Enquête réalisée par Harris Interactive en ligne du 29 au 30 août 2018. Échantillon de 1 038 personnes représentatif des Français âgés de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).
L’Observatoire de l’égalité Femmes-Hommes
Thème 1 : l’égalité Femmes-Hommes dans la vie professionnelle
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- La présence d’inégalités entre les hommes et les femmes dans la société ne fait pas de doute pour les Français. Intervenant à plusieurs niveaux, elles touchent selon eux avant tout le monde du travail, principalement au sujet des salaires (80% estiment qu’il existe des inégalités à ce niveau) et de l’accession à des postes à responsabilité (79%). L’organisation de la vie familiale, également source de fortes inégalités pour les Français, leur semble légèrement mieux distribuée aujourd’hui : 76% estiment que la répartition des tâches ménagères crée des disparités, 69% estiment que c’est le cas pour l’éducation des enfants. Si toutes les catégories de la société partagent le même sentiment d’ensemble, dans chacun des cas, les femmes exacerbent le sentiment qu’il existe une inégalité, systématiquement moins ressentie par les hommes (plus de 10 points d’écart dans les perceptions pour chaque situation testée).
- Malgré ce constat sévère sur les rôles inégalitaires qui sont accordés à chacun selon son genre, les Français estiment que la société change et évolue. L’organisation de la vie familiale apparaît aux yeux des Français comme l’espace où les choses ont le mieux évolué vers plus d’égalité au cours des 5 dernières années, qu’il s’agisse de la répartition des tâches (57%) ou de l’éducation des enfants (55%). Concernant le travail, les Français émettent davantage de réticences et le sentiment d’une évolution vers un meilleur équilibre entre hommes et femmes devient minoritaire, de 45% pour l’accession à des postes à responsabilité à 38% pour ce qui est des salaires, laissant respectivement 55% et 61% des Français dans la conviction que la situation ne progresse pas, voire régresse. À nouveau, les femmes se montrent plus sévères quel que soit le domaine testé et expriment plus difficilement que les hommes le sentiment d’une progression.
- Les Français dressent ainsi une cartographie des inégalités entre hommes et femmes où toutes les situations testées sont sources d’inégalités conséquentes entre hommes et femmes (hormis en ce qui concerne le temps passé au travail où le sentiment d’inégalité est le plus faible). Mais, en constatant les progrès réalisés dans le domaine domestique, ils dépeignent une société en mouvement en ce qui concerne la répartition des tâches et l’éducation des enfants. À l’inverse, ils rangent les inégalités observées dans le monde du travail dans le registre des inégalités encore ancrées, celles qui peinent le plus à progresser. Lorsqu’ils évoquent spontanément la question des inégalités au travail, au-delà des termes « salaires » et « responsabilité » qui constituent l’essentiel des récurrences, ils témoignent d’ailleurs du sentiment d’un processus long, dont la société n’est encore qu’aux prémisses malgré les avancées qui ont déjà pu avoir lieu dans le domaine.
- Et pour cause, lorsqu’on les interroge sur leur vécu au travail, les Français qui ont déjà travaillé témoignent pour plus d’un tiers d’entre eux des divergences de traitement dues à leur genre, la plupart déclarant avoir vécu ces situations de manière récurrente. Les femmes, principales concernées par ces obstacles dans le cadre du travail, déclarent pour 44% d’entre elles des difficultés à progresser professionnellement ou à concilier vie personnelle et professionnelle, quand 42% identifient des écarts de salaires en leur défaveur face à des collègues du sexe opposé pour un travail équivalent. Les remarques sexistes seraient également le lot de 39% des femmes qui travaillent, dans le même temps qu’elles décrivent un manque de prise au sérieux de leurs compétences, soit via l’absence de respect de leur autorité (38%), soit par un manque de confiance pour mener à bien un projet (35%). De manière générale, les Françaises issues des catégories supérieures, davantage confrontées à des problématiques d’avancement professionnel ou plus sensibles à la question, ont davantage noté des freins à leur carrière en fonction de leur genre.
- Si on quitte le registre du vécu pour celui des représentations, on constate que, selon les Français, des situations équivalentes ne mettent pas professionnellement en danger hommes et femmes de la même façon. La question des enfants cristallise les difficultés et montre à quel point la maternité est perçue comme un glas pour la progression professionnelle, quand la paternité est vue comme un poids gradué sur l’évolution d’un salarié homme. 60% estiment ainsi que pour une femme, avoir des enfants est un frein dans la vie professionnelle, quand 25% seulement estiment que c’est le cas pour un homme. Puis de manière graduelle, plus l’implication de l’homme dans l’éducation des enfants sera grande, plus le risque perçu pour sa carrière approche celui qui est perçu pour une femme – sans pour autant jamais l’égaler. Prendre un congé maternité est ainsi pour 60% un frein dans la carrière des femmes, le congé paternité étant perçu par un frein seulement par 43%. L’aménagement des horaires qui représente, pour chacun, la décision la plus nuisible à une carrière, est cependant toujours mieux perçue pour un homme (53% un frein) que pour une femme (63%). On note qu’hommes et femmes, s’ils s’accordent sur les mêmes grandes tendances, perçoivent ces questions de manière genrée, chaque genre ayant tendance à décrire avec plus d’intensité les risques de préjudice le concernant.
- La question des inégalités hommes-femmes au travail s’inscrit ainsi comme un enjeu particulier dans la société, qu’il s’agisse du nombre de situations complexes auxquelles hommes et femmes se déclarent confrontés en fonction de leur genre, ou du sentiment que les progrès tardent à se manifester réellement. Par conséquent, tous les acteurs pouvant exercer une force pour réduire ces inégalités sont perçus comme ayant un rôle prioritaire à jouer. Seulement, ce sont en premier lieu les entreprises (46% un rôle tout à fait prioritaire) et l’Etat, via le biais de législations (43%) qui sont considérés comme les plus légitimes et les plus attendus sur la question. Les Français semblent ainsi estimer (et notamment les Françaises qui placent ces deux acteurs plus de 5 points au-dessus des hommes) que l’égalité hommes-femmes dans le monde du travail est liée à la promulgation de normes régulatrices et coercitives. Mais pas uniquement : selon les Français, et dans un mouvement commun quel que soit le genre, les femmes elles-mêmes (38%), mais également au même niveau, les hommes (38%), sont attendus pour prendre en main la question de l’égalité au travail.
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