Insertion professionnelle et solidarité : parole aux jeunes !

Comment les jeunes pensent-ils et qualifient-ils leur rapport à la solidarité et à l’emploi ? Leur point de vue diverge-t-il par rapport à celui de leurs aînés ?

Enquête réalisée en ligne du 3 au 10 mars 2016. Échantillon de 600 personnes, représentatif des Français âgés de 18 à 25 ans. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).
Les chiffres Grand public sont issus d’une enquête réalisée en ligne du 8 au 10 mars 2016 auprès d’un échantillon de 1 000 personnes, représentatif des Français âgés de 18 ans et plus (Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé-e).

Le 22 janvier 2012, au cours d’un de ses principaux discours de campagne au Bourget, le candidat François Hollande avait tenu à s’adresser à la jeunesse qu’il qualifiait alors de « trahie, sacrifiée, abandonnée, reléguée ». Il en avait même fait la priorité de son mandat : « je ne veux être jugé que sur un seul objectif : […] est-ce que les jeunes vivront mieux en 2017 qu’en 2012 ? »

Cet engagement en faveur des jeunes, la Fondation Auchan le poursuit chaque jour depuis plus de deux décennies. En 2016, à l’occasion de ses 20 ans, la Fondation a même lancé un appel à projets exceptionnel, baptisé « Ensemble pour la Jeunesse ». Afin d’accompagner cet évènement, la Fondation Auchan a sollicité Harris Interactive pour réaliser une étude auprès des jeunes Français permettant de mieux cerner leur moral, leur rapport à la solidarité, ainsi que leur perception de leur intégration à la société française.

Que retenir de cette enquête ?

S’ils se considèrent comme une génération en prise avec de nombreuses difficultés, au premier lieu desquelles le chômage, les jeunes reconnaissent davantage que leurs aînés une amélioration de la vie au cours des dernières décennies.
Par ailleurs, loin de l’anomie à laquelle ils sont parfois associés, les jeunes se sentent partie prenante de la société dans laquelle ils vivent, et au sein de laquelle ils montrent un fort attachement à la cellule familiale comme fondement de la solidarité.

  • Spontanément, les jeunes (nous entendons par « jeunes » les Français âgés de 18 à 25 ans) associent la jeunesse française en 2016 à des dimensions négatives,

    et plus précisément au « chômage » et aux « difficultés » que peuvent rencontrer les jeunes (« perdue », « désespoir », « précarité »). Par ailleurs, ils évoquent les comportements supposés, observés ou vécus par cette jeunesse, qu’ils soient liés au divertissement (« fête », « alcool »), au rapport à autrui (« irrespectueuse », « délinquance ») ou aux avancées technologiques (« technologies », « connectée », « réseaux sociaux »).

    Enfin, certains jeunes émettent spontanément des motifs « d’espoir »(« dynamique », « motivée »). Notons que leurs aînés partagent leurs représentations de la jeunesse, bien que parmi eux le terme « avenir » supplante le « chômage », même s’ils reconnaissent également les « difficultés » auxquelles doivent faire face les jeunes.

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  • Interrogés sur leurs perspectives pour l’année à venir, près de 2 jeunes sur 3 indiquent aborder avec optimisme les 12 prochains mois,

    alors que 37% font plutôt preuve de pessimisme pour cette même période. À plus long terme, les avis apparaissent davantage mitigés : 56% des 18-25 ans font part de leur optimisme pour les 10 prochaines années, et seulement 50% pour les 2 prochaines décennies.
    Notons que près de 4 jeunes sur 10 (38%) se disent optimistes pour ces trois échéances à la fois, une opinion que l’on retrouve particulièrement chez les 22-25 ans (43%) et les plus diplômés (46%), contre 25% de jeunes faisant preuve de pessimisme aussi bien à court qu’à moyen et long terme.

  • Invités à évaluer la facilité ou la difficulté de certains aspects de leur vie, les jeunes estiment très majoritairement qu’il est aujourd’hui facile de rester en contact avec ses proches et ses amis (83%),

    de s’amuser (82%, et même 91% parmi les Franciliens) et de s’engager dans des associations (sportives ou culturelles d’abord, 81%, humanitaires ensuite, 74%). Dans une moindre mesure, ils sont à peine plus d’1 sur 2 à considérer qu’il est aujourd’hui facile de voyager (54%) – sans doute parce qu’ils sont contraints par des dimensions financières –, et 38% à partager la même opinion à propos de l’engagement politique. Enfin, seuls 28% des jeunes estiment qu’il est facile de créer son entreprise et 16% de trouver un emploi (y compris parmi ceux qui bénéficient d’un diplôme supérieur à Bac +2, cette proportion n’est que de 21%).

