Paris, le 23 avril 2015 – À la demande de L’Humanité Dimanche, Harris Interactive a interrogé les Français sur leur perception des inégalités en France et dans le monde : quelle importance accordent-ils au principe d’égalité ? Ont-ils le sentiment que les inégalités sont importantes ? Qu’elles ont progressé ou se sont réduites au cours des dernières années ? Qu’elles vont se creuser ou se lisser à l’avenir ? La lutte contre les inégalités est-elle identifiée comme une priorité, et dans quels domaines plus précisément ? Quels sont les acteurs identifiés comme les plus efficaces pour participer à la réduction de ces inégalités ?
Que retenir de cette enquête ?
Les Français se déclarent fortement attachés au principe d’égalité : 87% lui accordent une grande importance, dont près d’une personne sur deux (44%) affirme même y accorder une « très grande importance ». L’attachement est certes particulièrement
unanime parmi les sympathisants de Gauche en général (96% « grande importance ») et du Front de Gauche en particulier (99%), mais il est très nettement majoritaire parmi toutes les catégories de population.
- Invités à décrire spontanément les inégalités qu’ils identifient en France et dans le monde, le premier cas de figure qui vient à l’esprit les Français est la situation inégalitaire entre hommes et femmes, notamment en termes de salaire. Cette évocation immédiate indique sans doute que le terme d’ « inégalités » est aujourd’hui particulièrement associé dans la langue française à la question de l’égalité hommes/femmes, davantage que d’autres types d’inégalités envisageables (sociales, ethniques, culturelles, d’accès à des ressources/services, etc.)

- Les Français expriment une vision particulièrement négative de la situation, que ce soit en France ou dans le monde. Qu’il s’agisse de notre société ou davantage encore de l’international, une large majorité des personnes interrogées estime que les inégalités sont aujourd’hui importantes (82% en France, 90% dans le monde), juge qu’elles ont augmenté au cours des dernières années (72% en France, 79% dans le monde) et anticipe qu’elles vont continuer à se creuser à l’avenir (70% en France, 74% dans le monde). Le regard est à la fois particulièrement critique, rétroactivement négatif et pessimiste de la part des sympathisants de Gauche, notamment du Front de Gauche, tandis que les sympathisants de Droite ou du Front National font part d’un regard plus mitigé.
- En conséquence, plus de huit Français sur dix font de la lutte contre les inégalités une priorité : 84% jugent cela prioritaire en France, 86% pour le monde de façon générale. À chaque fois, plus de quatre personnes sur dix qualifient même cet objectif de « tout à fait prioritaire ». À un niveau plus individuel, près de trois Français sur quatre se déclarent personnellement préoccupés par la question des inégalités, en France (74%) ou dans le monde (74% également). Qu’il s’agisse de la priorité accordée au sujet ou de la préoccupation individuelle, les sympathisants de Gauche font preuve à nouveau d’un sentiment particulièrement unanime dans ce sens, mais qui est aussi largement majoritaire à Droite et au Front National.
- Plus précisément, certains domaines sont davantage identifiés comme « tout à fait prioritaires » dans la société française que dans le reste du monde : l’emploi (58% « tout à fait prioritaire » en France, 44% dans le monde), les salaires (47% en France, 36% dans le monde) et la fiscalité (41% et 25%). En revanche, d’autres domaines sont jugés particulièrement prioritaires dans le monde, mais relativement moins en France : l’accès à l’eau (51% en France, 77% dans le monde) et à la nourriture (56% et 73%), mais aussi aux soins médicaux (56% et 69%) et à l’éducation (54% et 67%). En creux, les Français associent donc la lutte contre les inégalités en France à un registre socio-économique, tandis que l’action contre les inégalités dans le monde est principalement vue par le prisme de la satisfaction de besoins élémentaires, sans doute associé aux pays en développement. L’accès au logement apparaît prioritaire pour près d’un Français sur deux (49% en France ou dans le monde). Quelle que soit l’échelle concernée, deux thématiques d’action sont jugées « tout à fait prioritaires » par moins de quatre répondants sur dix : l’accès aux services publics (33% en France, 35% dans le monde) et la possession de patrimoine (16% et 19%). De façon transversale, les sympathisants de Gauche – et tout particulièrement du Front de Gauche – accordent un niveau de priorité plus élevé à chaque domaine que les sympathisants de Droite ou du Front National.

- Parmi différents acteurs possibles dans cette lutte contre les inégalités, seuls trois sont jugés efficaces par une majorité de Français : les associations ou ONG (65% les jugent efficaces en France, 65% dans le monde), les citoyens eux-mêmes (57% en France et 51% dans le monde) et les institutions internationales (49% et 54%). Les Français portent donc un regard plus positif sur l’efficacité d’acteurs cristallisant habituellement moins la défiance des Français, par opposition à l’Union européenne (34% la jugent efficace en France et 31% dans le monde), aux entreprises (34% et 29%), aux médias (31% et 30%), aux gouvernements (27% et 21%) et aux syndicats (27% et 20%). Enfin, moins de deux personnes sur dix jugent efficaces les partis politiques (17% et 15%), signe de la crise de représentation qui frappe les représentants politiques, ou encore les banques (16% et 16%). Notons le scepticisme exprimé par les sympathisants du Front National, toujours minoritaires à qualifier d’ « efficace » chaque acteur évoqué, tandis que les sympathisants de Gauche portent un jugement davantage positif sur les syndicats (47% en France, et même 60% pour les sympathisants du Front de Gauche) et ceux de Droite un regard davantage bienveillant sur les entreprises (45% en France).

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