Enquête réalisée en ligne du 8 au 10 août 2017. Echantillon de 994 personnes, représentatif des Français âgés de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).
Le 7 mai 2017, suite à une longue campagne électorale, Emmanuel Macron est élu Président de la République. 100 jours plus tard quel regard les Français portent sur les premières mesures adoptées et celles annoncées ? Comment les mesures prioritaires définies par le gouvernement et plus particulièrement la « Loi Travail » sont-elles perçues par les Français ? Pour répondre à ces questions, Indeed a sollicité Harris Interactive afin de réaliser une enquête d’opinion. En voici les principaux enseignements.
Que retenir de cette étude ?
- Après 100 jours d’exercice, l’action présidentielle est jugée plutôt insatisfaisante par 6 Français sur 10. Logiquement, l’insatisfaction est plus fortement exprimée parmi les sympathisants des formations politiques d’opposition, notamment de la France Insoumise et du PCF (87%), ainsi que du Front National (94%). Cette insatisfaction s’avère moins prononcée, quoique bien présente, parmi les proches de LR (75%) et du PS (57%). Ces Français se déclarant insatisfaits des premiers mois d’Emmanuel Macron à la tête de l’Etat évoquent parfois sa proximité supposée avec les plus aisés, ainsi qu’une communication jugée excessive.A l’inverse, le Président peut compter sur la clémence des proches de La République en Marche (89% expriment leur satisfaction), notamment en raison de la jeunesse d’Emmanuel Macron et du changement qu’il incarne, ainsi que des mesures et réformes annoncées. Ces-derniers pressent le Président de mettre en œuvre les mesures annoncées : toutes celles testées dans cette étude sont jugées prioritaires par plus d’1 Français sur 2, et même par plus des deux tiers des sympathisants de LREM. Notons dès à présent que la réforme du code du travail, communément abrégée en « Loi Travail », est certes perçue comme prioritaire par les Français (56%), mais arrive après les autres réformes, notamment celles portant sur le système éducatif ou la moralisation de la vie politique.
- Les grandes lignes de ces réformes ayant été débattues au cours de la campagne électorale, les Français se montrent assez partagés quant à l’évaluation de ces réformes, se positionnant davantage dans une posture d’attente que de franc soutien ou de nette opposition. La loi de moralisation de la vie politique est néanmoins considérée comme la réforme testée allant le plus dans le bon sens (51% des Français la jugent comme allant dans le bon sens). Alors que la « Loi Travail » s’avère être la plus controversée à ce stade (seuls 27% des Français la jugent positivement, contre 44% négativement et 28% n’optant pour aucune de ces deux attitudes). Notons que la fronde la plus importante est exprimée par les sympathisants de la France Insoumise et du PCF, de même que par ceux du Front National, qui font majoritairement part de leur opposition à chacune des réformes testées, et tout particulièrement à la « Loi Travail ».
- Chaque année, les Français placent le chômage en tête des dossiers qu’ils aimeraient voir traités par l’exécutif[1]. Dans cette étude, différents objectifs permettant d’améliorer la situation de l’emploi étaient proposés. Tous sont jugés prioritaires par plus de 7 Français sur 10 (jusqu’à 93% pour la lutte contre le chômage des jeunes et 91% pour la facilitation des recrutements dans les PME). Et avec un niveau d’attente qui s’est encore amplifié depuis la dernière mesure réalisée au cours de la campagne[2].
- Dans ce contexte, Emmanuel Macron dans son programme électoral avait annoncé la mise en œuvre de mesures en faveur de l’emploi, passant notamment par la réforme du code du travail. A ce stade, notons que 67% des Français affirment se sentir mal informés à propos de cette réforme, et même 16% très mal informés. Invités néanmoins à exprimer un sentiment vis-à-vis de la « Loi Travail », les Français se montrent très partagés : 52% expriment dès à présent leur opposition à cette réforme alors que 46% y sont favorables. Ici encore, les premiers opposants se comptent parmi les sympathisants de la France Insoumise/PCF (84% y sont opposés) et du Front National (79% y sont opposés), alors que les proches de LREM la soutiennent très majoritairement (91% y sont favorables).
- Comment expliquer cet a priori plutôt négatif ? Les Français ne font pas montre d’un enthousiasme exacerbé quant aux conséquences possibles de la loi, mais considèrent néanmoins pour 45% d’entre eux qu’elle pourrait améliorer la situation économique des entreprises, voire l’emploi (34%), la croissance (34%) et l’équilibre budgétaire de la France (29%). Ces quelques domaines pour lesquels la « Loi Travail » pourrait apporter des améliorations sont néanmoins contrebalancés par la crainte partagée par plus d’1 Français sur 2 d’une dégradation des conditions de travail des salariés (54%) et d’un recul de la place des syndicats (53%). Notons que ces deux dernières inquiétudes sont également partagées, bien que dans une moindre mesure, par les sympathisants de LREM.
- Au-delà du contenu, le mode d’adoption de la « Loi Travail » partage également les Français : si 35% se prononcent favorablement aux ordonnances, 63% adoptent la position inverse. Une opposition également présente, bien que minoritaire, parmi les Français affichant leur soutien à la « Loi Travail » (31%).
- Enfin, notons que les projections quant aux effets de la « Loi Travail » rejoignent la perception que les Français partagent à propos de l’état de l’économie française à l’issue du quinquennat d’Emmanuel Macron: une possible amélioration de la situation des entreprises, peut-être accompagnée par une amélioration de la croissance, voire de l’emploi et des finances publiques, mais comportant des interrogations quant à l’évolution des conditions de travail des salariés. Notons que l’initiative « Make Our Planet Great Again » lancée par le Président de la République est également majoritairement perçue comme pouvant permettre d’attirer les scientifiques américains (62%), et par là même renforcer la place de la France au cœur de la recherche scientifique mondiale (63%).
[1] Exception faite pour 2016, lorsqu’il était devancé par la lutte contre le terrorisme : enquête Harris Interactive pour RTL : http://harris-interactive.fr/opinion_polls/comment-les-francais-ont-ils-vecu-lannee-2016-et-avec-quel-etat-desprit-abordent-ils-2017/
[2] Enquête Harris Interactive pour Indeed : http://harris-interactive.fr/opinion_polls/les-candidats-a-lelection-presidentielle-et-lemploi-vague-2
Le rapport
La note détaillée