Alors que l’approche de l’élection présidentielle de 2017 va être l’occasion de confronter différents points de vue sur le rôle et le fonctionnement de l’école en France, la Fédération Syndicale Unitaire souhaite prendre la parole pour donner de la visibilité à son projet éducatif.
Dans ce contexte, elle a sollicité Harris Interactive pour réaliser un sondage sur la perception de la réussite dans le système éducatif : comment les Français perçoivent-ils le système éducatif de leur pays ? Sont-ils optimistes ou pessimistes concernant son avenir ? Quels objectifs prioritaires attribuent-ils à l’école ? Quelles solutions leur apparaissent les plus efficaces pour favoriser la réussite de tous les élèves aujourd’hui ?
Seule une minorité (15%) se montre optimiste quant à son évolution pour l’avenir.
Les objectifs prioritaires qui lui sont assignés sont de donner les mêmes chances de réussite à tous (77%), transmettre des connaissances et des savoirs précis (73%), diffuser des valeurs morales (71%) et apprendre des méthodes de travail et d’organisation (70%).
C’est particulièrement le cas pour le respect de l’autorité et la discipline : considérées comme les deux valeurs les plus importantes dans l’absolu (respectivement 68% et 64% les considérant comme « très importantes »), celles-ci sont vues comme particulièrement mal appliquées par le système éducatif français (77% et 75%).
Selon eux, les actions les plus efficaces pour favoriser la réussite des élèves se résument en trois piliers majeurs : augmenter les moyens humains (réduire le nombre d’élèves par classe, travailler en petits groupes, augmenter le nombre de personnels enseignants et éducatifs…), promouvoir l’apprentissage et la formation professionnelle, et mieux aider les élèves dans leur orientation.
ils sont par exemple un peu moins nombreux à considérer que le système éducatif creuse les inégalités sociales.
A noter que 44% estiment qu’il ne fonctionnera ni mieux ni moins bien. Les plus optimistes sont les plus jeunes (31% des personnes de 18-24 ans pensent que le système éducatif fonctionnera mieux à l’avenir), les sympathisants de Gauche et de Droite à des niveaux similaires (respectivement 19% et 21%), et ceux qui ont un enfant aujourd’hui scolarisé au collège (22%), quand les plus pessimistes sont les personnes de 35-49 ans (51% pensent que la situation va se dégrader) et les sympathisants FN (58%).
Un niveau d’attentes particulièrement élevé qui peut expliquer en partie pourquoi la majorité se montre aussi critique envers le fonctionnement de l’école. Ainsi, 8 objectifs, parmi les 10 testés, sont considérés comme « tout à fait prioritaires » par une large majorité de Français (à des niveaux allant de 65 à 77%).
Plus précisément, les objectifs identifiés comme les plus importants sont de « donner à tous les élèves les mêmes chances de réussite » (« tout à fait prioritaire » pour 77% des Français), « apprendre des connaissances et savoirs précis » (73%), « apprendre des valeurs morales » (71%), et « apprendre des méthodes de travail et d’organisation » (70%).
Même les objectifs arrivant en fin de classement, et donc jugés un peu moins importants que les autres (permettre aux élèves de « s’épanouir pour devenir des adultes heureux » et de « s’émanciper de leur milieu d’origine pour devenir des adultes indépendants ») sont considérés comme prioritaires par environ la moitié des Français interrogés.
Ainsi, quand on les interroge sur une liste de valeurs et attitudes, la presque totalité des Français considère qu’elles doivent avoir une place importante dans leur système éducatif.
Pour la majorité d’entre eux, la plupart de ces valeurs doivent même avoir « une place très importante ». Les deux valeurs qui suscitent le plus fort niveau d’attente sont « le respect de l’autorité» (68% des Français estiment qu’il doit occuper « une place très importante » dans le système éducatif) et « la discipline » (64%).
Mais la plupart des autres valeurs testées (tolérance, rigueur, égalité, sens de l’effort…) viennent juste après, avec un niveau de « place très importante » qui s’échelonne entre 50 et 60%. Là encore, on note un niveau d’exigence plus élevé chez les personnes âgées de 65 ans et plus, et des différences entre sympathisants de Gauche (qui accordent une importance plus prononcée que la moyenne aux valeurs de tolérance, égalité, solidarité, esprit critique) et de Droite (qui mettent un peu plus en avant le respect de l’autorité, la discipline, la rigueur, le sens de l’effort).
