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L’éducation en France

Enquête Harris Interactive pour Challenges

Enquête réalisée par Harris Interactive en ligne du 4 au 11 juillet 2022. Échantillon de 10 020 personnes, représentatif des Français âgés de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).

 

Paris, le 31 août,

 

Il y a 140 ans, la loi Jules Ferry rendait l’instruction obligatoire et laïque en France, marquant un moment charnière dans l’histoire de l’éducation française. Depuis lors, régulièrement soumise à des réformes au gré des variations de la vie politique du pays, l’école a traditionnellement occupé une place de premier plan dans les débats d’opinion, des lois Ferry à la réforme sur les rythmes scolaires en passant par les lois sur le collège unique. Avec l’appui d’Harris Interactive, Challenges se propose ainsi de faire un état des lieux de l’opinion sur le système éducatif français aujourd’hui, en 2022.

Un échantillon de 10 020 personnes représentatif de la population française a été interrogé, une envergure permettant de disposer de caractérisations suffisamment fines pour aller plus loin que les variables d’analyse habituelles. Sur ce sujet qui concerne la société dans sa globalité, ont été analysées les perceptions de l’ensemble des Français, avec néanmoins une attention particulière accordée aux parents d’enfants scolarisés. Évaluation des dernières réformes du système éducatif, attentes et perspectives d’avenir pour l’école, confiance dans l’Éducation nationale… Comment définir le regard des Français et des parents sur le système éducatif actuel ?

 

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En quelques lignes, qu’en retenir ?

 

L’école, une institution sur la pente du déclin aux yeux des Français

Aujourd’hui, une majorité de Français (60%) jugent la France en situation de déclin. Si cette vision pessimiste s’applique au pays dans son ensemble, certains acteurs sont plus que d’autres associés à cette idée de déclin, au premier rang desquels les responsables politiques et le système éducatif. Ainsi, pour 1 Français sur 2, l’école contribue au déclin de la France, quand seuls 1/4 estiment au contraire que le système éducatif contribue au progrès du pays. À titre de comparaison, seuls les responsables politiques sont associés plus encore au déclin de la France parmi les différents acteurs et institutions présentés (66%).

 

Et pour cause, l’école est perçue comme une institution dysfonctionnelle par 2 Français sur 3 (67% estiment que l’école fonctionne mal en France aujourd’hui). Même dans l’une de ses missions les plus essentielles, à savoir la transmission des savoirs fondamentaux (lire, écrire, compter), seuls 55% des Français jugent que l’école est véritablement efficace. Et plus de 3/4 des Français (76%) identifient une baisse du niveau scolaire des élèves depuis une dizaine d’année, contre 8% qui estiment au contraire que le niveau a augmenté. Les Français dressent donc un tableau peu flatteur de l’état actuel de l’enseignement en France.

 

Néanmoins, ce jugement s’avère légèrement moins sévère chez les plus concernés, à savoir les parents d’enfants scolarisés : ainsi, par rapport à la moyenne des Français, ils sont un peu moins nombreux à juger que l’école fonctionne mal (60% d’entre eux, contre 67% pour l’ensemble des Français). Ils sont également moins nombreux à déplorer une baisse du niveau scolaire au cours des dernières années (71%, contre 76%) et un peu plus nombreux à considérer que l’école remplit son rôle dans l’acquisition des savoirs fondamentaux (63% pour les parents d’élèves contre 55% pour l’ensemble des Français).

 

 

L’enseignement secondaire au cœur des critiques

Plus particulièrement, à quel stade du parcours scolaire intervient cette baisse de niveau perçue par une partie des Français ? Principalement lors de l’enseignement secondaire. En effet, parmi les Français qui ressentent une certaine régression du niveau scolaire, 96% pensent que celle-ci concerne le collège et 87% le lycée… Si près de 7 Français sur 10 considèrent que l’école primaire est également concernée, la maternelle paraît plutôt épargnée (24%) tout comme les études supérieures (53%). Notons que cette perception est partagée autant par les parents d’élèves que par l’ensemble des Français.

 

Cette détérioration semble moins toucher les établissements privés que les établissements publics. En effet, la quasi-totalité des personnes interrogés estiment que le niveau s’est détérioré dans le public (97%) contre une courte majorité seulement pour le privé (56%). Une analyse partagée d’ailleurs autant par les parents d’élèves du secteur public que par ceux dont les enfants sont scolarisés dans le privé (bien que ceux-ci soient un peu moins critiques à l’égard du privé).

