Les enfants et l’éducation financière – Vague 5

Enquête Toluna Harris Interactive pour Fédération Bancaire Française

Enquête réalisée par Toluna – Harris Interactive en ligne du 17 au 22 février 2023. Échantillon de 1 031 enfants âgés de 8 à 14 ans et représentatifs de cette population. Questionnaire administré après autorisation préalable d’au moins un parent. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : catégorie socioprofessionnelle et région des parents, sexe et âge des enfants.

 

Paris, le 22 mars,

Du 20 au 26 mars prochain aura lieu l’édition 2023 de la « Global Money Week ». Cette campagne, qui a lieu chaque année au mois de mars, vise à promouvoir l’éducation financière dès le plus jeune âge, à travers une série de conférences, d’ateliers et d’événements dédiés. En France, la Fédération Française Bancaire renouvelle à cette occasion, pour une 5e édition, son enquête barométrique auprès des jeunes Français âgés de 8 à 14 ans. Rapport à l’argent, à sa gestion, familiarité avec les achats en ligne, sécurité sur le web… Les enfants ont été réinterrogés sur ces différents thèmes dans un contexte d’inflation marquant pour les Français dans leur ensemble, y compris chez les plus jeunes. Et pourtant, ceux-ci ne semblent pas profondément affectés dans leur rapport à l’argent ou leurs comportements d’achat.

 

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Que retenir de cette enquête ?

 

Une conscience nette du contexte d’inflation…

La hausse des prix des derniers mois a marqué la population française dans son ensemble, et les enfants ne font pas exception à la règle. En effet, 96% des enfants de 8 à 14 ans déclarent avoir entendu parler de cette hausse, le plus souvent via leurs parents (92%), et dans une moindre mesure à la télévision (76%). Un sujet qui s’invite même dans le cadre scolaire, puisque près de la moitié des enfants (47%) indiquent avoir entendu parler de l’augmentation des prix à l’école. Quelle que soit la source d’information, les adolescents se montrent légèrement plus informés de la hausse des prix que leurs cadets. En tant que consommateurs eux-mêmes, les enfants ont également le sentiment que les prix ont augmenté : lorsqu’ils achètent quelque chose avec leur argent, 71% d’entre eux estiment que cela coûte plus cher qu’avant, 24% que les prix n’ont pas changé, et 5% qu’ils ont baissé. Là encore, plus les enfants sont âgés, plus ils ressentent cette hausse.

 

…sans réel impact sur le rapport à l’argent chez les enfants

Néanmoins, cette conscience du contexte d’inflation ne semble pas impacter leur rapport à l’argent, en comparaison avec les résultats de l’année dernière.

D’abord, la perception de la valeur de la monnaie chez les enfants reste remarquablement stable malgré le contexte : pour eux, une chose « qui ne coûte pas cher » vaut en moyenne 11€ et une chose « qui coûte cher », en moyenne 83€, ce qui correspond aux mêmes bornes que l’an dernier à l’unité près.

Ensuite, le réflexe d’épargne apparaît stable par rapport aux années précédentes, voire en légère baisse : ainsi cette année, 50% des enfants qui reçoivent de l’argent indiquent le mettre de côté (-2 points vs. 2022), tandis que 47% privilégient au contraire la dépense (+3 points vs. 2022). Chez les 13-14 ans plus que les autres, on privilégie la dépense (52%) à l’épargne (46%). L’inflation ne semble donc pas induire des comportements plus économes chez les 8-14 ans. Et paradoxalement, les plus âgés (13-14 ans), qui sont plus conscients de l’inflation que leurs cadets, semblent aussi être plus dépensiers que ces derniers.

Par ailleurs, les stratégies envisagées pour économiser de l’argent restent relativement inchangées par rapport à l’an dernier et aux années précédentes : attendre les soldes (78%, stable vs. 2022), renoncer à un achat (76%, stable), ou encore chercher le canal d’achat offrant le meilleur prix (73%, stable) restent les trois premières stratégies mentionnées, devant l’achat d’occasion (69%, +1 point) ou le fait d’essayer avant d’acheter pour être sûr de son choix (67%, -3 points).

Enfin, les enfants qui reçoivent de l’argent de poche régulièrement n’ont pas le sentiment que les sommes ont diminué depuis l’an dernier. 57% d’entre eux jugent recevoir autant d’argent qu’il y a un an, 30% davantage, et seuls 13% moins. Néanmoins, on note que les enfants qui indiquent recevoir de l’argent de poche sont légèrement moins nombreux cette année (46%) que l’année dernière (49%).

