Intentions de vote pour les élections législatives anticipées en cas de dissolution de l’Assemblée nationale en 2023

Enquête Toluna Harris Interactive pour Challenges

Enquête réalisée par Toluna Harris Interactive en ligne du 3 au 7 mars 2023. Cette enquête a été réalisée sur offre réelle, c’est-à-dire que chaque répondant se voyait proposer la liste officielle des candidats au 1er tour des élections législatives 2022 dans sa propre circonscription.
Échantillon de 2345 personnes, représentatif des Français âgés de 18 ans et plus, dont 2108 personnes inscrits sur les listes électorales. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région et comportement électoral antérieur de l’interviewé(e).

Paris, le 15 mars,

 

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On le sait, les élections législatives de 2022 ont donné au Président de la République une majorité relative à l’Assemblée nationale.

Avec un recul de presque 9 mois, les Français continuent d’estimer majoritairement que cette situation est une bonne chose (69%) car incitant les députés de la majorité à trouver des compromis avec leurs homologues d’opposition. Notons que cette attitude d’ouverture est également exprimée, dans une moindre mesure, par les Français proches de la majorité qui eux aussi perçoivent la situation de majorité relative comme une opportunité et qui n’attendent pas nécessairement (pour un tiers d’entre eux) que leurs élus votent automatiquement tous les textes présentés par l’exécutif.

 

Au-delà de l’équilibre des forces en présence dans l’hémicycle, c’est la capacité des différentes familles à travailler ensemble qui est ici exprimée. Ainsi, les sympathisants républicains, socialistes, écologistes, RN et insoumis souhaitent avant tout que les parlementaires issus de leurs camps respectifs nouent un dialogue avec la majorité et choisissent au cas par cas s’il est opportun ou non de voter un projet de loi gouvernemental. Notons tout de même que la proportion de sympathisants des différentes familles politiques aujourd’hui dans l’opposition qui estiment que leurs élus doivent s’opposer systématiquement aux textes de l’exécutif est en nette hausse depuis le début de la législature et atteint désormais un tiers des proches de LFI et du RN, près d’un quart des écologistes et un cinquième des socialistes. Seuls les sympathisants républicains semblent préservés de cette tendance.

 

Dans un contexte de majorité relative, l’Assemblée nationale parfois accusée d’être une « chambre d’enregistrement » des projets gouvernementaux, redevient une institution centrale du jeu politique. L’opposition à un projet de loi peut alors prendre plusieurs formes, relevant des droits des parlementaires ou bien des us et coutumes de la Chambre. Sans surprise, la prise de parole dans l’hémicycle et le dépôt d’un amendement sont majoritairement perçus comme des moyens appropriés pour faire part de son désaccord. Plus surprenant, le chahut sur les bancs de l’Assemblée est également perçu comme un moyen d’opposition approprié (29%) ou au moins acceptable (37%). Il en va de même pour le dépôt massif d’amendements ayant pour seul objectif de ralentir l’examen du texte. Notons que le dépôt d’amendements afin de ralentir le débat parlementaire constitue le moyen le moins jugé approprié, y compris parmi les sympathisants insoumis.

 

A plusieurs reprises depuis le début de son mandat, le Président de la République a pu laisser entendre qu’il ne s’interdirait pas d’avoir recours à l’article 12 de la Constitution lui permettant de dissoudre l’Assemblée nationale. Un peu plus d’un tiers des Français estiment à ce jour qu’il exercera ce pouvoir au cours de l’année 2023, une hypothèse jugée un peu plus probable à gauche qu’à droite. Et ce d’autant plus que les Français se montrent très partagés sur l’opportunité d’y avoir recours : 49% s’y montrent favorables et 51% opposés. Ici encore, les différences entre les familles politiques sont ténues : les oppositions sont légèrement plus favorables à une dissolution que les proches de la majorité, mais il faut surtout retenir qu’aucune catégorie de sympathisants n’émet clairement le souhait de retourner aux urnes.

 

Jugée peu probable, une dissolution n’en reste pas moins possible et donnerait lieu à l’organisation de nouvelles élections législatives. Comment s’exprimeraient alors les Français ? L’exercice est toujours périlleux car, on le sait, le contexte politique de la dissolution peut peser dans la balance. Le souvenir de la dernière expérience en date en 1997 est là pour le rappeler. Néanmoins, s’ils devaient prochainement se rendre aux urnes, et en faisant l’hypothèse que l’offre électorale serait identique à celle de 2022, les Français donneraient à nouveau à voir une France polarisée autour de trois forces politiques. D’abord la Nupes et l’actuelle majorité présidentielle arriveraient en tête avec 24% des suffrages exprimés chacune, ce qui représente un recul d’1 à 2 points par rapport à juin 2022 (compensé à gauche par une progression des candidats Divers gauche). Le Rassemblement National progresserait en atteignant 22% des votes exprimés, soit plus de 3 points de plus que lors du précédent scrutin. Enfin, les candidats Républicains obtiendraient 10% des suffrages exprimés, une proportion atteignant 13% en ajoutant les candidats que le Ministère de l’Intérieur catégorise en « Divers droite » (soit un léger recul).

 

On l’a encore vu en 2022, entre des rapports de force de 1er tour et la composition de l’hémicycle à l’issue du scrutin il peut y avoir des différences liées au mode de scrutin (uninominal majoritaire à deux tours par circonscription) et aux comportements électoraux adoptés dans ce contexte, notamment au second tour. Lorsqu’on s’essaye à cet exercice, toujours un peu théorique lorsqu’il est réalisé avant un premier tour lui-même hypothétique, on dessine une Assemblée aux contours assez proches de la physionomie actuelle.

 

La majorité présidentielle conserverait une majorité relative de 234 à 244 députés (soit un recul par rapport aux 249 dénombrés par le Ministère de l’Intérieur au soir du 2nd tour le 19 juin dernier). Ce recul se ferait en faveur de la Nupes dont le nombre d’élus, sommé avec celui des « Divers gauche », atteindrait les 158 à 168 (contre 153 en 2022). Cette progression s’explique notamment par des seconds tours plus favorables à la gauche lorsqu’elle est opposée en duel à des candidats Ensemble. Autre « gagnant », le Rassemblement National connaîtrait également une croissance du nombre de ses députés (entre 91 et 100 élus contre 90 sièges attribués au RN et souverainistes en 2022), en cohérence avec la progression de ses scores de 1er tour qui lui permettront de se maintenir au 2nd tour dans davantage de circonscriptions (pour rappel, en 2022 le RN s’est qualifié au 2nd tour dans 208 circonscriptions et a été éliminé avec un retard de moins de 1000 voix dans 20 autres). Enfin, la droite devrait conserver un nombre de députés proche du nombre d’élus en 2022 (entre 69 et 79, contre 74 sièges attribués aux Républicains, à l’UDI ou catégorisés « Divers droite » en 2022).

 

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