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Baromètre d’intentions de vote aux élections législatives de 2022 – Vague 52

Enquête Harris Interactive x Toluna pour Challenges

Enquête nationale réalisée en ligne du mercredi 8 au vendredi 10 juin 2022. Échantillon de 2 424 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, dont 2 078 personnes inscrites sur les listes électorales.
Enquête réalisée sur offre réelle, c’est à dire que chaque répondant se voyait proposer la liste officielle des candidats au 1er tour des élections législatives dans sa propre circonscription.
Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, département et comportement électoral antérieur de l’interviewé(e).

 

Paris, le 10 juin,

 

Comme chaque semaine, Harris Interactive et Toluna ont interrogé pour Challenges les Français à quelques jours du premier tour des élections législatives.

 

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Depuis plus d’un an et le lancement du plus ancien baromètre de cette séquence électorale (Harris Interactive x Toluna pour Challenges) nous mesurons et analysons les évolutions des intentions de vote des Français, les motivations de vote, le regard à l’égard des candidats et des formations politiques, les mouvements d’opinion, mais aussi leur rapport aux scrutins présidentiel et législatifs ainsi que leur propension à aller voter. Quelques semaines après une 1ère partie de séquence présidentielle où nous avons vu une part significative d’électeurs (notamment jeunes) se décider dans les dernières heures, quelles sont les zones d’indécisions persistant quelques jours avant le 1er tour des élections législatives ? Quelles sont les inconnues et leurs conséquences potentielles quant à l’issue du scrutin ?

 

Première inconnue : le niveau de participation

Le premier indicateur qui sera scruté ce dimanche sera bien sûr celui de la participation / abstention. Nous le savons, il est particulièrement difficile d’anticiper le comportement des Français le dimanche 12 juin. Lors de l’élection présidentielle, nous mesurions un indice de participation à 73% quelques jours avant le scrutin qui s’est révélé très proche du taux de participation final (73,7%), nous permettant d’identifier un vote en faveur de Marine Le Pen à hauteur de 24% (elle récoltera 23,2% des suffrages exprimés le soir du 1er tour).

Aujourd’hui à la veille des élections législatives, le taux de participation apparait là encore particulièrement difficile à mesurer, dépendant particulièrement des enjeux qui seront perçus ce dimanche par les Français. Ainsi, on le sait, une abstention forte est traditionnellement préjudiciable au Rassemblement national (nous l’avons vu de manière éclatante lors des dernières élections régionales et départementales). Actuellement, la formation de Jordan Bardella récolte 20% des intentions de vote au niveau national, ce qui pourrait lui permettre d’obtenir entre 25 et 48 sièges à l’Assemblée. Cependant, l’Histoire récente nous a montré que son niveau était fortement corrélé à la capacité de son électorat, un public un peu moins participatif du fait de sa structure (jeunes et catégories populaires notamment), à se déplacer dans les bureaux de vote pour convertir une intention de vote formulée en amont en bulletin glissé dans l’urne.

Cette indécision est marquée lors de nos dernières enquêtes : seulement 43% des inscrits sur les listes électorales âgés de 18 à 24 ans (soit une grande part des primo-votants à l’élection présidentielle) déclarent pour l’instant être certains d’aller voter et 53% des 25-34 ans.

A l’inverse, la droite républicaine s’appuie sur un électorat âgé mais fidèle aux urnes, avec un taux de participation affirmé plus élevé que la moyenne des Français. Ainsi, 77% des Français de 50 ans et plus inscrits sur les listes électorales déclarent qu’ils iront « certainement » voter dimanche : dans la suite logique de la présidentielle, 31% penchent pour un candidat de la majorité présidentielle et 12% se tourneraient plutôt vers un candidat Les Républicains. Dimanche sera ainsi le moment d’analyser le pouvoir d’attraction de la part de Renaissance vis-à-vis de cet électorat historique de droite.

La projection en sièges que nous réalisons, si elle reste à analyser avec précaution à la veille du premier tour (les électeurs ne connaissant ni le rapport de force au soir du premier tour ni les candidats qualifiés dans leur circonscription), permet aux Républicains et l’UDI d’espérer un groupe compris entre 38 et 58 sièges loin de « leurs » 130 députés élus en 2017.

 

Deuxième incertitude : les dynamiques de campagne

Au-delà de l’inconnue de la participation des Français au 1er tour des élections législatives, restent également plusieurs zones de mouvements possibles entre les différents électorats, à droite comme à gauche.

