Baromètre d’intentions de vote pour l’élection présidentielle de 2022 – Vague 24
Enquête Harris Interactive pour Challenges
30.11.21
Enquête réalisée en ligne du 26 au 29 novembre 2021. Échantillon de 2601 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, dont 2071personnes inscrites sur les listes électorales. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région et comportement électoral antérieur de l’interviewé(e).
La dynamique baissière observée ces dernières semaines s’accentue pour Éric Zemmour et cela profite à Marine Le Pen. Crédité désormais de 13% d’intentions de vote dans chacune des hypothèses de 1er tour testées, Éric Zemmour connait un reflux de 3 à 4 points des intentions de vote en sa faveur en une semaine. Soit une baisse de 5 à 6 points depuis la mi-novembre. Marine Le Pen en revanche voit son score en progression dans les mêmes proportions et est désormais créditée de 19% à 20% des intentions de vote. Si près d’un quart des électeurs de François Fillon déclare toujours une intention de vote en faveur d’Éric Zemmour, on note que le report des voix des électeurs de Marine Le Pen en 2017 est légèrement plus favorable à la candidate du RN cette semaine (66% contre 61% la semaine dernière) qu’à Éric Zemmour (22% des électeurs Le Pen en 2017 voteraient pour Éric Zemmour contre 28% il y a une semaine). Notons par ailleurs toujours des intentions de vote en faveur d’Éric Zemmour plus faibles auprès des femmes (10% déclarent une intention de vote pour l’ancien chroniqueur) que des hommes (16%). L’enquête pour partie réalisée après le « doigt d’honneur » du polémiste montre l’accélération d’une distanciation dont les racines se trouvent aux propos tenus devant le Bataclan. Elle montre qu’une partie des électeurs étaient prêts à voter pour une personne adepte d’une forme de transgression. Pas d’outrance.
A droite, à une semaine de connaitre le candidat désigné par Les Républicains pour l’élection présidentielle, la situation reste stable : Xavier Bertrand recueillerait 14% des intentions de vote au 1er tour de l’élection présidentielle (devançant donc désormais Eric Zemmour d’un point), Valérie Pécresse 11%etMichel Barnier 10%. Le Président de la Région Hauts-de-France bénéficie de 45% des suffrages s’étant portés vers François Fillon (9% Emmanuel Macron), Valérie Pécresse respectivement 38% et 8% et l’ancien négociateur du Brexit 41% et 6% de ces électorats.
A gauche, dans l’ensemble, les intentions de vote sont stables également. Jean-Luc Mélenchon recueille 10% d’intentions de vote, devant Yannick Jadot (7% à 8% selon les configurations, en baisse de 1 point), Anne Hidalgo (5%) et Arnaud Montebourg (2%, +1).
Comme les semaines précédentes nous avons testé plusieurs hypothèses de second tour.
Dans le cas d’un duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, le Président sortantl’emporterait avec 54% des voix contre 46% pour Marine Le Pen (toujours dans la même fourchette que ce que nous mesurons depuis la création de ce baromètre).
Si Xavier Bertrand se qualifiait pour le second tour, il s’inclinerait également face à Emmanuel Macron (55% contre 45%).
Dans le cas d’un duel entre le Président de la République et Éric Zemmour, Emmanuel Macron l’emporterait avec 60% des voix contre 40% pour l’ancien chroniqueur.
Valérie Pécresse et Michel Barnier seraient également battus par le Président de la République (59% contre 41% pour la première ; 58% contre 42% pour le second).
Enfin si Jean-Luc Mélenchon se qualifiait pour le second tour, Emmanuel Macron l’emporterait également. Le leader de la France Insoumise recueillerait 36% des voix contre 64% pour le Président de la République.
Cette enquête abordait également l’image que portent les Français sur Marine Le Pen et Éric Zemmour, après une première mesure réalisée il y a un mois. L’ancien chroniqueur est toujours avant tout perçu comme « d’extrême-droite » (64%), « autoritaire » (63%) et « raciste » (58%). Si le qualificatif « déterminé » lui est toujours associé de manière majoritaire (63%) il l’est un peu moins qu’il y a un mois (- 5 points). La perception d’un candidat « seul, isolé » est également renforcée lors de cette vague (56% des Français lui attribuent ce qualificatif contre 47% il y a un mois) Après les incidents ayant jalonné sa visite à Marseille ce week-end et notamment l’échange de doigts d’honneur avec une passante, notons que moins d’un tiers des Français le qualifient de sympathique, respectueux ou encore rassurant, mais également un potentiel bon Président de la République et un bon représentant de la France à l’étranger. Si la quasi-totalité des électeurs d’Éric Zemmour lui attribuent toujours l’ensemble des qualités testées, moins de la moitié des électeurs de Marine Le Pen le considèrent notamment comme étant respectueux et un bon Président de la République potentiel.
Marine Le Pen est perçue elle aussi avant tout comme « d’extrême-droite » (69%), « déterminée » (69%), « autoritaire » (67%) ainsi que « sachant faire preuve d’autorité » (61%), « courageuse » (59%), « dynamique » (56%) et « raciste » (56%). Moins de 4 Français sur 10 considèrent néanmoins la dirigeante du Rassemblement National comme une « bonne Présidente de la République potentielle » (39%), une personnalité « rassurante » (38%), et 38% estiment qu’elle « représenterait bien la France à l’étranger ». Notons par ailleurs qu’une grande majorité des électeurs déclarés d’Éric Zemmour attribuent à Marine Le Pen l’ensemble des qualificatifs positifs testés, et que la moitié d’entre eux la considèrent « d’extrême-droite » (et 22% « raciste »). Ainsi l’image de Marine Le Pen se distingue particulièrement de celle de son concurrent dans sa capacité à être davantage respectueuse (14 points de différence) et courageuse (13 points d’écart en sa faveur). Le seul attribut davantage mobilisé pour qualifier le polémiste que la Présidente du RN est le qualificatif « isolé » (10 points d’écart).
Enfin cette enquête interrogeait également les Français sur les actes et paroles offensantes pouvant survenir entre des candidats. Notons qu’1 Français sur 5 estime « compréhensible » des actes tels que des insultes, des menaces verbales, la propagation de fausses rumeurs ou encore le fait de dévoiler la vie privée de ses adversaires. Des actes unanimement jugés incompréhensibles pour les Français de plus de 50 ans mais que les plus jeunes déclarent beaucoup plus comprendre : 4 Français âgés de moins de 35 ans sur 10 estiment ainsi compréhensibles des menaces verbales, la propagation de fausses rumeurs et d’éléments de la vie privée, et 1/3 d’entre eux le fait de proférer des insultes dans le cadre d’une confrontation politique. Notons également une corrélation assez nette avec la famille politique de référence : les sympathisants de la France Insoumise, du Rassemblement National et dans une moindre mesure d’EELV se montrent un peu plus compréhensifs vis-à-vis de ceux qui ont recours à ces méthodes.