A la demande de Valeurs Actuelles, Harris Interactive a interrogé un large échantillon de Français sur les traits d’image et les compétences qu’ils associent au candidat de la formation Les Républicains et à la candidate du Front National pour l’élection présidentielle de 2017 : les images de François Fillon et de Marine Le Pen diffèrent-elles ou se recouvrent-elles sur certains aspects ? Dans quels domaines d’action chacun des deux candidats pourrait-il se montrer efficace selon les Français s’il accédait à la Présidence de la République ? Quelle proportion d’électeurs peut envisager aujourd’hui de voter pour eux et existe-t-il un recoupement entre les électorats potentiels de l’un et de l’autre ?
François Fillon est identifié par une majorité de Français comme un responsable politique « courageux » (54%), sachant « faire preuve d’autorité » (53%) et sachant « où il va » (53%). Un Français sur deux estime également qu’il est « compétent » (51%) et « honnête » (49%).
En revanche, il souffre d’une image moins positive en matière de « sympathie » (38%), de « rassurance » (35%) ou encore de « proximité » (29%). De même, seuls 35% des Français considèrent qu’il « comprend bien les préoccupations des Français ».
Les traits d’image testés lui sont systématiquement davantage attribués par les sympathisants d’extrême-droite et de droite (avec des scores d’attribution entre 49% et 70%), et a fortiori, par les sympathisants des Républicains (scores compris entre 73% et 90%).
Relevons toutefois que seul un sympathisant d’extrême-droite et de droite sur deux le sent « proche des gens » comme eux et considère qu’il « comprend bien les préoccupations des Français » (49% et 55%), et même seulement un sympathisant du FN sur quatre (24% et 28%). Ce déficit de proximité en matière d’image peut constituer un véritable handicap, ce point constituant régulièrement une attente importante envers les responsables politiques dans les enquêtes d’opinion.
Marine Le Pen est davantage créditée d’une capacité à faire preuve d’autorité : il s’agit en effet de la première qualité qui lui est attribuée : 65% parmi l’ensemble des Français et 81% parmi les sympathisants d’extrême-droite et de droite, soit respectivement 12 et 15 points de plus que François Fillon.
Elle l’emporte également sur l’ancien Premier ministre sur les dimensions de « courage » et de « dynamisme ». En revanche, elle est un peu moins souvent jugée « compétente » et « honnête » que François Fillon, aussi bien par les Français dans leur ensemble (40% et 38%, -11 et -11 points) que par les sympathisants d’extrême-droite et de droite (59% et 60%, -8 et -5 points).
En outre, elle ne capitalise pas sur l’ensemble des « défauts » de l’image de François Fillon, mais présente toutefois un léger avantage en matière de proximité supposée et surtout en termes de compréhension des préoccupations des Français.
Seuls 36% des Français la définissent comme « sympathique » (-2 points par rapport au candidat des Républicains), ou encore 31% « rassurante » (-4 points), deux traits d’image sur lesquels elle fait quasiment « jeu égal » avec François Fillon parmi les sympathisants d’extrême-droite et de droite. Relevons cependant qu’elle apparaît plus proche des gens comme eux, à la fois selon l’ensemble des Français (35%, +6 points) qu’auprès du cercle restreint des sympathisants d’extrême-droite et de droite (56%, +7 points). Surtout, davantage de Français (49%, +14 points) et de sympathisants d’extrême-droite et de droite (69%, +14 points) estiment qu’elle « comprend bien les préoccupations des Français ».
Parmi les membres des catégories populaires, l’écart est encore plus net entre les deux candidats sur ces points : 50% estiment que Marine Le Pen « comprend bien les préoccupations » des Français et 41% qu’elle est « proche des gens » comme eux, quand seulement 27% et 21% indiquent penser de même en ce qui concerne François Fillon. Enfin, notons que Marine Le Pen bénéficie pour chacun des traits d’image testés de scores d’attribution supérieurs à 90% parmi les sympathisants du Front National. Et que les jugements positifs sont plus nets de la part des sympathisants LR à l’égard de Marine Le Pen que de ceux du FN concernant François Fillon.
