Enquête réalisée en ligne les 20 et 21 décembre 2018. Échantillon de 5 227 Européens, composé de 5 échantillons représentatifs de la population nationale âgée d’au moins 18 ans dans chacun des pays suivants : Échantillon de 1 051 personnes représentatif de la population âgée de 18 ans et plus en Allemagne ; Échantillon de 1 059 personnes représentatif de la population âgée de 18 ans et plus en France ; Échantillon de 1 068 personnes représentatif de la population âgée de 18 ans et plus au Royaume-Uni ; Échantillon de 1 037 personnes représentatif de la population âgée de 18 ans et plus en Italie ; Échantillon de 1 012 personnes représentatif de la population âgée de 18 ans et plus en Espagne. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes dans chaque échantillon national : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).
Le poids de chaque pays dans l’échantillon global a été pondéré en fonction du nombre d’habitants âgés de 18 ans et plus dans chaque pays.
À la demande de l’Agence spatiale européenne (ESA), Harris Interactive a interrogé les habitants des cinq pays les plus peuplés d’Europe pour mieux comprendre leurs représentations et leurs attentes à l’égard des activités spatiales : des échantillons représentatifs de la population majeure vivant en Allemagne, en France, au Royaume-Uni, en Italie et en Espagne – à chaque fois composés d’au moins 1 000 personnes – ont ainsi été amenés à s’exprimer sur différentes thématiques associées à l’espace, à la toute fin de l’année 2018.
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Que retenir de cette enquête ?
Les Européens associent l’espace à un imaginaire à la fois riche et positif, les activités spatiales européennes permettant selon eux de stimuler la recherche et de faire rêver le public
- Invités à citer spontanément les mots qui leur viennent à l’esprit quand ils pensent aux activités spatiales, les Européens citent avant tout des corps célestes : les « planètes » et les « étoiles » de façon générale, mais surtout la Lune et Mars en particulier – preuve que les missions menées au cours des dernières décennies par les agences spatiales ont une incidence forte sur la mémoire collective. Justement, certains acteurs spatiaux sont également cités spontanément par les Européens : l’agence américaine NASA figure au premier plan des représentations, de même que les « astronautes » de façon générale. Plus précisément, les noms exacts des figures ayant récemment séjourné à bord de la station spatiale internationale (ISS) sont largement cités par les habitants des pays concernés : Thomas Pesquet par les Français et Alexander Gerst par les Allemands.
- Dans l’ensemble, l’imaginaire des activités spatiales est restitué de façon positive par les Européens : 90% d’entre eux déclarent en avoir une bonne image de façon générale. Dans tous les pays interrogés, plus de 85% des habitants expriment un regard positif, particulièrement unanime dans les pays du sud de l’Europe (92% en Espagne, 95% en Italie).
- Si les activités spatiales en général disposent d’une bonne image, elles le doivent sans doute aux multiples avantages indirects qui sont attribués par les Européens aux activités spatiales menées sur leur continent, notamment dans la capacité de stimuler la recherche et le progrès scientifiques (91%), de faire rêver les gens (85%) et, plus précisément, d’inspirer les jeunes générations (84%). Sur un registre plus concret, les Européens acquiescent également à l’idée que les activités spatiales européennes favorisent la coopération entre les pays (83%) et créent des emplois (78%). En revanche, ils sont un peu plus partagés quant à savoir si les activités spatiales européennes font partie de l’identité de l’Europe (69% oui), ou qu’elles apportent des avantages directs aux citoyens, par exemple en créant de la richesse économique (64%) ou en facilitant la vie au quotidien (53%). Cette dimension facilitatrice est particulièrement peu citée par les Allemands et les Britanniques.
Aujourd’hui, les activités spatiales sont surtout associées par les citoyens à une meilleure connaissance de l’univers et de la Terre, leurs attentes prioritaires pour l’avenir se recentrant davantage sur la planète bleue, qu’il s’agit de mieux comprendre mais aussi de mieux protéger
- De façon quasi-unanime, les Européens identifient 3 grands registres d’utilité aux activités spatiales telles qu’elles existent aujourd’hui : ils estiment que ces activités permettent avant tout de mieux comprendre l’univers dans son ensemble (93%) et notre système solaire (92%) ; ils considèrent ensuite que les activités spatiales offrent une fenêtre d’observation privilégiée sur notre propre planète, pour mieux la comprendre (86%) et identifier les effets du changement climatique (85%) ; ils reconnaissent enfin leur capacité à faciliter la vie sur terre, que ce soit en rendant les transports plus aisés (89%), ou en développant les moyens de communication (85%). En mineur, près de 3 Européens sur 4 estiment également que les activités spatiales permettent de protéger les infrastructures spatiales contre des menaces présentes dans l’espace (77%) voire de protéger l’espèce humaine contre des menaces extraterrestres (73%). Ce dernier point, pourtant régulièrement alimenté par la science-fiction, reste finalement l’utilité la moins associée aux activités spatiales par les Européens (sauf en Espagne).
