Paris, le 8 novembre,
Depuis près de 7 ans, Harris Interactive accompagne Maison des Potes dans la réalisation d’un baromètre visant à évaluer l’opinion du grand public quant à différentes mesures permettant de lutter contre les discriminations. D’abord menée dans plusieurs pays européens en 2015 et 2016, l’enquête se concentre depuis 2017 sur le cas particulier de la France et sur les évolutions de perceptions internes au pays. 2 vagues d’enquêtes ont été réalisées lors de l’année 2022 : la première au mois de mars, la seconde au mois d’octobre.
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Que retenir de cette enquête ?
Cette vague d’enquête d’octobre 2022 montre une forme de déclin des appréciations. Les Français se montrent tendanciellement moins favorables aux différentes options envisagées aujourd’hui qu’avant l’élection présidentielle de 2022.
Certes, dans l’ensemble les mesures proposées par la Maison des potes recueillent toujours une approbation majoritaire, à l’exception de l’octroi du droit de vote aux élections municipales et européennes pour les étrangers résidant depuis cinq ans en Europe, qui fait l’objet d’avis plus mitigés.
Cependant, par rapport à la mesure de mars 2022, les résultats sont en baisse de 2 à 8 points. Le renforcement des sanctions juridiques en Europe contre les employeurs coupables de discrimination à l’égard de l’origine, de la nationalité, de la couleur de peau ou de la religion ainsi que la garantie de la même rémunération et de la même retraite à toutes les personnes exerçant le même travail sur le territoire français, quelle que soit leur nationalité, recueillent un avis favorable de la part de près de 8 Français sur 10, bien que chacune de ces mesures concèdent 5 points d’avis favorables depuis la dernière mesure. Près de 3 Français sur 4 se montrent favorables à l’anonymat des candidatures (CV) examinées par les employeurs (73%, -2 points par rapport à mars), et 7 Français sur 10 le sont concernant l’autorisation des recours collectifs en justice pour les victimes d’une même discrimination (71%, -8 points).
Les trois mesures suivantes, qui intègrent davantage la notion de citoyenneté, suscitent une adhésion moins franche des Français avec des niveaux également en baisse depuis mars. Après avoir atteint son niveau le plus élevé en mars dernier, la régularisation des travailleurs étrangers sans papiers disposant d’un contrat de travail recueille 55% d’opinions favorables ce mois-ci (-6 points) et atteint son plus bas niveau depuis 2016. L’autorisation des étrangers non-communautaires travaillant légalement en Europe à devenir titulaires de la fonction publique atteint également son niveau le plus faible enregistré (51%, -8 points). Un peu moins de la moitié des Français se montrent favorables à l’élargissement du droit de vote aux élections municipales et européennes aux étrangers non-communautaires (48%, -8 points). Rappelons que ces baisses notables ont été mesurées dans un contexte d’opinion marqué par le meurtre de la petite Lola, suite auquel le sujet de l’immigration et des « décisions d’obligation de quitter le territoire français » (OQTF) ont été fortement exposés médiatiquement.
Comme à chaque vague, certaines catégories de population se distinguent par leur plus grand soutien à l’ensemble de ces mesures. Sensibilisées à ces questions sur le plan personnel, les personnes dont les parents ne disposaient pas de la nationalité française à leur naissance sont toujours plus nombreuses à se montrer favorables à ces différentes propositions. C’est également le cas des personnes qui se déclarent proches idéologiquement des formations politiques de gauche, dont la grande majorité font part d’opinions positives à l’égard de l’ensemble de ces mesures. Les profils les plus jeunes (âgés de 18 à 24 ans), quant à eux, adhèrent davantage que la moyenne aux propositions relevant de la citoyenneté (régularisation des travailleurs étrangers sans papiers disposant d’un contrat de travail ; autorisation des étrangers non-communautaires travaillant légalement en Europe à devenir titulaires de la fonction publique ; élargissement du droit de vote aux élections municipales et européennes aux étrangers non-communautaires).
Six mois après l’élection présidentielle, les clivages selon l’électorat observés au mois de mars demeurent. Si les électeurs de Jean-Luc Mélenchon défendent plus fortement l’intégralité des mesures que la moyenne des Français, les électeurs de droite y apparaissent bien moins favorables. Les électeurs d’Emmanuel Macron se distinguent également sur quelques propositions relevant du domaine de l’emploi : le renforcement des sanctions contre les employeurs coupables de discrimination (89% vs 79% au global) ; la même rémunération et la même retraite pour toutes les personnes travaillant en France (84% vs 78% au global) ; ou encore l’anonymisation des CV (78% vs 73%). Enfin, les électeurs de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour se montrent nettement moins favorables sur l’ensemble de ces mesures, mais à des niveaux encore moindres parmi l’électorat du candidat Reconquête.
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