Enquête réalisée par Toluna – Harris Interactive en ligne les 27 et 28 décembre 2022. Échantillon de 2279 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).
Paris, le 2 janvier,
Depuis plus de 10 ans en toute fin d’année, Toluna-Harris Interactive et RTL invitent les Français à partager leurs sentiments sur l’année qui vient de s’écouler et la façon dont ils envisagent les 12 mois à venir. Marqués d’une part par les ralentissements des enjeux sanitaires, mais d’autre part par le retour de la guerre aux frontières de l’Europe avec de nombreuses conséquences économiques, comment les Français jugent-ils 2022 et entrevoient-ils 2023 ? Quelles sont leurs attentes personnelles et collectives pour les 12 prochains mois, dans un contexte à l’actualité saturée, sur le plan international comme sur le plan national ?
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Que retenir de cette enquête ?
2022-2023, un nouveau souffle malgré tout ?
- Après deux années particulièrement marquées par la crise sanitaire, les confinements et les couvre-feux, les Français semblent avoir connu une année 2022 un peu plus légère que les précédentes sur le plan personnel. Malgré les tensions internationales et budgétaires qui pèsent sur les foyers, 44% affirment en effet que l’année 2022 a été positive pour eux et leurs proches (+13 points par rapport à 2021, +27 points en deux ans). Un bilan qui, après deux années profondément atypiques, rejoint des mesures précédentes du baromètre, vers un retour « à la normale » du quotidien.
- Plus positifs sur leur bilan, ils se montrent également plus optimistes pour l’année 2023 à venir qu’ils ne l’étaient pour 2022 (48%, +5 points). Bien que cet indicateur connaisse davantage de variations que le précédent en fonction du contexte qui marque chaque fin d’année, ici aussi, l’optimisme, quoique toujours relatif des Français, retrouve des niveaux proches de ce qui pouvait être observé avant la crise sanitaire.
- Sur le plan personnel, donc, les Français se montrent plus sereins que l’an dernier. Mais le contexte national et international pèse assez largement sur les priorités à considérer dans les politiques gouvernementales pour l’année à venir. Sur le plan international tout d’abord : d’épisode de crise à fait d’actualité quotidienne, la guerre entre la Russie et l’Ukraine fait entrer la question de la paix en Europe parmi les premières préoccupations des Français pour cette année 2023, chassant totalement les enjeux de lutte contre la Covid-19 des esprits malgré les rebonds épidémiques (33%, en bas de tableau, alors que la thématique était en seconde place l’an dernier). On note par ailleurs que l’enjeu environnemental et son modèle économique via la priorité mise à la transition énergétique occupent de plus en plus les esprits des Français au fil des ans.
- Sur le plan intérieur, ce sont les conséquences économiques de ce conflit russo-ukrainien, ainsi que les enjeux de vivre-ensemble, qui intéressent particulièrement. Déjà identifiée comme la thématique la plus prioritaire l’an dernier, le pouvoir d’achat, particulièrement mis en tension ces derniers mois est au cœur des enjeux pour les Français (76%, +12 points), qui l’associent à une problématique de croissance (49%, +5 points) pour lutter contre l’inflation. Corollaire à cette thématique, et en écho aux différentes pénuries qui ont pu marquer les derniers mois, on note l’attention particulière des Français à l’enjeu d’une agriculture nationale (47%, +8 points).
- Alors que s’annonce pour la rentrée l’ouverture des discussions sur la réforme des retraites, les Français ont particulièrement à cœur que le gouvernement priorise les questions liées au système social (sécurité sociale, retraites, 67%, +10 points), à l’éducation (61%, +4 points) et plus globalement, aux inégalités sociales (50%, +3 points). Economie, système social, environnement, des considérations qui sont rejointes par des thématiques de sécurité nationale, toujours très présentes chez les Français (« sécurité », 63%, +5 points ; immigration, 45%, +2 points ; lutte contre le terrorisme, 59%, au même niveau que l’an dernier). Les Français sont ainsi attentifs à de nombreux enjeux pour l’année 2023, qu’ils attendent de voir traités de manière prioritaire par le Gouvernement.
