Enquête menée du 6 au 26 septembre 2020. Echantillon représentatif de 2010 salariés. Construit selon la méthode des quotas sur la base des critères suivants : sexe, âge, csp, région, secteur d’activité et taille de l’entreprise. Interrogation en ligne. Echantillon représentatif de 405 dirigeants d’entreprise. Construit selon la méthode des quotas sur la base des critères suivants : secteur d’activité et taille de l’entreprise. Les plus grandes entreprises ont été sur-représentées au moment de l’interrogation afin de disposer de résultats sur cette taille d’entreprise. Elles ont ensuite été remises à leur poids réel dans les résultats d’ensemble. Interrogation mixte en ligne et par téléphone.
55% des salariés indiquent vivre actuellement au moins une situation de fragilité(chiffre stable par rapport à l’étude de 2018) : 42% une situation de fragilité d’origine personnelle et 33% une situation de fragilité d’origine professionnelle. Notons que ces situations peuvent donc se cumuler puisque 35% indiquent vivre plusieurs situations de fragilité. Les situations les plus répandues sont :
Pour les fragilités d’ordre personnel: les maladies graves, le fait d’être salarié aidant, les grandes difficultés financières, les souffrances psychologiques et les difficultés d’ordre familial.
Pour les fragilités d’origine professionnelle: l’épuisement, la perte de sens, l’usure liée à des conditions de travail éprouvantes, les difficultés de conciliation vie privée / vie professionnelle et les conditions d’emploi précaires.
Presque toutes les entreprises sont dès lors concernées par ces situations de fragilité: 70% des dirigeants mentionnent compter au sein de leur effectif des salariés en situation de fragilité, cette proportion atteignant 93% parmi les entreprises de plus de 10 salariés. Les dirigeants restituent plutôt bien les situations de fragilité vécues par leurs salariés, à l’exception notable des salariés aidants, dont le nombre semble sous-estimé par les dirigeants.
Ces situations de fragilité peuvent, au moins pour certaines, engendrer des conséquences négatives pour le salarié concerné comme pour son équipe ou plus largement l’entreprise: déficit d’engagement et de productivité, qualité de vie au travail et climat social dégradés…
Dès lors, dirigeants comme salariés s’accordent très majoritairement sur les bénéfices à retirer d’une action résolue pour prévenir et accompagner les situations de fragilité des salariés : une entreprise qui agit est vue comme une entreprise plus performante socialement (par 88% des salariés et 83% des dirigeants) mais aussi économiquement (79% des salariés et 71% des dirigeants).
Pourtant, des freins à l’action déjà identifiés en 2018 persistent, d’un côté comme de l’autre : les salariés craignent d’être stigmatisés (40%), pénalisés dans leur carrière (35%), voire licenciés (35%) s’ils partagent une situation de fragilité, quand les dirigeants ont peur de paraître intrusifs (47%) et de ne pas respecter la confidentialité de certaines situations de fragilité (37%).
Les entreprises sont vues comme de plus en plus légitimes pour intervenir sur les situations de fragilité, qu’elles soient d’origine professionnelle (89% des dirigeants et 78% des salariés) ou même d’origine personnelle (65% des dirigeants, 51% des salariés).
La crise actuelle que nous traversons, liée à l’épidémie de Covid-19, a pu jouer un rôle d’accélérateur de cette prise de conscience. En effet, elle a exacerbé le sentiment de fragilité des salariés devant le risque infectieux, mais également devant les risques économiques (perte de revenus, perte d’emploi…) et elle semble avoir rendu les entreprises plus conscientes des situations de fragilité de leurs salariés. Les entreprises disent avoir prêté plus attention aux situations de fragilité de leurs salariés (à hauteur de plus de 70%, que leur origine soit personnelle ou professionnelle) et plus de la moitié des salariés considèrent que leur entreprise a suffisamment prêté attention aux situations de fragilité d’origine personnelle (59%) ou professionnelle (56%) nées de la crise.
Les attentes des salariés restent toutefois fortes et pas nécessairement remplies aujourd’hui par les entreprises. En effet, aujourd’hui, seuls 48% des salariés indiquent que leur entreprise agit, à travers au moins un type d’actions, sur les situations de fragilité quand 76% des entreprises disent le faire. Plus encore qu’actuellement, les salariés attendent de multiples actions, aux premiers rangs desquelles des actions de prévention des risques professionnels, des possibilités d’aménagement du temps et des conditions de travail pour les salariés fragilisés mais aussi une évolution des mentalités et une sensibilisation / formation plus forte des dirigeants et managers pour détecter et accompagner les salariés fragilisés. Spontanément, les salariés indiquent d’ailleurs vouloir avant tout une posture plus à l’écoute et plus bienveillante de l’entreprise.
Ceci semble d’autant plus important que 56% des salariés et 57% des dirigeants anticipent une multiplication des situations de fragilité à l’avenir.
Et si 56% des dirigeants pensent que leur entreprise va y accorder plus d’attention à l’avenir (sous l’effet de la crise récente et/ou de l’accroissement du rôle social des entreprises), les salariés en sont un peu moins convaincus (37%).