Paris, le 17 juin 2014 – A la demande du Parisien – Aujourd’hui en France, Harris Interactive a réalisé une enquête auprès des Français afin de déterminer leur attitude à l’égard du mouvement de grève actuellement en cours à la SNCF. Alors que le mouvement, qui défend un report de la réforme ferroviaire, dure depuis une semaine, les Français ont-ils le sentiment de connaître les revendications des grévistes ? Soutiennent-ils ou non le mouvement ? Et à qui accordent-ils leur confiance pour envisager une résolution du conflit ?
Que retenir de cette enquête ?
- Alors que le conflit entrait ce lundi dans son 6ème jour, seul un tiers des Français (34%) déclarait connaître les revendications des grévistes et voir précisément ce dont il s’agissait. Une même proportion indiquait avoir une idée imprécise de ces revendications, quand 30% mentionnaient ne pas les connaître. Certes, les personnes âgées d’au moins 65 ans (42%), les habitants de la région parisienne (46%), les usagers fréquents du train (49%) ou encore les Français se sentant proches d’un syndicat (44%) font montre d’une connaissance un peu plus forte des motifs de la grève, mais dans des proportions toujours minoritaires. Le premier constat est donc celui d’une difficulté d’appréhension des enjeux du mouvement.
- De manière spontanée, interrogés sur les évocations que suscitent chez eux le mouvement de grève, les Français abordent d’ailleurs assez peu les revendications des grévistes. Très peu évoquent la réforme ferroviaire, ou alors pour souligner leur méconnaissance à ce sujet. C’est plutôt l’attitude des grévistes qui est jugée, souvent de manière négative, ainsi que les conséquences pour les usagers. Nombreux évoquent d’ailleurs ce qu’ils considèrent être comme « une prise d’otages des usagers » : « Quand cesseront-ils de prendre les clients en otages ? » / « Chantage, voyageurs otages, grève politique » / « Ras-le-bol, prise d’otages ». Il est intéressant de relever qu’en reprenant à leur compte le terme d’ « usagers », les Français ne s’inscrivent pas seulement dans une relation commerciale avec la SNCF mais perçoivent l’entreprise comme porteuse de missions de service public.
Les grévistes sont tour à tour qualifiés de « fonctionnaires » opposés aux salariés du privé gênés par la grève, de « privilégiés », de « nantis », qui défendent leurs acquis sans tenir compte du contexte de crise. Le mouvement est quant à lui qualifié de « honteux », de « scandaleux », d’« inadmissible ». Toutefois, une minorité affiche une attitude, si ce n’est de soutien, en tout cas de plus grande compréhension envers la grève, même si cette modalité d’action ne leur apparait pas toujours comme la plus adaptée : « Mouvement légitime, gouvernement irresponsable, naïveté des usagers, manque de solidarité des Français. » / « Défense de leur statut, mais incompréhension de la prise d’otages qu’ils font avec les usagers, ils feraient mieux de penser un mouvement de grève plus populaire pour les usagers comme appliquer la gratuité à tout le monde. » / « Quand on fait grève, c’est qu’on n’a pas d’autres moyens d’être entendu, et ça peut être légitime. Mais les syndicats devraient trouver d’autres actions qui ne les couperaient pas du public. »

- Dans ce contexte, une très grande majorité des Français se déclare opposée à ce mouvement : 76%, dont 47% indiquent même y être tout à fait opposés. A l’inverse, seuls 22% le soutiennent, dont 7% tout à fait. Le soutien au mouvement est un peu plus prononcé, mais demeure minoritaire, parmi ceux qui déclarent connaître les revendications des grévistes (26%), les sympathisants de Gauche (34%) et les Français se déclarant proches d’un syndicat (36%). Quant aux sympathisants de Droite, ils forment les plus virulents à l’égard du mouvement de grève (90% opposés).

- Aucun acteur ne recueille la confiance d’une majorité de Français pour trouver une résolution au conflit qui oppose le gouvernement et les syndicats grévistes : 41% indiquent faire confiance à la SNCF pour trouver une issue à la grève, 37% à la CFDT Cheminots (qui n’appelait pas à la grève), 29% à FO Cheminots, 27% au Gouvernement, 26% à UNSA Rail (syndicat sur la même ligne que la CFDT), et moins d’un Français sur cinq aux deux derniers syndicats appelant à la poursuite de la grève : la CGT Cheminots (22%) et Sud Rail (18%). Relevons que les sympathisants de Gauche affichent à une courte majorité leur confiance envers la SNCF (54%) et le Gouvernement (54%), ainsi qu’envers la CFDT Cheminots (59%), mais ne sont que 35% à déclarer faire confiance à la CGT Cheminots et 27% à Sud rail pour trouver une issue à la grève.
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