Paris, le 15 juin 2015 – A la demande de l’ANACT, et dans le cadre de la 12ème édition de la Semaine de la Qualité de Vie au Travail qui se déroulera du 15 au 19 juin 2015, Harris Interactive a réalisé une enquête auprès des salariés occupés sur le thème de la discussion en entreprise.
Cette enquête avait vocation dans un premier temps à dresser un état des lieux sur la réalité du dialogue en entreprise : quels sont les sujets abordés ? Quels sont les interlocuteurs privilégiés des salariés ? Ces derniers ont-ils le sentiment de pouvoir facilement parler au sein de leur entreprise ou administration, et notamment de leur travail et de son organisation ?
L’étude investiguait ensuite plus précisément le concept d’espace de discussion, vocable ayant vu le jour dans l’accord national interprofessionnel sur la Qualité de Vie au Travail signé en juin 2013. Cet accord invite à expérimenter des pistes et à trouver de nouveaux espaces de liberté et d’échange au sein de l’entreprise pour résoudre les difficultés d’organisation du travail. Les salariés perçoivent-ils positivement la mise en place de tels espaces de discussion ? Quels sont les espoirs et les éventuelles craintes suscités par le déploiement de tels espaces ? Quelles sont les conditions de mise en œuvre de nature à favoriser la participation des salariés ?
Les principaux enseignements
- 68% des salariés ont le sentiment de pouvoir facilement parler de leur travail au sein de leur entreprise ou administration, tandis que 31% font état de difficultés.
- Il apparaît plus aisé de parler de son travail avec des collègues, de son service (91%) ou d’autres unités (80%), qu’avec la direction ou les services transversaux de l’entreprise comme les ressources humaines et la communication. Environ 7 salariés interrogés sur 10 déclarent pouvoir parler de leur travail avec les représentants du personnel mais aussi avec leur supérieur hiérarchique direct. Ce dernier est d’ailleurs l’interlocuteur jugé le plus important par les salariés (69%), devant les collègues proches (64%) puis, ensuite, la direction de l’entreprise (32%).
- En matière de sujets, les salariés jugent surtout important de pouvoir parler des difficultés rencontrées, de l’ambiance de travail et de la charge de travail / la répartition des tâches (respectivement 47%, 46% et 44%), soit trois préoccupations assez « quotidiennes », d’ores et déjà présentes dans les discussions auxquelles ils participent sur leur lieu de travail (respectivement 65%, 67% et 62% ayant le sentiment de pouvoir en parler). Ces dimensions priment sur des éléments plus stratégiques pour l’entreprise (organisation générale, performances techniques et résultats économiques…), aujourd’hui peu au centre des discussions des salariés et suscitant chez ces derniers relativement peu d’attentes.
- Aujourd’hui, les échanges, qu’ils se déroulent avec les collègues ou avec le manager, ont le plus souvent lieu de manière informelle.
- Le fait de « parler de son travail » est plutôt vu comme quelque chose de positif, dans l’optique de faire « évoluer » et « améliorer » les conditions de travail. Dans ce contexte, la perspective de voir des espaces de discussion mis en place sur le lieu de travail est accueillie favorablement par 94% des salariés, les ¾ y voyant une réponse à un réel besoin des salariés et une opportunité de contribuer à l’amélioration de la qualité de vie au travail.
- Les espaces de discussion apparaissent comme une réalité peu développée aujourd’hui (23%), alors que plus de 8 salariés sur 10 aimeraient y participer et que 7 sur 10 pensent que cela pourrait améliorer leur qualité de vie au travail. En outre, ceux qui ont déjà assisté à ce type d’échanges estiment très majoritairement que les discussions se sont révélées utiles.
- Selon les salariés, les espaces de discussion doivent permettre avant tout l’identification et la résolution des problèmes communs, l’amélioration de l’organisation du travail ainsi qu’une meilleure répartition de la charge de travail.
- Pour les salariés, il est dans tous les cas déterminant que les espaces de discussion soient organisés dans une perspective de déboucher sur des améliorations concrètes des conditions de travail (93%). Cette dimension est première, devant par exemple le partage d’un compte-rendu auprès de l’ensemble de l’entreprise (77%), l’animation par une personne neutre (62%) ou la présence des représentants du personnel (61%). La confidentialité des propos tenus apparait comme la condition la moins importante, même si elle est mise en avant par une majorité de salariés.
- Les salariés anticipent beaucoup plus des conséquences positives que des conséquences négatives à la mise en place de tels espaces : amélioration de l’organisation du travail (85%), du climat de l’entreprise (84%), de l’implication des salariés (83%), etc. Certes, ces effets ne sont pas considérés comme évidents, moins d’un tiers estimant que les espaces de discussion les entraîneront « certainement ». Mais ils apparaissent comme plus probables que les éventuelles conséquences négatives : contrôle accru des salariés (39%), dégradation du climat social (32%) ou complexification de l’organisation du travail (31%).
- Invités à dessiner leur espace de discussion idéal, les salariés peinent à en avoir une image construite. Relevons que les propos recueillis soulignent pour certains la nécessité de limiter ces espaces en termes de nombre de participants, de nombre de sujets à aborder et de durée, pour en garantir l’efficacité. Plusieurs salariés évoquent de plus la nécessité pour tous les participants d’adopter une attitude constructive, tournée vers la résolution des problèmes.
- Dans le détail, les opinions des différentes catégories de salariés – que ce soit selon le sexe, l’âge, la catégorie socio-professionnelle, le secteur ou encore la taille d’entreprise – ont plutôt tendance à converger, même si des nuances mineures sont à analyser et sont présentées dans les résultats détaillés.
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