affirmations sont systématiquement plus approuvées par les personnes les plus âgées (65 ans et plus), mais également par ceux qui se considèrent eux-mêmes comme « racistes » et/ou « antisémites », et surtout par les sympathisants de Droite et d’extrême-Droite : les sympathisants d’extrême-Droite sont 76% à estimer que « les étrangers savent mieux profiter du système de protection sociale que les autres » (pour 61% des sympathisants de Droite, et 47% en moyenne), 60% à juger que « les arabes sont plus souvent délinquants que les autres » (pour 34% des sympathisants de Droite, et 25% en moyenne), et 59% à penser que « les Roms sont plus souvent voleurs que les autres » (pour 44% des sympathisants de Droite, et 34% en moyenne). Les sympathisants de Droite adhèrent néanmoins davantage que les sympathisants d’extrême-Droite aux affirmations sur la supériorité physique des noirs (33% Droite contre 25% Extrême-Droite, pour 32% en moyenne) ou sur l’influence des juifs dans les médias et la finance (44% contre 32%, pour 35% en moyenne).
Estimations du nombre de musulmans, de juifs, de mosquées avec minaret et de rues dans lesquelles se déroulent des prières le vendredi
Par ailleurs, les Français estiment que 1,5 millions de juifs vivent aujourd’hui en France, et ils évaluent à 5 millions le nombre de musulmans en France (chiffres médians). Notons également que près d’un Français sur cinq (18%) pense qu’il y a aujourd’hui plus de dix millions de musulmans vivant sur le territoire français, dont une partie citant un chiffre nettement supérieur : ainsi, si le chiffre médian cité par les Français est de 5 millions, la moyenne arithmétique est de 7,5 millions (et 3,7 millions pour les juifs).
Concernant plus spécifiquement la religion musulmane, la moitié des Français indiquent un chiffre inférieur à 15 et la moitié un chiffre supérieur à 15 concernant les mosquées avec minarets, 20% ne se prononçant pas. Ils indiquent un chiffre du même ordre (10) pour le nombre de rues dans lesquelles les musulmans prient le vendredi, pour 27% ne se prononçant pas. Notons que si ces chiffres médians sont relativement proches de la réalité, c’est loin d’être le cas des chiffres moyens, gonflés par les réponses extrêmes : en moyenne, il y aurait 191 mosquées avec minaret, et 185 rues occupées par des prières hebdomadaires.
On le sait, il n’existe pas de statistiques officielles. Reste que ces chiffres peuvent être aujourd’hui considérés comme dépassant vraisemblablement la réalité.
La place des préjugés dans les médias
Les Français sont très partagés sur la question de la visibilité médiatique de personnes tenant des propos critiques à l’égard des noirs, des arabes ou des homosexuels : 36% estiment qu’ils sont trop présents dans les médias, 23% qu’ils ne sont pas assez présents dans les médias, et 37% qu’ils ne sont ni trop, ni pas assez présents dans les médias. Ceux qui déplorent le plus une présence excessive de ces personnes dans les médias sont les sympathisants de Gauche (40%), tandis que ceux considérant leur présence comme étant insuffisante sont à relever parmi les ouvriers (33%), mais également ceux se considérant eux-mêmes comme racistes, homophobes ou antisémites, et surtout les sympathisants d’extrême-Droite (49%). Les catégories supérieures (45%) et en particulier les cadres (47%), ainsi que les sympathisants UMP (49%) considèrent, plus que les autres, cette présence médiatique comme équilibrée.
La manière de réagir face à un préjugé raciste
Confrontés à un préjugé raciste tenu par un membre de leur entourage, 59% affirment reprendre la personne pour la contredire (-6 points par rapport à 2010), pour 40% indiquant ne rien dire car jugeant inutile d’engager le débat sur ce thème (+8 points par rapport à 2010). Ceux qui se déclarent être les plus prompts à réagir à un préjugé raciste sont les plus jeunes (18-24 ans : 72%), les cadres (77%), les habitants de l’agglomération parisienne (77%) et les sympathisants de Gauche (66%). A l’inverse, les plus âgés (65 ans et plus : 49%), les ouvriers (53%), ceux qui se considèrent comme racistes, antisémites ou homophobes et les personnes sans sympathie politique particulière (47%) sont plus susceptibles de laisser la conversation suivre son cours pour ne pas l’engager sur ce thème.
La confiance dans les acteurs
Enfin, pour lutter contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations, les Français font toujours confiance principalement aux associations (37%, en dépit d’un recul de 3 points par rapport à 2010 ; 44% parmi les sympathisants de Gauche), et dans un second temps aux enseignants (21%, +1 point) et aux citoyens (20%, +2 points). En revanche, seuls 10% indiquent faire le plus confiance aux élus locaux (+3 points), et 7% aux élus nationaux (stable), cette confiance dans les élus étant légèrement plus forte parmi les sympathisants UMP (respectivement 17% et 13%).
En savoir plus :