Les deux candidats à la présidentielle affichent des structures d’image qui se rejoignent donc sur certains traits, particulièrement auprès des sympathisants d’extrême-droite et de droite, mais qui diffèrent sur des points importants : François Fillon est donc davantage jugé compétent et porteur d’un projet pour la France, susceptible de la réformer dans le bon sens (entre +5 et +8 points par rapport à Marine Le Pen sur ces points).
La candidate du Front National est quant à elle davantage perçue comme dynamique, mais aussi proche des gens et comprenant leurs préoccupations (+20, +7 et +14 points par rapport à François Fillon).
Au final, c’est François Fillon qui est davantage perçu au sein de cette catégorie de répondants comme susceptible de bien incarner la fonction présidentielle (67% contre 52% pour Marine Le Pen) et de faire un bon Président de la République (63% contre 51%), la compétence pour réformer apparaissant prendre le pas sur la capacité perçue à comprendre les préoccupations des Français.
Ce constat, visible parmi les sympathisants d’extrême-droite et de droite, s’observe également parmi l’ensemble des Français, 41% d’entre eux jugeant que François Fillon ferait un bon Président, pour 33% partageant cette opinion concernant Marine Le Pen.
Les Français interrogés indiquent qu’à leurs yeux, il est tout à fait prioritaire que le prochain Président de la République améliore la situation de la France en matière de « lutte contre le terrorisme » (84%) et « contre l’islamisme radical » (78%), ainsi que plus généralement en matière de « sécurité » (77%).
La « lutte contre le chômage » (83%) est également une priorité aux yeux d’un grand nombre de Français, tout comme « l’amélioration du pouvoir d’achat » (73%). Viennent ensuite la « justice sociale » (63%), la « lutte contre l’immigration illégale » (59%) ainsi que la « défense des intérêts de la France en Europe et dans le monde » (51%), trois autres sujets également identifiés comme tout à fait prioritaires par plus d’un répondant sur deux.
Si les sympathisants d’extrême-droite et de droite mettent un peu plus l’accent que la moyenne sur la lutte contre le terrorisme, l’islamisme radical, l’insécurité ou l’immigration illégale, ils ne négligent pas pour autant la lutte contre le chômage.
Au regard de ces priorités affectées au prochain Président, quelle efficacité potentielle est prêtée aux deux candidats à cette fonction ? Une majorité de Français, et parmi eux, plus de trois-quarts des sympathisants d’extrême-droite et de droite, considère que Marine Le Pen, si elle était élue Présidente de la République, serait efficace pour améliorer la situation de la France en matière de lutte contre l’immigration illégale (66% et 83%), en matière de lutte contre l’islamisme radical (64% et 82%), contre le terrorisme (60% et 79%) et en matière de sécurité (60% et 79%).
Relevons que sur l’ensemble de ces points, plus de deux-tiers des sympathisants de la formation Les Républicains indiquent également penser que Marine Le Pen serait efficace.
En revanche, moins d’un Français sur deux et moins de six sympathisants d’extrême-droite et de droite sur dix anticipent que la Présidente du Front National serait efficace pour « améliorer la justice sociale en France » (40% et 58%), la « défense des intérêts français dans le monde » (39% et 55%), « l’emploi » (37% et 54%) ou le « pouvoir d’achat » (37% et 54%).
De nouveau, on constate que les sympathisants du Front National portent un regard très positif sur la Présidente du parti, plus de neuf sympathisants sur dix estimant qu’elle serait efficace sur chacun de ces sujets. Elle convainc en revanche beaucoup moins les sympathisants des Républicains ou des formations centristes sur ces aspects économiques, sociaux et internationaux.
François Fillon est également perçu comme pouvant être plus efficace, s’il était élu Président de la République, sur les thématiques sécuritaires que sur les préoccupations économiques ou sociales. Mais sur les premières, il est systématiquement moins considéré comme efficient que Marine Le Pen : c’est le cas sur la « sécurité » en général (56% des Français et 67% des sympathisants d’extrême-droite et de droite, -4 et -12 points), mais aussi sur la « lutte contre le terrorisme » (54% et 66%, -6 et -13 points), ou encore la « lutte contre l’islamisme radical » (48% et 61%, -16 et -21 points).
