Enquête réalisée par Harris Interactive en ligne du 29 mai au 2 juin 2020. Échantillon de 2 713 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région d’habitation de la personne interrogée.
La crise sanitaire liée au COVID-19 a bousculé les comportements, les attitudes et les habitudes des Français ; les obligeant souvent à reconsidérer leurs projets professionnels et personnels. C’est dans ce contexte que la Fondation Entreprendre souhaite appréhender l’un des projets professionnels en particulier, l’entrepreneuriat, au travers de l’analyse des représentations des Français dans ce domaine. A cette fin, Harris Interactive a interrogé un échantillon représentatif de la population française près de deux semaines après le début du déconfinement. Il s’agit à travers cette enquête de mesurer les éventuels effets de la crise que nous connaissons sur le désir d’entreprendre, d’analyser la manière dont cette période inédite peut exacerber des tendances déjà présentes par le passé ou au contraire influencer les aspirations ou trajectoires professionnelles de manière différente, constituer des opportunités ou au contraire renforcer des inquiétudes inhérentes à ce type de projet, accentuer ou au contraire freiner la propension à vouloir se réaliser à travers un projet professionnel personnel.
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Quels sont les principaux enseignements de cette étude ?
- Spontanément, l’entrepreneuriat est associé aux termes d’indépendance et de liberté que permet ce statut; Dans le même temps, les Français évoquent aussi de manière récurrente les risques et les difficultés inhérentes à l’entrepreneuriat.
- A l’heure de la pandémie mondiale, 4 Français sur 5 estiment que la création d’entreprise est risquée (dont 46% de « oui, tout à fait »), un aspect traditionnellement associé à l’entrepreneuriat mais qui se trouve renforcé avec la crise actuelle. Parallèlement, nombre de Français (76%) soulignent que la création d’entreprise permet de se réaliser personnellement dans des secteurs qui donnent du sens à son travail, dont ¼ qui l’estiment tout à fait. Enfin, dans un contexte de tension économique, où l’emploi se trouve grandement fragilisé, la création d’entreprise reste pour un Français sur deux une alternative professionnelle intéressante et 45% d’entre eux estime que cela est tentant. Dans le détail, les Français actuellement à leur compte ont tendance à s’exprimer plus positivement sur le sujet, de même que les hommes d’une manière générale ainsi que les personnes habitant en Ile-de-France.
- Invités à se projeter dans l’avenir et à anticiper les effets de cette crise sanitaire mais également économique, 24% des Français estiment que les conditions actuelles vont doper l’envie d’entreprendre, quand 43% se veulent plus prudents, pensant que cette situation va plutôt contribuer à freiner au moins temporairement la création d’entreprise ou favoriser le report des projets. A l’inverse, 33% estiment que les difficultés actuelles auront avant tout pour effet de décourager les initiatives.D’un point de vue plus personnel, en imaginant qu’ils aient eux-mêmes un projet de création d’entreprise, les Français affichent une posture sensiblement plus combative que ce qu’ils projettent sur les autres : 26% redoubleraient d’envie de mener à bien leur projet, 48% le différeraient dans le temps sans pour autant l’abandonner, et enfin 26% l’abandonneraient.Au final, si le contexte actuel génère indéniablement une frilosité majoritaire, et avec elle une forme de prudence mécanique, il ne semble pas toutefois favoriser l’émergence d’attitudes ou d’intentions qui viendraient rompre brutalement avec un état d’esprit voire des projets prévus peu de temps avant la crise : 38% des personnes actuellement à leur compte souhaiteraient redoubler d’effort pour poursuivre leur projet, jusqu’à 48% parmi celles qui avaient un projet de création d’entreprise avant la crise du COVID-19 (soit 21% de l’échantillon).
- 64% des Français déclarant qu’ils reporteraient ou abonneraient leur projet de création d’entreprise évoquent comme principal frein leur inquiétude relative au contexte économique actuel et dans les mois à venir, le second frein, très loin derrière ce premier motif est lié au contexte sanitaire et aux contraintes associées pour exercer leur activité (28%). Dans une moindre mesure, les Français déclarant qu’ils reporteraient ou abandonneraient leur projet de création d’entreprise estiment que le contexte actuel général les empêche de se projeter (21%) encore davantage auprès des hommes (23%). Enfin, certaines catégories de population se distinguent sur la perte de moyens financiers pendant la crise qui ne leur permet plus de financer leur projet. A ce titre, les femmes (18%), les jeunes (20%) et les revenus les plus modestes (21%) se distinguent davantage que la moyenne (15%).
- Au-delà des prises de conscience des difficultés que la crise sanitaire peut présenter à la création d’une entreprise, la crise actuelle amène les personnes ayant un projet de création d’entreprise (ou souhaitant en développer un) à faire évoluer ce projet, en le repensant (70% de « oui »), en le faisant mûrir ou encore en l’adaptant (60% de « oui »).
- Enfin, les Français tentés par l’entrepreneuriat déclarent qu’avec la crise, leur volonté de s’en sortir par eux-mêmes en créant leur propre emploi est plus importante encore que par le passé. Dans une moindre mesure, la volonté d’exercer une activité respectueuse de l’environnement et tournée vers l’intérêt collectif émerge également comme des motivations importantes. Si ces dernières ne sont sans doute pas nées de la crise, elles s’en trouvent néanmoins a minima préservées, au mieux renforcées.
- Enfin, l’aspect rémunérateur et la volonté de créer une activité qui contribue à créer de l’emploi sont des aspects sensiblement plus secondaires pour les personnes envisageant ou tentées par l’entrepreneuriat. Ces dimensions restent toutefois déterminantes aux yeux de certaines franges de population, notamment les plus jeunes et les foyers à faibles revenus (plus inquiets ou anxieux à l’égard du contexte que la moyenne) envisageant de créer leur entreprise, encore plus fragilisés sur le plan économique dans ce contexte de crise.
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