A quelques jours du 1er tour, la majorité présidentielle est créditée de plus d’un quart des intentions de vote (26%), à un niveau semblable à ce que l’on mesure depuis quelques semaines. Ainsi le vote en faveur de la majorité présidentielle se fonde avant tout sur la conversion de l’électorat d’Emmanuel Macron, puisque 75% de ses électeurs ont l’intention de voter pour un candidat qui soutient son action. Ensemble et ses alliés pourraient espérer obtenir entre 265 et 305 sièges.

Dans cette campagne, une forte incertitude concerne le score que réalisera la Nouvelle Union populaire écologique et sociale, la NUPES. Objet politique construit à la suite de l’élimination de toutes les formations de gauche au 1er tour de l’élection présidentielle, avec l’objectif affirmé d’obtenir une majorité de circonscriptions et d’amener le Président de la République à nommer Jean-Luc Mélenchon Premier ministre. Aujourd’hui, l’incertitude concerne le score que peut réaliser cette nouvelle formation et sa capacité à agréger autour d’elle les électeurs de gauches qu’un ancien Premier ministre avait qualifié « d’irréconciliables ». Ainsi si nous mesurons que la NUPES pourrait obtenir 26% des voix, nous estimons qu’elle pourrait gagner entre 145 et 203 sièges à l’Assemblée nationale (dont 90 à 110 pour les seuls candidats insoumis contre 22 à 38 pour le PS, 22 à 37 pour les écologistes et 11 à 18 pour les communistes). Elle semble faire face à une difficulté de rallier l’intégralité des électeurs des candidats de gauche à l’élection présidentielle : seuls 62% des électeurs de Fabien Roussel, 58% des électeurs de Anne Hidalgo et 50% des électeurs de Yannick Jadot voteraient plutôt en faveur d’un candidat soutenu par la NUPES. Ces niveaux sont élevés dans l’absolu mais ne suffisent pas pour l’heure à faire basculer une majorité de circonscriptions. De plus, si à l’élection présidentielle Jean-Luc Mélenchon était notamment parvenu à réunir sous sa candidature les voix des personnes issues des quartiers périphériques, souvent plus jeunes et plus faiblement politisées, une question importante concerne la capacité des candidats, forcément moins identifiés, à capter cet électorat habituellement prompt à s’abstenir. Et ce d’autant plus que « l’épouvantail Le Pen » avait constitué une motivation de vote pour Jean-Luc Mélenchon il y a de cela quelques semaines. Aujourd’hui, le poids politique du RN apparaissant, du point de vue des électeurs, réduit, le vote contre constitue un argument faiblement mobilisé.

 

Troisième inconnue : la certitude du choix

La dernière interrogation concerne la sureté du choix des Français. Lors du premier tour de l’élection présidentielle, 10% des électeurs avaient choisi le jour même le bulletin qu’ils allaient glisser dans l’urne, un taux assez proche quel que soit le vote du 10 avril.

Moins de 3 jours avant le scrutin législatif, 22% des Français inscrits sur les listes électorales déclarent qu’ils pourraient encore changer d’avis quant au choix qu’ils expriment dans leur intention de vote.

Plus précisément ce sont 32% des potentiels électeurs des Républicains comme 36% des électeurs des candidats de gauche non soutenus par la NUPES qui déclarent pouvoir encore changer d’avis. Les potentiels électeurs de la NUPES (83%), d’Ensemble (86%) et du Rassemblement national (89%) se déclarent davantage sûrs de leur choix. A nouveau, une dynamique de vote utile autour de ces trois pôles est possible et peut venir renforcer celui qui aura le mieux su agréger autour de lui.

Ainsi, à quelques jours des élections législatives, il existe ainsi des zones de doute concernant tant le niveau de la participation attendue, qui conditionnera le résultat de ce 1er tour dans la plupart des circonscriptions, que de la solidité des intentions de vote. Enfin, il conviendrait de ne pas oublier qu’une (courte) campagne de second tour s’ouvrira dimanche soir et qu’elle viendra probablement faire évoluer les comportements électoraux en amont du scrutin du 19 juin et donc les résultats en voix et en sièges qui en découleront. En 2017, ce fut le cas : la majorité promise à Emmanuel Macron s’est révélée au final plus étriquée que ce que les électeurs semblaient vouloir dire au soir du premier tour.

 

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