Baromètre d’intentions de vote pour l’élection présidentielle de 2022 – Vague 16
Enquête Harris Interactive pour Challenges
06.10.21
Enquête réalisée en ligne du 1er au 4 octobre 2021. Échantillon de 1 310 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, dont 1 062 personnes inscrites sur les listes électorales. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région et comportement électoral antérieur de l’interviewé(e).
Pour la première fois depuis son entrée dans ce baromètre d’intentions de vote, Eric Zemmour semble en position de se qualifier au second tour de l’élection présidentielle. Derrière Emmanuel Macron, qui arriverait toujours largement en tête du premier tour (entre 24% et 27% d’intentions de vote selon les hypothèses, en progression d’un point), Eric Zemmour se placerait en deuxième position du scrutin dans chacune des configurations testées (entre 17% et 18%). Faisant les frais de cette progression, Marine Le Pen recueille désormais entre 15 et 16% d’intentions de vote et se trouve pour la première fois « exclue » du second tour. Derrière ces deux personnalités, les 3 candidats à la primaire de la droite testés se trouvent en retrait cette semaine : Xavier Bertrand 13% (-1, et même -2 depuis la rentrée), Valérie Pécresse 11% (-1, et même -3 depuis la rentrée) et Michel Barnier 7% (-1).
Ce score d’Éric Zemmour s’explique par un soutien toujours plus soutenu apporté par les ex-électorats de François Fillon et de Marine Le Pen lors de la dernière élection présidentielle. Près de 3 électeurs sur 10 de François Fillon et de Marine Le Pen au 1er tour de l’élection présidentielle de 2017 se tourneraient désormais vers le chroniqueur.
A gauche, et après une éphémère progression de 2 points la semaine dernière suite à son débat télévisé avec Eric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon retrouve son score de 11% mesuré tout au long du mois de septembre. A gauche toujours, et après son « intronisation » officielle comme candidat écologiste, Yannick Jadot revient au niveau d’Anne Hidalgo dans le cas d’une candidature de Xavier Bertrand (6% chacun) voire prend un léger avantage sur la maire de Paris (7% contre 6%) dans les hypothèses où Valérie Pécresse et Michel Barnier seraient les candidats LR.
Compte tenu des évolutions de ces dernières semaines et la possibilité, pour la 1ère fois depuis le début de la campagne d’un 2nd tour différent de celui de 2017, nous avons testé plusieurs hypothèses de second tour. Dans le cas, le plus en lien actuellement compte tenu des intentions de vote au 1er tour, d’un duel entre Eric Zemmour et Emmanuel Macron, le Président en exercice recueillerait 55% d’intentions de vote contre 45% pour le chroniqueur. Ce score tient à la fois à une forme de « désimplication » des électeurs de gauche (dont la moitié indique qu’ils ne se déplaceraient pas pour départager ces deux candidats potentiels), de bons reports des électeurs de droite (38% des électeurs Bertrand) et frontistes (41% des électeurs Le Pen) sur Eric Zemmour et, enfin, d’une confirmation par les électeurs « zemmouriens » de leur intention de porter leur candidat à l’Elysée (98% d’entre eux viendraient à nouveau soutenir le journaliste lors du second tour). Notons qu’avec d’une part 43% d’électeurs lepénistes n’exprimant pas d’intentions de vote lors de ce second tour et d’autre part un front républicain pour le moins dysfonctionnel, il reste aux deux candidats potentiels des leviers pour espérer l’emporter.
Au-delà de cette configuration de second tour qui apparait aujourd’hui comme la plus probable, d’autres hypothèses possibles ont été testées. Dans le cas d’un duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, le Président de la République l’emporterait toujours, mais avec une avance plus mince sur sa concurrente (53% contre 47%). Par ailleurs, si Xavier Bertrand parvenait à se qualifier pour le second tour, le président de la région Hauts-de-France s’inclinerait de peu face à Emmanuel Macron (51% contre 49%). Il ferait tout de même un peu mieux que Valérie Pécresse et Jean-Luc Mélenchon qui s’inclineraient face au Président en exercice (avec respectivement 43% et 37% des intentions de vote de second tour). Rappelons que ces dernières configurations, si elles restent possibles au regard du temps qui nous sépare du scrutin, apparaissent aujourd’hui comme moins probables que les premières.
Enfin, dans un contexte de hausse des prix du gaz et de l’électricité à l’entrée de l’hiver, cette enquête interrogeait également les Français sur la possibilité pour l’Etat de fixer un prix minimum pour les produits alimentaires de base et ceux de l’énergie. 3 Français sur 4 estiment que ce serait une bonne chose que l’Etat puisse fixer ces prix, un avis partagé auprès des Français quelle que soit leur famille politique de référence, bien que les sympathisants de gauche se montrent plus enclins encore à la régulation étatique. Interrogés également sur la faisabilité d’une telle mesure, 7 Français sur 10 estiment que l’Etat en aurait la capacité. Si les sympathisants de gauche se montrent plus convaincus que la moyenne, notons que plus des deux tiers des sympathisants LREM, LR et RN estiment qu’il est possible que l’Etat agisse de la sorte.
L’enquête réalisée cette semaine s’inscrit dans le cadre d’un dispositif barométrique hebdomadaire d’intentions de vote dans la perspective de l’élection présidentielle initialisé à la mi-avril. Comme toutes les études Harris Interactive, elle mesure des intentions de vote à un instant T.Les enquêtes n’ont nullement prétention à prévoir l’avenir, à être « en avance de phase » ou encore à anticiper des mouvements d’opinion ou comportements électoraux. Le protocole d’études est validé par la commission des sondages qui a connaissance, avant même la publication, de la méthode à laquelle nous recourrons. Celle-ci est non seulement des plus classiques mais également éprouvée depuis plus de dix ans, période depuis laquelle Harris Interactive réalise des intentions de vote. Et ce en toute indépendance.
La période que nous connaissons est unique. Jamais un candidat n’a connu en si peu de temps, dans des mesures d’intentions de vote, une telle évolution telle que celle que connait Eric Zemmour. Jamais une candidate, telle que Marine Le Pen, n’a vu dans le cadre de telles mesures son électorat baisser aussi rapidement. Il nous faut considérer ces données comme étant singulières et… circonstanciées. Et comme témoignant d’une dynamique relevée à six mois du scrutin alors même que la campagne a à peine débuté.