Le rapport des Français au monde du travail et de l’entreprise aujourd’hui
Etude Harris Interactive pour Humanité Dimanche
Enquête réalisée en ligne du 11 au 13 février 2013. Echantillon de 1577 individus représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus, à partir de l’access panel Harris Interactive. Méthode des quotas et redressement appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).
Paris, le 21 février 2013 – A la demande de l’Humanité Dimanche, Harris Interactive a réalisé un sondage auprès des Français sur leur rapport au monde du travail et de l’entreprise aujourd’hui. Cette enquête intervient alors que le gouvernement vient de transmettre aux partenaires sociaux l’avant-projet relatif à la sécurisation de l’emploi, issu de l’accord conclu il y a un mois sur la réforme du marché du travail. Dans le cadre de cette réforme, et dans un contexte socio-économique dégradé où les fermetures d’entreprises se multiplient et où le chômage progresse, cette enquête avait vocation à mettre au jour l’état d’esprit actuel des salariés par rapport à leur travail et à l’emploi : craignent-ils de perdre leur emploi ? Que seraient-ils prêts à accepter pour conserver ou retrouver un emploi ? Plus globalement, comment les Français perçoivent-ils les fermetures d’établissements : s’agit-il selon eux de nécessités économiques ou de solutions de « facilité » adoptées par des entreprises cherchant à accroître leur profit ? Enfin, dans ces conditions, à qui font-ils confiance pour sécuriser leur avenir professionnel ?
Que retenir de cette enquête ?
- Aujourd’hui, 86% des salariés estiment qu’ils vont certainement (53%) ou probablement (33%) conserver leur emploi au cours des prochaines années. A l’inverse, 14% indiquent qu’ils risquent selon eux de perdre leur emploi (dont 6% certainement), cette proportion montant à 18% parmi les catégories populaires, soit le double du chiffre observé chez les catégories supérieures. Notons également qu’elle atteint 42% parmi les personnes ayant un CDD ou un contrat autre qu’un CDI.
- Si l’hypothèse d’une perte d’emploi est jugée, au global, relativement peu probable, elle n’en demeure pas moins anxiogène : seuls 31% des salariés considèrent qu’il leur serait alors aisé de retrouver un emploi quand 69% pensent qu’ils éprouveraient des difficultés. Là encore, on constate que les catégories populaires sont plus pessimistes que les catégories supérieures (77% se projetant dans une situation difficile contre 60%). Ajoutons qu’aujourd’hui, 51% des salariés et chômeurs ont l’impression que leur vie professionnelle dépend avant tout d’eux, quand 48% se sentent soumis à la conjoncture économique, sans marges de manœuvre possibles sur leur carrière. Ainsi, nombre de Français ont le sentiment de ne pas contrôler leur vie professionnelle, ce sentiment étant plus prégnant parmi les seniors, les chômeurs et catégories populaires, les précaires, les peu ou pas diplômés, les salariés du privé et les personnes travaillant dans l’industrie et la construction.

- En dépit de ces projections parfois difficiles, les salariés associent aujourd’hui davantage à leur travail les termes « motivation » (71%) et « fierté » (68%) que ceux de « stress » (59%), « d’insatisfaction » (43%) ou « d’angoisse » (34%), même si ces dimensions ne sont pas absentes, particulièrement auprès des salariés les plus fragilisés. Notons également que 49% accolent le terme « reconnaissance » à leur travail, contre 50% qui estiment ne pas être reconnus dans le cadre de leur travail.
- Dans ce contexte, et « à froid », les salariés et chômeurs apparaissent majoritairement prêts à nombre « d’efforts » pour conserver ou retrouver un emploi. Ainsi, plus de neuf sur dix seraient prêts pour cela à suivre une formation, près de huit sur dix à changer de métier ou de secteur d’activité, autant à changer d’horaires de travail et près des trois-quarts à avoir moins de jours de congés. Le fait de travailler à temps partiel ou la perspective de changer de région ne sont envisageables que pour environ un salarié ou chômeur sur deux. Notons que la baisse de salaire, l’acceptation d’un contrat précaire ou l’expatriation ne sont pas aujourd’hui des solutions majoritairement concevables par les personnes interrogées.
- Prêts à consentir à des efforts et entretenant un rapport assez volontaire au travail, les salariés, et de manière plus générale les Français, portent un regard critique sur l’attitude des entreprises dans la situation économique actuelle : en effet, 62% des Français et 64% des salariés dénoncent le fait que les entreprises qui licencient aujourd’hui dans notre pays le font parce qu’elles souhaitent augmenter leurs bénéfices alors qu’elles pourraient continuer à exister avec les salariés présents dans l’entreprise, et autant leur reprochent de ne pas explorer toutes les solutions de réduction des coûts possibles avant de procéder à des licenciements.
- Par conséquent, les salariés et chômeurs indiquent très majoritairement ne faire confiance à aucun des acteurs pour sécuriser leur situation professionnelle dans les prochaines années. En termes de hiérarchie, les entreprises recueillent la confiance de 36% des Français devant les pouvoirs publics, les partis politiques ou les partenaires sociaux – syndicats de salariés et patronaux – pour leur apporter cette forme de sécurité. En cela, en l’état actuel de la connaissance et de l’appropriation de son contenu, l’accord sur la sécurisation du travail ne semble pas avoir été de nature à rassurer les salariés français.
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