Enquête réalisée en ligne du 6 au 7 avril 2023 auprès d’un échantillon de 1 320 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, dont 1 173 personnes inscrites sur les listes électorales françaises. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région et comportement électoral antérieur de l’interviewé(e).
Paris, le 12 avril,
La réélection d’Emmanuel Macron entraine inéluctablement la question de sa succession. Si, aujourd’hui, personne ne se positionne officiellement comme étant candidat à la prochaine présidentielle, il reste instructif d’observer le regard des Français à l’égard de l’échéance qui devrait se dérouler en 2027. Quel est l’état des forces aujourd’hui ? Toluna Harris Interactive a questionné les Français en ce sens pour Challenges.
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Que pouvons-nous retirer de cette étude ?
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- La poursuite de la montée de Marine Le Pen. Avec près de 18% des suffrages exprimés au 1er tour en 2012, plus de 21% en 2017, plus de 23% en 2022, la candidate du RN pourrait continuer sa progression en 2027. Selon les configurations testées, son score oscille entre 30 et 33% d’intentions de vote. Si ce n’est pas la première fois que Marine Le Pen est testée à ce niveau-là (ce fut le cas en 2016/2017) les scores mesurés sont à considérer à l’aune de trois dimensions.
- La première, « d’ambiance », renvoie au regard porté à l’égard du RN notamment à l’Assemblée nationale. Nous avons pu identifier qu’il s’agissait d’un des groupes de parlementaires dont le travail apporte le plus de satisfaction aux Français. La deuxième de « thématiques » : qu’il s’agisse de la réforme des retraites ou du pouvoir d’achat, le RN constitue la formation dont les propositions recueillent le plus l’approbation des personnes que nous interrogeons régulièrement ; quand bien même leur présence dans la rue n’a pas été palpable. La troisième d’espace politique : les intentions de vote en faveur de Marine Le Pen s’inscrivent dans un contexte où 7 à 8% des Français envisagent de voter pour Éric Zemmour. Elle récupèrerait un peu de cet électorat mais surtout des électeurs de Jean-Luc Mélenchon en 2022 (entre 4 et 7% des électeurs du candidat de la France Insoumise pourraient choisir de voter pour Marine Le Pen) voire de Valérie Pécresse (entre 7 et 23%).
- Fait notable, ces intentions de vote s’inscrivent dans un contexte où plus des deux-tiers des Français estiment qu’elle a de fortes chances de remporter la prochaine présidentielle. Il s’agit de la seule personnalité pour laquelle le pronostic est aussi net.
- A quatre ans du scrutin, Edouard Philippe est le candidat « naturel » de la Macronie. On le sait, l’ancien Premier ministre fait entendre certaines divergences avec le Président. Pour autant, aujourd’hui, 24% des Français pourraient voter pour lui alors que Bruno Le Maire bénéficie de 16% d’intentions de vote et Gérald Darmanin de 10%. Ce n’est donc pas tant la seule étiquette « candidat de la majorité présidentielle actuelle » qui œuvrerait mais un savant mélange d’orientation politique et de personnalité. A ce titre, le Président d’Horizons s’inscrit dans l’étiage du score d’Emmanuel Macron… au premier tour de l’élection de 2017. Assez logiquement, il empiète sur la droite : 39% des électeurs de Valérie Pécresse en 2022 auraient l’intention de voter pour l’ancien Premier ministre.
- Jean-Luc Mélenchon est toujours le responsable politique à gauche bénéficiant d’intentions de vote les plus élevées, quoi qu’en recul par rapport au score obtenu il y a un an. Évidemment, nous ne sommes pas en campagne et la dernière élection présidentielle a bien montré les dynamiques que parvenait à opérer le représentant de la France Insoumise. Quoi qu’il en soit, ces intentions de vote sont le reflet des autres données d’opinion recueillies par Toluna Harris Interactive : la gauche ne bénéficie pas de dynamique d’opinion du fait du mouvement social.
- Ni Jean-Luc Mélenchon, ni même qui que ce soit d’autre : Bernard Cazeneuve comme Carole Delga s’inscrivent dans le sillage du score du PS à la présidentielle comme aux européennes (il n’est d’ailleurs pas certain que les divergences stratégiques de ces deux personnalités soient connues du grand public), Fabien Roussel dans celui des intentions de vote quelques semaines avant le scrutin tout comme Yannick Jadot.
- Laurent Wauquiez ne parvient pas à s’extraire du vote pour un candidat LR. Ici aussi, nous pouvons rappeler que Les Républicains ont connu aussi bien lors des européennes que de la dernière élection présidentielle de faibles scores. Tout se passe comme si, actuellement, le vote pour le candidat possible des Républicains se limitait au regard sur l’étiquette. Ce qui n’est pas tout à fait surprenant vu qu’il n’a pas porté de parole politique forte au cours de ces dernières semaines, ce qui l’est plus au regard de l’image porté par les sympathisants LR sur lui (64% de confiance, en première position auprès de cette population).
Personne n’osera penser que cette étude permet d’entrevoir ce que pourra être la situation dans quatre ans. Mais il est certain que cette première base permettra de suivre, expliquer et comprendre les fluctuations d’opinion et d’intentions de vote. Trois choses sont malgré tout certaines actuellement : le score historiquement bas de la gauche et les effets imperceptibles du mouvement social sur celui-ci, l’ascension continue de Marine Le Pen, et l’inscription de l’électorat « Macroniste » dans un vote pour une personnalité plutôt teintée du mandat de l’actuel Président.