- Et pour l’avenir, les Européens jugent particulièrement prioritaire que les activités spatiales développent l’observation de la Terre : l’identification des effets du changement climatique (53% « tout à fait prioritaire ») et une meilleure compréhension de ce qui se passe sur notre planète (45%) sont ainsi les 2 premières priorités identifiées par les Européens. La dimension exploratoire reste présente, mais dans une légèrement moindre mesure (sauf en Allemagne) : 44% estiment « tout à fait prioritaire » que les activités spatiales fassent avancer la connaissance de l’univers, 38% qu’elles explorent le système solaire. Enfin l’objectif de protection de l’espèce humaine (39%) et des infrastructures spatiales (36%) apparaît légèrement plus important que la facilitation de la vie sur terre : transports (33%), moyens de communication (83%).
- Une information complémentaire permet d’ailleurs d’éclairer cette importance élevée accordée à la protection : environ 3 Européens sur 4 considèrent les débris spatiaux (78%), les astéroïdes (74%) et les éruptions solaires (73%) comme des menaces importantes ; soit toutefois moins que concernant le risque de piratage informatique (88%).
Les Européens identifient 2 « superpuissances » spatiales historiques : États-Unis et Russie, que l’Europe ne peut concurrencer qu’en mutualisant les moyens affectés aux activités spatiales par les différents pays du continent
- Invités à estimer le poids de différents acteurs dans les activités spatiales, les Européens désignent unanimement les États-Unis et la Russie comme les deux superpuissances de l’espace : ces deux pays ont un poids jugé important par plus de 9 personnes sur 10, celui des États-Unis étant même qualifié de « très important » par 56% et celui de la Russie par 46%. Aux yeux des Européens, le principal acteur à même de concurrencer ces 2 géants n’est pas tant la Chine (79% important, dont 29% « très important) que l’Europe : 85% attribuent un rôle important à leur continent, dont 33% un poids « très important ». Dans tous les pays, le poids spatial attribué à l’Europe dépasse d’ailleurs celui attribué à son propre pays : cette supériorité européenne sur les activités spatiales nationales est particulièrement marquée en Espagne (83% contre 52%), elle se vérifie également en Italie (87% contre 75%) et, dans une moindre mesure, en Allemagne (88% contre 83%), au Royaume-Uni (81% contre 74%) et en France (85% contre 82%).
- Quel que soit le poids que les Européens attribuent aux activités spatiales de leur propre pays, tous ou presque s’accordent à affirmer qu’il faut que les pays européens mutualisent leurs moyens pour les activités spatiales : 91% jugent que cette mutualisation est importante. Même les Britanniques, dans un contexte lourdement marqué par le « Brexit » et la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, sont 85% à estimer important que les pays européens mutualisent leurs moyens pour les activités spatiales. Ce consensus s’explique sans doute par le sentiment – qui se confirmera dans une question ultérieure – que les activités spatiales constituent un poste de dépense important pour les finances publiques des pays concernés.
Enfin, les Européens surestiment considérablement le coût des activités spatiales pour la collectivité
- Enfin, les Européens surestiment considérablement le coût induit par les activités spatiales pour les finances publiques de leur pays. Ainsi, alors que cela représente environ 10€ par an et par citoyen dans les pays concernés , les personnes ayant répondu à cette enquête sont très minoritaires (33%) à citer un ordre de grandeur pertinent (moins de 20€). En moyenne, les Européens estiment le coût des activités spatiales à 245€ par an et par citoyen, soit plus de vingt fois le montant réel. Cette exagération est particulièrement prononcée en Allemagne (284€ en moyenne), légèrement moins en France (205€).
Au final, les Européens expriment donc un intérêt indéniable pour les activités spatiales, qu’ils perçoivent par un prisme positif : en ayant globalement une bonne image, ils ont le sentiment que celles-ci permettent d’atteindre simultanément de multiples objectifs ; ils souhaiteraient que celui de mieux comprendre notre planète soit encore davantage valorisé.
Une tension existe toutefois en ce qui concerne le coût représenté pour la collectivité : les Européens assimilent les activités spatiales à des dépenses importantes, comme l’illustre la grossière surestimation du coût annuel pesant sur chaque citoyen. Pour résoudre cette tension et concurrencer les « géants » américain et russe, le principe de mutualisation des moyens entre pays européens est jugé unanimement important par les citoyens.
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