Paris, le 19 janvier,
Quel regard les Français portent-ils sur la politique étrangère de leur pays ? Dans un monde globalisé où les défis mondiaux sont multiples (crise sanitaire, crise écologique, conflits à travers le monde, relations avec la Chine, la Russie…) chaque nation est engagée à divers niveaux en matière de politique étrangère.
Dans ce cadre, le cabinet d’affaires publiques MGH Partners a sollicité Harris Interactive afin de réaliser une étude sur la perception qu’ont les Français de la politique étrangère de leur pays.
On peut voir des Français qui ne sont pas uniquement tournés vers eux-mêmes tels qu’ils sont fréquemment décrits et une perméabilité forte aux grands enjeux internationaux.
Que retenir de cette étude ?
Dans ses relations avec les autres pays du monde les Français estiment majoritairement que la France devrait plutôt se méfier des autres pays (61%), une minorité de Français considérant à l’inverse qu’il faut que la France fasse confiance aux autres pays du monde (37%). Il est intéressant de noter que cette position de défiance attendue est partagée par l’ensemble des catégories de population. Certes, les jeunes, les sympathisants de gauche et les proches d’Ensemble Citoyens ! estiment plus que les autres que la France devrait faire confiance aux autres pays du monde, mais jamais de manière majoritaire.
Il est intéressant ainsi de relever que, selon les Français, pour renforcer son poids dans le monde la France devrait dépenser plus pour son renseignement (48%), pour sa défense (44%) et pour son aide au développement (40%). Moins pour sa diplomatie (pour laquelle les Français attendent plutôt de conserver le même niveau de dépense).
Dans le détail, les Français identifient comme priorités pour la politique étrangère de la France à la fois des missions de défense mais aussi d’influence. Si faire face à la menace terroriste et promouvoir les intérêts économiques de la France sont les deux priorités qui émergent, l’action contre le dérèglement climatique, le contrôle des frontières françaises, la défense contre les puissances extérieures et celle des Droits de l’Homme sont également mises en avant.
Pour faire avancer ses positions dans le monde une majorité relative de Français (44%) estime par ailleurs que la France devrait parler directement avec tous les acteurs internationaux, y compris à des puissances qui ne sont pas des alliées, plutôt que de négocier directement avec les pays alliés ou encore de s’appuyer avant tout sur la diplomatie des instances européennes et internationales.
Ceci étant dit, lorsqu’un pays démocratique connait un coup d’Etat, plus de 8 Français sur 10 estiment que la France doit faire connaitre son désaccord, moins de 6 Français sur 10 que la France doit imposer des sanctions économiques, 4 Français sur 10 qu’elle devrait couper ses relations diplomatiques et 1/4 que la France devrait intervenir militairement. Loin d’une attitude isolationniste, les Français se montrent ainsi plutôt en faveur d’une intervention de la France dans ce genre de situation : 7 Français sur 10 estiment que la France doit imposer au moins une sanction contre 19% qu’elle devrait seulement signifier son désaccord (et 11% qu’elle ne devrait rien faire).
Quelles sont par ailleurs les menaces pour la France perçues par les Français ainsi que les recours possibles ? D’une manière générale, les Français estiment que les pays occidentaux, et surtout européens (Italie, Allemagne, Espagne) sont des alliés pour la France. Néanmoins, après l’affaire du contrat d’achat de sous-marins avec l’Australie, seul 1 Français sur 2 en pense de même pour les Etats-Unis, 40% pour le Royaume-Uni et 37% pour l’Australie (perçue par une moitié de Français comme n’étant ni un allié ni une menace). A l’inverse, notons en revanche que le Qatar, les Emirats Arabes Unis, la Russie, l’Algérie, l’Arabie Saoudite, le Mali, la Chine et la Turquie sont perçus davantage comme des menaces que comme des alliés.
Les Français estiment néanmoins majoritairement que si la France était attaquée militairement elle pourrait compter sur le soutien de plusieurs pays et institutions, en premier lieu l’UE (82%), l’OTAN (78%), les Etats-Unis (75%) ou encore le Royaume-Uni (65%). La hiérarchie qui s’opère dans l’esprit des Français entre alliés européens et autres anglo-saxons (d’Outre-manche ou d’Outre-Atlantique) contribue à expliquer le niveau élevé de soutien des Français à la mise en place d’une défense commune des pays européens (3/4 d’entre eux y sont favorables).
Enfin, notons que si moins de la moitié des Français estime que la France pourrait compter sur le soutien de pays africains amis en cas d’attaque militaire (47%), les Français estiment majoritairement que c’est une bonne chose que la France entretienne de bonnes relations avec certains pays africains et arabes (bien que de façon moins appuyée en ce qui concerne l’Algérie et le Mali).
Cette enquête abordait également le point de vue des Français sur certaines prises de position récentes de la part de la France en matière de politique étrangère, et en majorité les Français se montrent partagés ou n’ont pas d’avis sur la question quant à l’engagement de la France dans certaines situations internationales (comme la distribution de vaccins aux pays pauvres, la mise en place de nouvelles règles fiscales internationales, le retrait américain d’Afghanistan ou encore la crise ayant débouché sur une guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan). Notons cependant que près d’1 Français sur 2 estiment que la réaction de la France n’a pas été à la hauteur après l’annulation du contrat d’achat de sous-marins par l’Australie, un évènement international qui a visiblement marqué les esprits.
Enfin, concernant les attentes concrètes en matière de politique étrangère pour l’avenir et dans le contexte de crise migratoire mondiale, 1 Français sur 2 estime que la France devrait accueillir moins d’immigrés réfugiés à l’avenir, contre 1/3 estimant qu’elle devrait en accueillir autant (et 16% qu’elle devrait en accueillir plus). Par ailleurs, plus de 7 Français sur 10 estiment que la France et l’Europe devraient être plus fermes à l’avenir vis-à-vis des pays promouvant un Islam politique (comme la Turquie ou le Qatar, deux pays, rappelons-le, que les Français voient avant tout comme des menaces).