Enquête réalisée en ligne du dimanche 24 avril après 20 heures au lundi 25 avril. Échantillon de 2 343 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, dont 2 048 personnes inscrites sur les listes électorales. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région et comportement électoral antérieur de l’interviewé(e).
Paris, le 25 avril,
Comme chaque semaine, Harris Interactive et Toluna ont interrogé pour Challenges les Français au lendemain des résultats de l’élection présidentielle.
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Que retenir de cette nouvelle vague d’enquête ?
- Avant même la réélection d’Emmanuel Macron avec 58,54% des voix face à Marine Le Pen, le 1er tour avait dessiné une France politique s’articulant autour de trois pôles politiques. Les prochaines élections législatives qui auront lieu en juin serviront de validation (ou non) à cette recomposition de l’espace politique. Bien entendu, l’offre politique qui sera proposée aux Français lors de ce scrutin n’est pas encore connue. Pour tester le comportement des Français, nous avons dû soumettre aux Français une offre fictive, c’est-à-dire unique dans chaque circonscription et désincarnée (« un candidat soutenu par… »). En attendant de connaître l’offre réelle, cette approche permet de s’approcher au plus de l’état d’esprit avec lequel les Français abordent l’élection.
- Alors que le Président réélu cherchera à obtenir de nouveau une majorité absolue à l’Assemblée nationale, nous avons testé deux configurations possibles lors de ces élections des députés. Dans une configuration où les principales forces politiques présenteraient des candidats séparément dans chaque circonscription, la situation est semblable à celle mesurée au 1er tour de l’élection présidentielle. Les candidats soutenus par La République en Marche le Modem et Horizons cumuleraient 24% des voix exprimées au 1er tour, devant les candidats soutenus par le Rassemblement National (23%) et ceux soutenus par la France Insoumise (19%). Ces scores d’ensemble plus faibles pour les formations d’Emmanuel Macron et de Jean-Luc Mélenchon s’expliquent notamment par le mouvement des électeurs de gauche et de droite, d’un vote « utile » au 1er tour de l’élection présidentielle pour le candidat qu’ils estimaient le plus à même de l’emporter, vers un vote pour un candidat aux élections législatives soutenu par la formation politique dont ils se sentent le plus proche. Ainsi, 8% des électeurs exprimant une intention de vote choisiraient un candidat soutenu par Europe Ecologie Les Verts, 5% pour le Parti socialiste ou divers gauche, soit davantage que le score de ces candidats à l’élection présidentielle. De même, à droite 8% se porteraient vers un candidat soutenu par Les Républicains et ses alliés. Enfin, les candidats soutenus par Reconquête ! recueilleraient 7% des suffrages exprimés, soit un score similaire à celui d’Éric Zemmour au 1er tour de l’élection présidentielle.
- Alors que plusieurs personnalités ont lancé des appels à l’union en vue des élections législatives, à gauche comme à droite, nous avons testé une configuration (hypothétique à ce stade) où les principales forces politiques nouaient des alliances et présentaient des candidats communs afin de reconstituer les trois grands blocs politiques du premier tour de l’élection présidentielle. Les candidats d’union de la gauche (soit une alliance de la France Insoumise, du Parti Communiste, du Parti socialiste et d’Europe Ecologie Les Verts) recueilleraient 33% des voix, soit le même niveau que les candidats soutenus par l’union du centre et de la droite (La République en Marche, le Modem, Horizons, Les Républicains et l’UDI) avec 33% également, et devant les candidats soutenus par une alliance d’extrême-droite, composée du Rassemblement National, Debout la France et Reconquête ! (31%).
- De manière assez logique les électorats au 1er tour de l’élection présidentielle se reportent dans l’ensemble majoritairement vers des candidats soutenus par la formation politique de référence de leur candidat. On note néanmoins que parmi les électeurs d’Emmanuel Macron se positionnant à gauche sur un axe politique, la majorité d’entre eux voteraient pour un candidat soutenu par une force politique de gauche : 39% pour un candidat soutenu par la France Insoumise, 15% pour un candidat socialiste, 15% pour un candidat écologiste et seulement 20% pour un candidat soutenu par la majorité présidentielle. Dans le cas où les 3 principaux blocs politiques s’unifiaient, ce mouvement est aussi net : 71% des électeurs d’Emmanuel Macron de 1er tour se positionnant politiquement à gauche choisiraient de soutenir un candidat d’union de la gauche, comme le feraient plus de 8 électeurs sur 10 ayant voté pour Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo ou Yannick Jadot.
- Bien que l’offre électorale dans chaque circonscription pour ces élections législatives soit encore loin d’être complète, et en restant prudent quant aux spécificités des situations locales et de l’antériorité des élus en place, nous avons procédé à des projections en siège de l’Assemblée Nationale sur la base de ces deux configurations, afin de mesurer si Emmanuel Macron était en mesure d’obtenir de nouveau une majorité. Dans le cas de candidatures séparées de la part de chacune des grandes forces politiques, la majorité présidentielle (La République en Marche, le MoDem et Horizons) recueillerait entre 328 et 368 sièges (contre 364 actuellement pour les députés des groupes LREM, MoDem, Agir et Libertés et Territoires), soit la majorité absolue. Les députés Républicains et UDI verraient leur nombre divisé de plus de moitié : entre 35 et 65 (contre 120 pour les groupes LR et UDI actuellement), tandis que l’Assemblée nationale verrait l’arrivée de plus d’une centaine de députés RN (75-105 députés contre 8 lors de la précédente législature). A gauche le groupe des Insoumis se verrait renforcé (25-45 députés contre 17 actuellement) tandis que les socialistes pourraient compter sur une trentaine de députés (soit un nombre similaire).
- Dans le cas de candidatures soutenues par 3 blocs politiques, la majorité présidentielle (alliée dans ce cas avec Les Républicains et l’UDI) se trouverait renforcée et obtiendrait donc à nouveau la majorité absolue (entre 326 et 366 députés) mais dans une proportion moindre que l’addition de leur force dans la précédente hypothèse, le tout principalement au profit des députés d’union de la gauche (entre 73 et 93 députés), qui pourraient bénéficier de cet avantage lors des différents 2nd tour mais qui ne dépasseraient finalement pas en nombre les députés RN, Debout la France et Reconquête ! (entre 117 et 147 députés).
- Cette enquête interrogeait également de manière plus générale les Français sur la composition de l’Assemblée qu’ils souhaiteraient et la majorité accordée ou nom à la formation politique d’Emmanuel Macron. Un peu plus de la moitié des Français inscrits sur les listes électorales souhaiteraient que La République en Marche et ses mouvements alliés dispose d’une majorité à l’Assemblée nationale, 22% qu’elle dispose d’une majorité absolue et 32% une majorité relative, soit avec le centre-gauche (21%), soit avec le centre-droit (11%), tandis que 45% souhaitent qu’elle ne dispose pas d’une majorité et qu’il y ait une cohabitation. Une situation un peu moins favorable pour la majorité présidentielle par rapport à ce que nous mesurions peu de temps après l’élection présidentielle de 2017 : 6 Français sur 10 espéraient que La République en Marche dispose d’une majorité à Assemblée nationale : 23% une majorité absolue et 37% une majorité relative dont 20% avec le centre-gauche et 17% avec le centre-droit, tandis que moins de 4 Français sur 10 espéraient une cohabitation.
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