    Appelés à se positionner sur ces mêmes dimensions, les Français dans leur ensemble se montrent légèrement plus positifs, considérant davantage chacune de ces possibilités comme facile, sauf pour l’amusement (facile pour 82% des jeunes contre seulement 77% des Français en général), la création d’entreprise (28% contre 24%) et l’emploi (16% contre 7%).

  • Avec un regard rétrospectif, même s’il s’agit d’une période qu’ils n’ont pas connue directement, les 2/3 des jeunes estiment qu’il est plus facile aujourd’hui de rester en contact avec ses proches qu’il y a 20 ans.

    De même, les voyages apparaissent aux yeux de 54% d’entre eux comme plus faciles (contre 30% estimant qu’il est désormais plus difficile de voyager). En ce qui concerne l’engagement associatif (humanitaire, sportif ou culturel), seuls 4 jeunes sur 10 estiment qu’il a été facilité au cours des 2 dernières décennies (environ 40% considérant qu’il n’est ni plus facile ni plus difficile et environ 20% qu’il est plus difficile).

    Par ailleurs, les jeunes se montrent également partagés en ce qui concerne la possibilité de s’amuser, plus facile pour 37% d’entre eux mais plus difficile pour 27%, tout comme l’engagement politique (26% plus facile et 35% plus difficile). Enfin, les 18-25 ans se montrent plus tranchés en ce qui concerne la création d’entreprise, plus difficile selon 50% d’entre eux (mais plus facile pour 29%) et surtout la recherche d’emploi, unanimement considérée comme plus difficile (83%, pour seulement 6% de jeunes qui la considèrent plus facile). Il faut noter la cohérence entre les réponses formulées par les jeunes, ne pouvant pourtant pas avoir de souvenirs de cette période, et celles de leurs aînés, l’ayant pour la plupart vécue.
    Néanmoins, d’une façon générale, les jeunes surévaluent légèrement l’amélioration de la situation au cours des 20 dernières années par rapport au sentiment exprimé par les Français, sauf en ce qui concerne les voyages (plus faciles pour 54% des jeunes contre 61% pour l’ensemble des Français).

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  • Le sentiment d’intégration à la société française passe également par la confiance qu’accorde une catégorie de la population aux différents acteurs qui la constituent.

    Si l’on constate parfois des différences de quelques points, les jeunes ne se distinguent que peu de l’ensemble des Français en ce qui concerne la confiance qu’ils accordent aux différents acteurs de la société française.
    Ainsi, ils indiquent faire principalement confiance à la famille (87%, contre 90% pour les Français), avant les artisans (82%, contre 81%), les médecins (81% contre 85%) et les scientifiques (77% contre 84%). Les agents publics bénéficient eux aussi de la confiance d’une majorité de jeunes, qu’il s’agisse des militaires (77%), des enseignants (73%), des policiers (69%, mais moins que pour le Grand public : 76%), et dans une moindre mesure des juges (61%) et plus généralement des fonctionnaires (55%). Ils se montrent plus divisés en ce qui concerne les militants associatifs (54%), les chefs d’entreprise (53%) et les syndicats de salariés (50%, soit 19 points de plus que le Grand public : 31%) qui recueillent la confiance d’un peu plus d’1 jeune sur 2.

    Enfin, la défiance exprimée par l’ensemble des Français est partagée, bien que dans une moindre mesure, en ce qui concerne les responsables religieux (41% des jeunes indiquant leur faire confiance, contre 31% des Français), les journalistes (34%, contre 29%), les banquiers (33%, contre 23%) ou encore les responsables politiques (19%, contre 9%).

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  • Interrogés sur leur sentiment d’intégration dans différents pans de leur vie, les jeunes sont près de 9 sur 10 (87%) à affirmer se sentir intégrés au sein de leur famille,

    soit davantage qu’à leurs amis (81%) ou sur les réseaux sociaux (75%). En ce qui concerne le monde des études ou du travail, ils sont respectivement 74% et 61% à indiquer s’y sentir intégrés. Au final, près des ¾ des jeunes affirment se sentir intégrés à la société française en général. Notons néanmoins que ce sentiment d’intégration qui apparaît important, s’avère la plupart du temps partiel : seuls 38% des jeunes indiquent qu’ils s’estiment intégrés à l’ensemble des dimensions précédentes (jusqu’à 42% des 22-25 ans, 48% des jeunes ayant un diplôme supérieur à Bac +2).

 

  • Lorsqu’ils sont appelés à s’exprimer sur les nouvelles technologies, les jeunes sont près de 9 sur 10 (87%) à estimer qu’elles permettent d’accéder à une information indépendante.