- Plus optimistes que les deux années précédentes sur le plan personnel, les Français se montrent également un peu plus optimistes à l’égard de ces grandes perspectives collectives pour 2023, avec beaucoup de nuances. Comme l’an dernier, ils sont surtout confiants, et plus confiants qu’auparavant, concernant les sujets qu’ils considèrent comme les moins prioritaires aujourd’hui: la lutte contre la Covid-19 ; 57%, +18 points ; l’égalité femmes-hommes, 48%, +5 points ; la recherche et l’innovation 52%, +6 points ; la culture, 50%, +8 points). Les autres enjeux qui leur apparaissent les plus fondamentaux, eux, recueillent un optimisme certes plus important que l’an dernier en tendance, mais qui reste minoritaire dans l’absolu. Sur l’amélioration des thématiques liées au pouvoir d’achat (24%, – 3 points), au système social (27%, +1 point), au dérèglement climatique (28%, +3 points) ou encore l’insécurité (28%, =) ou aux inégalités sociales (27%, +1 point), moins d’un tiers des Français se montrent ainsi en confiance malgré l’amélioration tendancielle. Les Français se montrent d’ailleurs relativement pessimistes quant à une résolution des tensions en Europe, qui pourraient venir alléger ce contexte national : seuls 36% sont confiants dans l’amélioration de la situation à l’égard de la paix en Europe.
Réformes des retraites, l’enjeu social à reculons pour ce début d’année
- Annoncé pour les premiers jours de janvier, le débat sur la réforme des retraites devrait marquer profondément les premières semaines, voire les premiers mois de 2023… dans un état d’esprit relativement tendu des Français sur la question. À l’arrivée de l’échéance et avec la concrétisation des projets sur la question, les Français se montrent moins convaincus que par le passé de la priorité de la réforme (53%, – 6 points par rapport aux dernières mesures en septembre, quoique toujours majoritaire) et surtout moins favorable à sa formalisation actuelle (44%, -15 points). Si évidemment, les positions politiques de chacun font largement varier les représentations, les moins favorables se situant dans l’opposition de la France Insoumise ou le RN et les plus favorables chez les soutiens du gouvernement ou chez les Républicains, le constat global reste celui d’un affaiblissement du support – sur le principe, comme sur la réalisation – au projet de réforme.
- Ce regard sur la pertinence de la réforme des retraites s’accompagne d’ailleurs d’une baisse significative de la confiance accordée aux différents acteurs: Président de la République (34% de confiance, -5 points), Gouvernement (32%), organisations patronales (31%, – 6 points) mais surtout organisations syndicales (34%, -12 points) enregistrent des taux de confiance particulièrement bas pour effectuer des propositions allant dans le bon sens au regard de cette réforme. À nouveau, si chaque sensibilité partisane a ses vecteurs de confiance (le gouvernement et les organisations patronales au centre et à droite), les organisations syndicales plutôt dans les sensibilités de gauche, force est de constater une confiance affaiblie à l’égard des structures traditionnelles de la représentation sur les thématiques sociales. Celles-ci ne sont pas suppléées véritablement par d’autres acteurs : si les lanceurs d’alertes ou les médias enregistrent une confiance relativement haute de la part des Français (jusqu’à dépasser les acteurs traditionnels), ils ne restent pas perçus comme des interlocuteurs capables de faire des propositions qui vont dans le bon sens pour la réforme des retraites selon la majorité des Français. C’est encore moins le cas pour les réseaux sociaux, que seuls 19% pensent capables de faire émerger de bonnes propositions.
- Alors, face au déclin de la confiance et aux doutes sur le fait de mener véritablement cette réforme alors qu’elle se concrétise plus que jamais, quelles propositions les Français seraient-ils en mesure de soutenir ? Force est de constater à nouveau que peu de solutions séduisent : la seule qui obtient le soutien de la majorité des Français est celle qui consisterait à augmenter la part de cotisation des entreprises (62%, et davantage encore chez les sympathisants marqués à gauche). Et ils excluent totalement l’idée de réduire le montant des pensions des retraités (11% favorables seulement). Au final, et quoique les écarts soient faibles entre les deux propositions, les Français pencheraient légèrement davantage pour l’augmentation du nombre de trimestres à effectuer pour obtenir une retraite à taux plein (41%) que pour retarder l’âge de départ à la retraite (37%). Si bien que l’âge de départ légal en retraite souhaité par les Français évolue peu : il se situe toujours avant 62 ans (40%) ou à 62 ans (25%) pour la plupart des Français, seule une minorité considérant qu’il devrait se situer à 65 ans ou après (17%). Dans le détail, quand bien même Emmanuel Macron en a fait un axe fort de sa campagne présidentielle, le report de l’âge légal à la retraite à 65 ans n’est envisagé que par 35% de proches de Renaissance et 33% de ceux des LR. Rappelons, à toutes fins utiles, que les électeurs au premier tour de la présidentielle d’Emmanuel Macron ne plaçaient « les retraites » qu’en septième position de leurs motivations de vote, alors que l’ensemble des Français les situaient en troisième position.
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