De même, il est moins jugé potentiellement efficace en matière de « lutte contre l’immigration illégale » (46% et 58%, -20 et -25 points), alors qu’il s’agit du dossier sur lequel la Présidente du Front National se voit attribuer la plus grande crédibilité. Sur l’ensemble de ces points, moins de 4 sympathisants du FN sur 10 lui prêtent une possible action efficace.
L’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy est également moins bien considéré lorsqu’il est question d’amélioration de la « justice sociale » (34% et 52%, -6 et -6 points), ce qui peut sans doute être rapproché de la perception de son déficit de proximité avec les préoccupations des Français.
En revanche, il concurrence davantage Marine Le Pen dans les représentations en matière « d’amélioration du pouvoir d’achat » (35% et 54%, -2 et égalité) et de « lutte contre le chômage » (40% et 60%, +3 et +6 points).
Il est également davantage crédité d’une action potentiellement efficace en matière de « défense des intérêts de la France en Europe et dans le monde » (51% et 66%, +12 et +11 points), point dont on sait qu’il est important aux yeux des électeurs de droite, même s’il apparaît moins prioritaire que les précédents. Notons enfin que si les sympathisants des Républicains sont moins unanimes à son égard que les sympathisants FN à l’égard de Marine Le Pen, il n’en demeure pas moins que plus des trois-quarts d’entre eux estiment qu’il serait efficace sur chacun des sujets abordés.
35% des inscrits sur les listes électorales indiquent qu’ils pourraient envisager de voter pour François Fillon au 1er tour de l’élection présidentielle de 2017, dont 16% certainement. A l’inverse, 65% mentionnent qu’ils ne pourraient pas l’envisager, dont 44% refusant totalement cette hypothèse.
De même, 35% avancent qu’ils pourraient envisager de voter pour Marine Le Pen lors de ce scrutin, dont 20% certainement. Si la proportion de personnes indiquant pouvoir certainement voter pour elle est un peu plus importante que pour François Fillon, la proportion de personnes indiquant qu’elles ne pourront certainement pas le faire l’est également (52% contre 44% pour le candidat des Républicains).
Ces questions étant évidemment à considérer à froid c’est-à-dire alors même que l’ensemble des candidatures ne sont pas connues et que les électeurs ne connaissent ni tous les enjeux de l’élection, ni les thématiques centrales.
Parmi ces électorats potentiels, on observe un recouvrement de 13% d’inscrits qui déclarent qu’ils pourraient voter à la fois pour François Fillon et pour Marine Le Pen.
On observe donc des transferts possibles, mais les deux électorats potentiels présentent néanmoins des différences notables : ainsi, parmi ceux qui indiquent qu’ils pourraient voter pour François Fillon, on note surtout une forte composante de sympathisants Républicains (43%), à laquelle s’additionne dans des proportions moindres des sympathisants centristes (12%), des sympathisants frontistes (9%), des sympathisants de gauche (8%), des proches d’autres formations politiques (6%) et des personnes se déclarant sans préférence partisane (22%).
Lorsqu’on regarde les électeurs susceptibles de voter pour Marine Le Pen, on observe qu’ils sont surtout composés de sympathisants frontistes (42%), mais également de 30% de proches d’autres formations politiques (14% revendiquant une proximité avec Les Républicains, 8% avec une formation de gauche, 4% avec une formation du centre et 4% avec une autre formation) et de 28% de Français ne déclarant aucune préférence partisane.
Observons donc qu’une proportion plus importante d’électeurs proches des Républicains se déclarent prêts à voter pour Marine Le Pen que d’électeurs proches du FN pour François Fillon.
Notons également que les catégories les plus susceptibles de voter pour François Fillon sont les inactifs (43%), les plus diplômés (43%), les plus aisés (53%) et les anciens électeurs de Nicolas Sarkozy (74%). Alors que Marine Le Pen apparait davantage comme un vote envisageable parmi les CSP – (41%), les moins diplômés (46%), les moins aisés (40%) et les anciens électeurs de Marine Le Pen (93%, mais aussi 32% parmi les anciens électeurs de Nicolas Sarkozy).