    Pour 85% d’entre eux elles sont utiles pour trouver un emploi (une opinion partagée par 90% des plus diplômés) et pour 80% elles permettent de faire de nouvelles connaissances (et même 84% parmi les 18-21 ans et 90% parmi les habitants de l’agglomération parisienne). Dans une moindre mesure, les jeunes reconnaissent également aux nouvelles technologies la faculté de renforcer les liens avec leurs proches (68%, jusqu’à 75% des 22-25 ans et 82% de jeunes habitants dans l’agglomération parisienne) et de favoriser la solidarité (68%, ici encore, particulièrement parmi les plus diplômés : 79%).

 

  • En élargissant le champ de l’intégration au monde dans son ensemble, les jeunes interrogés ont été appelés à se prononcer vis-à-vis de différentes conséquences possibles de la mondialisation.

    S’ils se montrent très majoritairement positifs quant à l’effet de la mondialisation sur la capacité à voyager (73%) ou pour faire de nouvelles rencontres (67%), les jeunes apparaissent bien plus partagés quant à son effet sur leur mode de vie (49% estiment que la mondialisation est une bonne chose et 25% une mauvaise chose), sur leur capacité à trouver un emploi (45% contre 33%) et sur leur pouvoir d’achat (40% contre 36%).
    En revanche, alors que la France a connu deux séries d’attentats majeurs en 2015, les jeunes sont seulement 23% à considérer la mondialisation comme une bonne chose en matière de sécurité, contre 47% estimant qu’il s’agit d’une mauvaise chose. Notons que les opinions semblent loin d’être monolithiques : seuls 12% des jeunes considèrent toujours la mondialisation comme une bonne chose et seuls 4% toujours comme une mauvaise chose (9% parmi les jeunes ayant un diplôme inférieur au Bac).

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  • Quelle place pour la solidarité parmi cette « génération Z » que beaucoup définissent comme individualiste ?

    Contrairement à cette idée reçue, 93% d’entre eux estiment que la solidarité est une valeur importante, et même plus d’1 sur 2 la considèrent comme très importante. Néanmoins, ils portent un regard plus critique sur la place qu’elle occuperait dans la société : seuls 38% affirment que les Français sont aujourd’hui solidaires entre eux. Dans le détail, ils considèrent bien davantage qu’ils le sont au sein de leur famille ou avec leurs proches (83%) que dans le monde professionnel (34%).
    Loin de penser que ce manque de solidarité va se résorber dans les années à venir, 1 jeune sur 2 estime que la solidarité dans la société en général va s’affaiblir à l’avenir (47%), une opinion plus importante encore lorsqu’il s’agît du monde professionnel (50%).

 

  • Le rôle fondamental du foyer, ou plus largement de la famille, aux yeux des jeunes s’exprime également sur le plan financier :

    63% des jeunes affirment recevoir des aides financières de la part de leur famille (et même régulièrement pour un quart d’entre eux), alors que seuls 33% indiquent en recevoir de la part d’institutions publiques, 19% de leurs amis et seulement 15% de la part d’acteurs privés, comme les fondations.
    Ce soutien financier prend la plupart du temps la forme d’une action unidirectionnelle, seuls 18% des jeunes estimant qu’ils bénéficient d’un prêt d’argent de la part d’un proche (nécessitant donc un remboursement). Si les jeunes affirment bénéficier de dons de la part de leurs proches, ils déclarent également se muer en donateurs à leur tour, principalement envers leurs proches (63%), mais également pour soutenir financièrement le milieu associatif (41%).

    Plus largement, les jeunes sont près d’1 sur 2 (45%) à affirmer qu’il leur arrive de faire du bénévolat, et 38% qu’ils participent à des actions solidaires sur Internet. Néanmoins, ici encore, l’engagement solidaire prend des formes différentes mais rarement toutes celles proposées ici en même temps : seuls 17% des jeunes affirment simultanément qu’il leur arrive d’effectuer les 4 actions ci-dessus (22% parmi les titulaires d’un diplôme supérieur à Bac +2), alors que 20% assument de n’en réaliser aucune (28% parmi les habitants de petites villes et 29% parmi les moins diplômés).

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  • Tous types confondus, 43% des jeunes affirment faire ou avoir fait partie d’une association

    (et même 50% parmi les habitants de grandes villes et 55% parmi les titulaires d’un diplôme supérieur à Bac +2). Lorsqu’ils sont interrogés sur les motivations de cet engagement, les raisons personnelles et holistes s’entremêlent sans que l’une ou l’autre se dégage comme la principale. Ainsi les jeunes mettent en avant la possibilité de rencontrer de nouvelles personnes (46%, et même 54% des plus diplômés) et de favoriser la solidarité en général (41%, et même 51% des femmes engagées). Dans une moindre mesure, un tiers d’entre eux souhaite par cet engagement donner un sens à sa vie (33%) ou occuper son temps libre (29%), alors que 14% y voient un bon moyen de faciliter leur recherche d’emploi (et même 19% des catégories populaires) ou de renforcer les liens avec leurs proches (6%, 10% parmi les 18-21 ans).

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