Enquête réalisée en ligne du 13 janvier au 16 février 2017. Échantillon de 145 étudiants en journalisme. Les écoles/établissements participants à cette enquête sont les suivantes : CUEJ, EJCAM, ESJ Paris, IEJ Strasbourg, IFP, IJBA, ISCPA Lyon, ISCPA Paris, ISFJ, IUT Lannion, IUT Nice-Cannes, IUT Tours, Licence Pro journalisme à l’université de Clermont-Ferrand.
Influencée positivement par des marqueurs culturels comme l’émission de M6 « L’amour est dans le pré » ou le salon de l’agriculture (organisé chaque année), la profession est néanmoins touchée par des difficultés économiques et des perceptions plus négatives concernant notamment les pratiques de certains agriculteurs, jugées non-respectueuses de la santé et de l’environnement.
Le traitement médiatique ayant nécessairement un impact sur la perception par le grand public d’un secteur, Campagnes TV et Clef ont souhaité analyser la perception des futurs journalistes sur le monde agricole. Pour ce faire, ils ont sollicité l’institut Harris Interactive afin de réaliser une consultation auprès des étudiants en journalisme, au sein des écoles et des formations les plus reconnues du secteur. Le dispositif a été expliqué aux responsables d’établissements et de formations, les écoles ayant accepté de participer à cette enquête ont ensuite envoyé le lien du questionnaire à leurs étudiants. 13 établissements ont accepté de solliciter leurs élèves ce qui a permis de recueillir l’avis de 145 étudiants en journalisme.
Depuis plusieurs années, l’actualité est régulièrement marquée par les difficultés auxquelles sont confrontés les agriculteurs (notamment les éleveurs et les céréaliers) : difficultés économiques, contraintes du marché industriel et mondial, certains agriculteurs finissent parfois par mettre fin à leurs jours, submergés par ces obstacles. Les étudiants en journalisme ont conscience de ces difficultés et les mentionnent spontanément lorsqu’on leur demande ce que leur évoque le mot « agriculteurs » : « suicide », « difficultés », « crise » font partie des termes spontanément employés par les futurs journalistes. Ceux-ci perçoivent les agriculteurs comme des personnes passionnées par leur métier, au profil « courageux et travailleur », mais estiment qu’ils n’ont pas une grande reconnaissance sociale.
De façon générale, les étudiants interrogés ont une bonne image des agriculteurs et les identifient comme des acteurs importants pour l’économie française. 97% des étudiants interrogés sont d’accord pour considérer que « les agriculteurs sont indispensables pour faire vivre les territoires ruraux » (74% sont même tout à fait d’accord avec cela), 96% estiment qu’ils sont « passionnés par leur métier. »
Les étudiants en journalisme interrogés ont une très bonne image des agriculteurs dans leur ensemble (94% déclarent en avoir une bonne opinion dont 28% une très bonne). Une distinction s’opère néanmoins en fonction du secteur des agriculteurs. L’opinion reste très bonne pour ceux spécialisés dans la culture de fruits et de légumes (94%) ou dans la culture de céréales (81%) mais un peu moins pour les éleveurs (66%). Parmi différentes hypothèses, l’image des éleveurs a pu être dégradée par les récents scandales comme par exemple les cas de mauvais traitements à l’égard d’animaux, qui ont été largement débattus dans les médias généralistes.
De façon plus précise, les étudiants reconnaissent certains atouts de l’agriculture comme son poids dans l’économie française, l’offre d’une alimentation de qualité (83% sont d’accord pour affirmer que l’agriculture permet aux hommes d’avoir accès à une alimentation de qualité) et à prix abordable (74%). Si spontanément les futurs journalistes mentionnaient les difficultés du secteur, 88% d’entre eux sont pourtant d’accord pour affirmer que « l’agriculture est un secteur clé de l’économie française » (dont 53% « tout à fait d’accord »).
49% des étudiants interrogés estiment que le métier d’agriculteur est réglementé correctement (contre 27% qui pensent qu’il est trop encadré et 24% pas assez). Ils pensent néanmoins très majoritairement (83%) que « l’agriculture est dépendante des aides publiques ».
Si de façon générale, les étudiants interrogés reconnaissent les bienfaits de l’activité agricole sur l’économie française et locale et sur la finalité qui est de produire des produits de qualité, ils se montrent plus sceptiques concernant l’attention que les agriculteurs portent aux conséquences de leurs pratiques sur l’environnement ou sur la santé (respectivement 61% et 62% ne sont pas d’accord pour considérer qu’ils sont attentifs à ces deux points). D’ailleurs, les futurs journalistes estiment que les agriculteurs ne prennent pas souvent la parole sur ces deux sujets (respectivement 86% et 90%).
Une courte majorité des futurs journalistes interrogés (52%) a le sentiment que les agriculteurs prennent rarement la parole dans le débat public français. Dans le détail, ils estiment qu’ils prennent davantage la parole pour valoriser « leur capacité à faire vivre les territoires ruraux » (49% estiment qu’ils prennent souvent la parole sur ce sujet), moins sur « leur contribution à la croissance de l’économie française » (35%) et leur « capacité à innover » (20%).
Concernant le traitement médiatique des thématiques agricoles, les journalistes estiment que l’ensemble des acteurs concernés devraient davantage prendre la parole, au premier rang desquels les agriculteurs eux-mêmes (89% des étudiants le pensent), puis les scientifiques (64%), les médias généralistes (58%) et les ONG (58%).
Plus des trois quarts (76%) des futurs journalistes interrogés estiment que les sujets liés à l’agriculture ne sont pas suffisamment traités par les médias français. Selon ces étudiants, les médias qui savent le mieux traiter les sujets liés à l’agriculture sont les médias régionaux ou locaux (83%) et les médias spécialisés agricoles (66%), beaucoup plus que les médias nationaux (17%) ou les réseaux sociaux (12%).
Aux yeux des futurs journalistes, les déplacements de terrain sont essentiels : 84% estiment qu’il est « très important » que les journalistes se rendent sur les exploitations agricoles lorsqu’ils préparent un sujet sur l’agriculture (16% estiment que c’est « plutôt important »).
L’attente des jeunes journalistes concernant une production agricole respectueuse de la santé et des normes environnementales est forte. 82% estiment que la production dans le respect de la santé est « tout à fait prioritaire », 76% le pensent pour le respect des normes environnementales. Soucieux et conscients des difficultés économiques de certains agriculteurs, 74% des étudiants interrogés estiment que l’assurance de la rentabilité financière de leurs exploitations est « tout à fait prioritaire ». Cette attente est sans doute motivée par le sentiment, largement partagé, que les agriculteurs sont aujourd’hui dépendants des aides publiques.
Les étudiants pensent que les agriculteurs ont également un rôle pour « nourrir le monde » (68% de tout à fait prioritaire »). Tout en estimant que ces sujets sont importants, ils jugent un peu moins prioritaires le fait « d’intégrer les nouvelles technologies dans leurs pratiques » (35%) et de « valoriser l’image de leur région » (30%).