 

 

Derrière un constat commun, des interprétations variées…

S’ils sont majoritairement d’accord sur le constat d’une baisse du niveau des élèves, les Français se montrent en revanche assez partagés quant aux causes à l’origine de cette dégradation : effectifs trop élevés dans les classes, contenu des programmes scolaires, dysfonctionnements dans l’Éducation nationale et manque de moyens sont autant de raisons évoquées. Néanmoins, les conditions d’enseignement sont plus souvent « pointées du doigt » que les enseignants en eux-mêmes, leur motivation ou encore leur compétence. Aussi, la plupart des Français (74%) dénoncent plus généralement une action insuffisante des pouvoirs publics dans le domaine de l’éducation.

 

Une action insuffisante donc, mais aussi des mesures parfois jugées inadaptées. Déplorant pour beaucoup d’entre eux une baisse du niveau scolaire particulièrement visible dans l’enseignement secondaire, les Français sont peu convaincus par le choix de prioriser les investissements dans le primaire au détriment du secondaire (32% estimant que ces mesures ont été efficaces), ou encore par celui de faire des mathématiques une spécialité de haut niveau à partir de la première (35%). En revanche, les Français sont davantage convaincus (59%) de l’efficacité du dédoublement des petites classes (grande section de maternelle, CP et CE1) dans les zones d’éducation prioritaire. Une solution bien accueillie dans la mesure où, comme on l’a vu, les sureffectifs dans les classes figurent parmi les toutes premières raisons données par les Français à la baisse du niveau scolaire. Quant à la réforme du bac, incluant davantage de contrôle continu, les Français peinent à se positionner à son sujet, cette réforme étant jugée efficace par une moitié d’entre eux, et inefficace par l’autre.

 

 

… et des recommandations parfois divergentes

Pour améliorer la qualité de l’enseignement les Français expriment à l’heure actuelle des recommandations assez diverses et on n’observe pas de consensus très net autour d’une mesure précise. Néanmoins, deux solutions sortent légèrement leur « épingle du jeu » : réduire la taille des classes en recrutant plus d’enseignants d’une manière générale (52%), et rétablir l’autorité et les sanctions envers les enfants perturbateurs (51%). Les autres solutions proposées (améliorer l’attractivité du métier d’enseignant, développer une pédagogie plus bienveillante, évaluer les enseignants plus souvent, etc.) sont légèrement moins mises en avant par les Français. Quant au contenu des programmes, les Français favorisent à la fois le développement des savoirs fondamentaux – comme le français et les mathématiques – mais aussi l’essor de l’enseignement professionnel et de l’apprentissage. L’allègement des rythmes scolaires n’est en revanche pas particulièrement souhaité.

 

 

Perspectives : une faible confiance dans l’Éducation nationale

On l’a vu, les Français dressent un tableau sévère de l’école en France aujourd’hui et tendent à tenir pour responsables les pouvoirs publics et notamment l’Éducation nationale davantage que les enseignants eux-mêmes. Aussi, ils manifestent un certain pessimisme quant à l’avenir de l’éducation dans le pays. Alors que la rentrée scolaire 2022 est marquée par une inquiétude quant au nombre de postes d’enseignants vacants, 6 Français sur 10 ne croient pas en la capacité de l’Éducation nationale à rendre la profession d’enseignant plus attractive à l’avenir – un moyen pourtant souvent envisagé par les Français pour améliorer la qualité de l’enseignement. Ils se montrent également sceptiques quant à la capacité de l’Éducation nationale à faire remonter le niveau des élèves (6 Français sur 10 sont pessimistes sur la question). D’un point de vue plus global, 64% des Français se disent pessimistes quant à la capacité de l’Éducation nationale à mieux réduire les inégalités sociales, quand 35% se montrent optimistes sur la question : là encore, si le pessimisme est de mise, il ne fait pas consensus auprès de tous pour autant. En particulier, les parents d’élèves scolarisés croient un peu plus que l’ensemble des Français à la mission républicaine de l’école (42% se montrent optimistes contre 57% pessimistes).

 

En résumé, les Français dressent un tableau sévère de l’école, qu’ils perçoivent en déclin, comme un certain nombre de secteurs de la société française. Cette vision décliniste s’exprime en premier lieu par une perception quasi-unanime de la dégradation du niveau des élèves dans l’enseignement primaire et secondaire. Et bien que certaines solutions peuvent avoir une certaine efficacité aux yeux des Français, comme la réduction de la taille des classes et le dédoublement des classes en zone d’éducation prioritaire, ceux-ci se montrent peu optimistes pour l’avenir dans la capacité de l’Éducation nationale à accomplir sa mission éducative et de réduction des inégalités. Au milieu de tout cela, et alors que les postes d’enseignants laissés vacants dans un certain nombre de classes seront scrutés durant cette rentrée, relevons néanmoins que les Français se montrent bien plus critiques envers les dysfonctionnements de l’Éducation nationale qu’envers la profession d’enseignant pour expliquer le déclin qu’ils perçoivent.

 

 

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