Paris, le 17 mars,
Douze mois après le premier confinement de mars 2020, la Fédération Hospitalière de France a confié à Harris Interactive la réalisation d’une double enquête pour interroger le vécu de la crise sanitaire et les perspectives pour l’avenir. Deux populations étaient ainsi interrogées dans le cadre de ce dispositif : d’une part, un échantillon représentatif du personnel de l’hôpital public ; un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, d’autre part.
Que retenir de cette enquête ?
Au niveau individuel, les hospitaliers dressent aujourd’hui un bilan contrasté de leur moral, avec une dégradation perçue concernant plusieurs dimensions depuis le début de la crise sanitaire
Interrogés sur leur état d’esprit actuel, les personnels de l’hôpital public estiment positif leur rôle social : 91% se sentent convaincus d’être utiles à la société et 87% se déclarent fiers de leur métier. On relève également une fierté nette de travailler à l’hôpital public (82%).
Pour autant certaines préoccupations demeurent. 69% des hospitaliers se déclarent ainsi fatigués. Et leur satisfaction à l’égard de leurs conditions de travail reste très mesurée (47%).
En dynamique, les hospitaliers considèrent que la crise sanitaire a, en partie, tendu leur rapport au travail. Près d’un hospitalier sur deux estiment que la crise sanitaire liée au Covid-19 a accentué leur fatigue (51%) et a diminué leur satisfaction à l’égard de leurs conditions de travail (45%).
Au niveau collectif, la crise sanitaire a dégradé la confiance des hospitaliers dans l’avenir, notamment parce qu’ils ont eu le sentiment d’être insuffisamment soutenus par les pouvoirs publics
49% des hospitaliers déclarent que leur confiance dans l’avenir du système de santé français a été ébranlée par la crise sanitaire. Cet effritement de leur confiance a sans doute été accentué par un sentiment d’isolement pendant la crise sanitaire. Certes, la plupart des hospitaliers se sont sentis soutenus par leur établissement et leurs collègues (67%) et par le grand public (59%). Mais moins d’un tiers ont eu le sentiment d’avoir été soutenus par les autorités de santé (32%) ou par l’État et les pouvoirs publics (28%).
Notons que le grand public dresse d’ailleurs un bilan très similaire du soutien dont ont bénéficié les hospitaliers : plus marqué de la part de l’établissement et des collègues (62%) mais aussi des Français (64%), moins marqué de la part des autorités de santé (36%) et des pouvoirs publics (34%).
Le Ségur de la Santé a été bien identifié par les hospitaliers, mais une de ses mesures-phares (revalorisation du CTI) est qualifiée d’ « insuffisante » par 66% d’entre eux
Le Ségur de la Santé est quasi-unanimement identifié par les hospitaliers : 91% affirment en avoir entendu parler, dont 2/3 (66%) indiquent même voir précisément ce dont il s’agit.
Mais le regard des hospitaliers sur le Ségur de la Santé est mitigé. Point d’illustration : concernant la revalorisation de 183 euros nets mensuels pour les personnels de la fonction publique hospitalière (CTI), 66% des hospitaliers considèrent qu’il s’agit d’une mesure insuffisante, quand seulement 32% y voient une disposition équilibrée.
La situation de l’hôpital public suscite une inquiétude largement partagée entre hospitaliers et Français, appelant à une action forte de la part des pouvoirs publics
À l’heure actuelle, les hospitaliers expriment une confiance mitigée à l’égard des pouvoirs publics pour garantir la pérennité du système de santé en France : 37% leur accordent leur confiance pour assurer l’avenir de l’hôpital public, 40% pour assurer l’avenir du système de santé français dans son ensemble, 49% pour assurer l’accès aux soins de tous les Français.
Sur ces différents éléments, les Français expriment un regard à peine plus positif que les hospitaliers eux-mêmes : parmi le grand public, environ une personne sur deux témoigne d’une confiance envers les pouvoirs publics sur ces différentes facettes de l’avenir.
Ainsi, l’augmentation des moyens attribués à l’hôpital public apparaît comme une priorité consensuelle : que ce soit parmi le personnel hospitalier ou parmi le grand public, plus de 9 personnes sur 10 jugent prioritaire d’augmenter les recrutements de personnel et d’augmenter les investissements à long terme. Dans une moindre mesure, plus de 8 personnes sur 10 jugent prioritaire de réduire les écarts de rémunération entre les personnels de l’hôpital public et les établissements privés.
Le système de santé français se présente comme un enjeu de premier plan pour la prochaine élection présidentielle, tant parmi les thématiques de campagne attendues que parmi les motivations de vote anticipées
68% des hospitaliers et 53% des Français considèrent que le système de santé devrait être un enjeu « tout à fait prioritaire » dans la campagne. Parmi le personnel hospitalier public, il s’agit de la thématique apparaissant comme la plus prioritaire. Mais même parmi l’ensemble des Français, le système de santé se situe au tout premier rang des préoccupations, au même niveau que l’emploi (54%) et devant la sécurité (46%), la lutte contre le terrorisme (46%) ou encore l’éducation et la formation (44%).
Dans ce contexte, ce constat se vérifie également concernant les motivations de vote : 47% des Français anticipent que les programmes des candidats sur le système de santé français auront un impact « très important » sur leur choix de vote soit un ordre de grandeur comparable à l’emploi (44%) et à la sécurité (44%). Aucune thématique n’apparaît nettement plus prioritaire dans le choix que le système de santé français.