 

Des pratiques digitales plutôt stables et des réflexes d’économie circulaire qui se confirment

Les enfants montrent donc un rapport à l’argent relativement constant dans le temps malgré une conjoncture économique assez volatile. De même, en ce qui concerne leurs comportements d’achat sur Internet et leurs pratiques digitales, peu de changements sont à noter. La proportion d’enfants qui déclarent avoir déjà acheté quelque chose par Internet est stable (55%, -2 points par rapport à l’an dernier). L’âge moyen au premier achat en ligne (même accompagné d’un adulte) reste estimé à 10 ans et demi. Et comme les années précédentes, les enfants considèrent en moyenne que 16 ans est l’âge à partir duquel on peut faire des achats en ligne de manière autonome.

Néanmoins, malgré cette apparente stabilité, quelques évolutions se dessinent tendanciellement depuis la première édition du baromètre en 2019. Ainsi, l’achat en autonomie sur Internet, même s’il est encore minoritaire aujourd’hui, a doublé par rapport à la mesure de 2019, passant de 6% à 12%, sans grande différence d’âge. Cela suggère une autonomie financière légèrement plus précoce qu’il y a 4 ans. Un phénomène qui va de pair avec une familiarité vis-à-vis de certains concepts financiers peut-être plus grande que par le passé : en effet, tendanciellement depuis 2019, les enfants semblent légèrement plus familiers des concepts de budget, de compte bancaire ou encore de carte bancaire.

Les réflexes de vigilance sur Internet semblent relativement inchangés par rapport à l’an dernier. Ainsi, 4 enfants sur 10 ayant déjà réalisé une transaction sur Internet indiquent avoir déjà été confrontés à une tentative d’arnaque alors qu’ils achetaient (40%, -1 point vs. 2022) ou vendaient (42%, +1 point vs. 2022) un produit en ligne, dont un quart d’entre eux indiquent être tombés dans le piège. Le niveau d’exposition aux arnaques par message reste lui aussi globalement similaire à celui de 2022, même s’il semble moins fréquent par mail cette année (28%, -4 points vs. 2022). Les réactions face à ces arnaques par message restent inchangées : seule une petite minorité d’enfants avouent être tombés dans le piège qui leur a été tendu quand la majorité indiquent l’avoir détecté.

Enfin, les pratiques de revente ou de don semblent se confirmer au même niveau que l’année dernière, voire se renforcer légèrement : ainsi, 81% des enfants indiquent privilégier la revente ou le don d’un objet qui n’est plus de leur âge (+3 points vs. 2022) et 76% en disent de même à propos d’un objet qui ne leur plaît tout simplement plus (+2 points).

 

Des facteurs d’influence stables : les amis et les publicités à la télévision, toujours devant Internet

Malgré une forte fréquentation des réseaux sociaux (au même niveau qu’en 2022) parmi les 8-14 ans, leurs premiers vecteurs d’influence restent plutôt traditionnels. Ainsi, les publicités télévisuelles s’avèrent plus souvent mentionnées qu’Internet dans les incitations à l’achat (68%, contre 57% pour les contenus sur les réseaux sociaux, 56% pour les publicités vues sur le web et 54% pour les influenceurs), en particulier chez les plus jeunes enfants. Chez les adolescents de 13-14 ans, les contenus télévisuels sont au même niveau que les contenus présents sur les réseaux sociaux ou ailleurs sur Internet. Mais le premier vecteur d’influence rapporté par les enfants reste de loin leur cercle social : quel que soit leur âge, 8 enfants sur 10 indiquent être influencés par les choses que possèdent leurs amis.

 

L’argent des enfants : plus matériel que digital

Même si la digitalisation des achats touche aussi les enfants, ceux-ci semblent garder un rapport plutôt matériel à leur argent. Et pour cause, aujourd’hui encore, la plupart des enfants reçoivent de l’argent sous forme fiduciaire (89%) plutôt que sous la forme d’un virement ou d’un chèque (respectivement 28% et 14%), et ce, même chez les plus âgés. Aussi, les concepts financiers les plus abstraits (livret d’épargne, crédit, budget…) leur échappent davantage que les choses plus concrètes (argent de poche mais aussi salaire, distributeur de billets, carte bancaire…). Quant aux concepts financiers les plus complexes et/ou virtuels (placements financiers, bourse et actions, NFT, métavers et cryptomonnaies), les enfants témoignent d’un fort sentiment de méconnaissance à leur sujet. La virtualisation de l’argent n’a donc rien d’une évidence pour les plus jeunes générations, et la monnaie sonnante et trébuchante reste encore aujourd’hui au cœur de l’univers financier des enfants.

 

 

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