Seule la laïcité, considérée comme bien appliquée par près de la moitié des Français (47%), fait figure d’exception. Pour les autres valeurs, le jugement est nettement plus mitigé. C’est particulièrement le cas pour le « respect de l’autorité » et la « discipline ».
Considérés comme les valeurs les plus importantes que le système éducatif devrait porter, elles sont jugées comme les plus mal mises en œuvre aujourd’hui. Ainsi, 68% des Français estiment que le « respect de l’autorité » devrait occuper une « place très importante » à l’école, mais 77% d’entre eux considèrent que cette valeur est mal appliquée aujourd’hui. Et cet écart entre les attentes et la réalité perçue est à peine moins grand en ce qui concerne la « discipline » (avec respectivement 64% de « place très importante » et 75% de « mauvaise mise en œuvre »).
De même, la rigueur et le sens de l’effort font partie des valeurs jugées importantes mais les plus mal desservies par le système éducatif aujourd’hui, comme l’illustre le mapping ci-dessous qui croise les deux dimensions.
A noter que de manière générale, les femmes, les jeunes, les sympathisants de Gauche et les personnes ayant un enfant scolarisé en primaire estiment, un peu plus que la moyenne, que ces valeurs sont bien mises en œuvre aujourd’hui.
la notion de réussite étant d’abord considérée comme la possibilité pour l’élève de « suivre l’orientation scolaire et professionnelle qu’il souhaite » (par 56% des répondants), puis de « trouver facilement un emploi à l’issue de ses études » (41%).
De plus, plus de la moitié des individus (57%) estiment que le système éducatif français, tel qu’il fonctionne aujourd’hui, accentue les inégalités sociales, quand seuls 27% d’entre eux pensent qu’il les réduit, et 15% qu’il n’a pas d’impact sur les inégalités sociales.
Si une légère majorité (53%) se dégage pour l’idée d’« adapter davantage les connaissances, les compétences et la culture en fonction des élèves », 46% des répondants choisissent au contraire de « promouvoir davantage un socle commun de connaissance, de compétences et de culture pour tous les élèves ».
A noter que les plus jeunes et les Français ayant les revenus les plus faibles se prononcent davantage pour l’adaptation aux besoins de chaque élève, quand les plus âgés et les catégories les plus aisées expriment une préférence pour la promotion du socle commun de connaissances, de compétences et de culture.
ainsi, 85% d’entre eux pensent que « réduire le nombre d’élèves dans chaque classe » serait efficace pour favoriser la réussite de tous les élèves, et 48% estiment même que cela serait « très efficace » Son pendant, « augmenter le nombre d’enseignants et personnels éducatifs », est vu comme « efficace » par 75% des répondants et « très efficace » par 40% d’entre eux.
De même, le fait de « promouvoir le travail en petits effectifs » apparait comme une des solutions potentielles les plus efficaces (90%, dont 45% « très efficace »).
Deuxième groupe de mesures jugées positivement, celles qui consistent à faciliter l’insertion professionnelle : 90% des Français interrogés estiment ainsi que « promouvoir l’apprentissage » serait « efficace » (et 45% « très efficace »), quand 88% pensent de même pour la promotion de la « formation professionnelle » (43% « très efficace »). Enfin, 90% d’entre eux considèrent qu’il serait également « efficace » de « davantage aider les élèves dans le cadre de leur orientation » (43% « très efficace »).
la meilleure formation des enseignants à la question des inégalités scolaires, la lutte contre les discriminations dans les établissements scolaires, la facilitation des expérimentations pédagogiques ou encore l’association plus étroite des parents à la scolarité de leurs enfants.
Notons que 73% des Français pensent qu’il serait efficace pour favoriser la réussite de tous les élèves de donner plus d’autonomie aux établissements et 65% de renforcer la mixité sociale en leur sein, même si seulement un quart pense que cela serait « très efficace ». La première solution est davantage jugée efficace par les sympathisants de Droite, tandis que la seconde l’est davantage par les sympathisants de Gauche.
Seule proposition à susciter un jugement mitigé de leur part, l’allègement des programmes: moins de la moitié des Français (47%), pensent qu’il s’agit d’une mesure efficace pour favoriser la réussite de tous les élèves (et même seulement 15% la considèrent comme « très efficace »).