Paris, le 6 mai,
Quel est le portrait chinois idéal du futur Président de la République ? Harris Interactive avec l’agence Faubourg se sont prêtés à cet exercice.
Que retenir de cette étude ?
Après l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Elysée, nous aurions pu nous attendre à une modification des codes. Au regard d’une étude menée il y a de cela dix ans, nous pouvons voir que si des mouvements se sont opérés, ceux-ci relèvent plus d’évolutions que de révolutions.
Notons, en premier lieu les dimensions d’honnêteté comme de probité. Spontanément, les Français que nous avons interrogés mobilisent – comme en 2011 – ces termes.
Alors même que l’élection du Président est souvent décrite comme la capacité à représenter le pays, à disposer de compétences à incarner la fonction, à être suffisamment responsable pour se voir confier le feu nucléaire… on voit, qu’en première approche, ce sont des dimensions personnelles plus que politiques qui sont restituées : être à l’écoute, proche du peuple. En un mot, comprendre ce que sont les Français.
Assez logiquement, les regards peuvent diverger selon la proximité politique des personnes interrogées. Les différences les plus nettes sont à noter du côté des électeurs de centre et de droite qui évoquent plus que les autres la solidité, le courage, la capacité à faire preuve d’autorité.
Poujadistes les Français ? Pas vraiment. Le portrait type ne fait pas apparaitre une personne n’ayant rien à voir avec la vie politique. Ainsi plus d’un Français sur deux estiment qu’il serait bien que le futur Président dispose d’une expérience et dans le monde professionnel et dans le monde politique tandis qu’un quart considère que son histoire n’a pas d’importance. Après le mouvement des Gilets Jaunes, les répondants n’appellent pas de leurs vœux un Président issu des catégories populaires (seuls 14% le souhaitent). On identifie même un tiers de la population estimant que le futur chef de l’Etat devrait être issu des catégories aisées. Dans la même veine, le niveau de diplôme n’apparait pas structurant. Et lorsqu’il l’est, les répondants privilégient plutôt une personne diplômée que non (ou peu) diplômée. On le voit, enfin, dans le rapport à l’ENA. Décriée, l’école qui va prochainement se transformer, ne suscite pas l’ire. Un Français sur deux affirme que le fait d’être ou non diplômé de cette école n’a pas d’importance. Contre à peine plus d’un tiers préférant avoir un Président qui n’en est pas issu.
Géographiquement enfin, l’indifférence prévaut. Et lorsqu’un choix s’opère les citoyens privilégient, mais de peu, un provincial issu d’une petite commune, potentiellement maire. Une personne connaissant la « vraie vie » en quelque sorte.
Quant à sa vie privée, le futur président ne doit pas nécessairement être en couple (même si cette préférence croît en 10 ans), pas forcément avoir des enfants. Le genre même de notre futur représentant n’apparait pas non plus comme un critère de choix. L’appétence à ce que le prochain Président soit une Présidente croît (20%, +11 points en 10 ans) mais ceci n’est pas uniquement lié à la femme politique la plus identifiée (Marine Le Pen). Si 35% des proches du RN évoquent cette préférence, ils sont également 32% des sympathisants PS à faire part de la même inclinaison.
Là où le portrait chinois prend une autre dimension, c’est lorsque l’on questionne sur le fond politique. Et on observe une appétence forte pour un nouvel arrivant dans le « paysage politique » davantage que pour une personne présente depuis longtemps. Comme souvent, une personnalité issue de la société civile génère, à froid, un intérêt électoral (quand bien même nous n’avons pas constaté, jusqu’à présent, de transformation d’une popularité en comportement électoral). Est nouveau, en revanche, le potentiel de vote pour un candidat écologiste (40%), cela dans un contexte de polémiques concernant les maires EELV mais également dans une ambiance d’opinion portée vers les sécurités : sanitaires ainsi que des biens et des personnes.
On le sait, l’alchimie d’une candidature ne se résume pas, en dehors de la campagne, à cette lecture statique. On remarquera quand même que l’honnêteté, la capacité à comprendre les préoccupations des Français, d’avoir fait une partie de sa carrière dans la politique et une partie dans l’entreprise, être issu des catégories aisées, diplômé d’une grande école, de province, nouvel arrivant dans le paysage politique et médiatique dessine en creux le portrait pouvant correspondre à quelques prétendants. Emmanuel Macron par le passé. Peut-être à nouveau dans le futur. Mais d’autres peuvent également faire valoir des qualités appréciées par les Français au regard de ce portrait chinois.
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