Créé en 1976, Centre Inffo est chargé de développer l’information sur la formation permanente. Il constitue l’échelon national de l’information et de la documentation dans le domaine de l’orientation et de la formation professionnelles. Il est au cœur des politiques publiques de formation tout au long de sa vie professionnelle, qui vise à sécuriser les parcours et lutter contre le chômage, mais aussi à permettre à chacun de s’épanouir professionnellement en étant acteur de sa formation.
Centre Inffo a mandaté Harris Interactive pour mettre en place un Baromètre de l’emploi et de la formation professionnelle. Ce baromètre a vocation à éclairer et suivre dans le temps le regard des actifs sur la formation professionnelle et les enjeux associés aujourd’hui en France. Il est constitué d’une partie barométrique et d’un focus spécifique à chaque vague ; celui de cette vague 1 est dédiée aux soft skills.
Dans un monde du travail en mutation, la formation professionnelle continue apparaît à la fois comme une nécessité pour rester employable et comme une opportunité pour évoluer professionnellement.
A l’heure du Compte personnel de Formation, les actifs français estiment être responsables de leur parcours de formation professionnelle mais s’estiment parfois mal armés pour faire les bons choix et s’affichent en attente d’accompagnement. Un besoin d’accompagnement évident pour que chaque actif soit pleinement acteur de son parcours de formation professionnelle
Les principaux enseignements de l’étude en 10 points
La formation professionnelle continue est très majoritairement perçue comme une chance pour évoluer professionnellement (87%), mais aussi comme une nécessité pour conserver son employabilité tout au long de sa carrière (84%). Les actifs français perçoivent largement ce besoin, la grande majorité d’entre eux (80%) indiquant avoir un métier qui évolue et qui nécessite des formations. En outre, une majorité des actifs se projettent dans 5 ans dans un autre métier (22%) ou le même métier mais exercé différemment (42%). La formation professionnelle continue permet aussi, d’après les répondants, de ne pas se lasser professionnellement et de prendre du recul sur son quotidien de travail (89% et 84%).
Si ses mérites sont largement reconnus, nombre d’actifs (60%) la jugent également contraignante, car difficilement compatible avec les agendas professionnels chargés.
Les critiques sont minoritaires à l’encontre de la formation professionnelle telle qu’elle existe aujourd’hui mais pas inexistantes : 36% des répondants adhèrent à l’affirmation selon laquelle la formation professionnelle continue est inutile, car on n’arrive guère à mettre en pratique ce que l’on a appris ou parce que l’on trouve rarement des formations vraiment adaptées à son métier. 37% des actifs estiment en outre qu’aujourd’hui, l’argent de la formation professionnelle continue est mal dépensé, ce sentiment étant plus prégnant encore parmi les chômeurs. Ainsi, l’importance de la formation professionnelle continue est reconnue, mais sa mise en œuvre actuelle prête le flanc à certaines critiques.
A l’heure du compte personnel de formation, les actifs sont une majorité à penser que c’est à chacun d’être responsable de son parcours de formation professionnelle plutôt que de faire porter la majeure partie de la responsabilité sur les pouvoirs publics, les branches professionnelles et les entreprises (64% contre 36%). Ils estiment donc personnellement avoir un rôle encore plus important à jouer (84%) que les organismes de formation (78%), les entreprises (75%) ou branches professionnelle (70%) ou encore que les acteurs publics. Ainsi, cette responsabilisation n’exonère pas les autres acteurs, aussi bien privés que publics, tant le besoin d’accompagnement est prégnant.
Bien qu’ils s’attribuent un rôle prépondérant, les actifs ne sont guère aujourd’hui très entreprenants en matière de formation professionnelle. Si 56% estiment être acteurs de leur formation professionnelle, ils ne sont que 16% à se dire « tout à fait » acteurs, et 44% reconnaissent ne pas être actifs sur ce sujet. En outre, s’ils affichent leur bonne volonté, seuls 30% déclarent avoir déjà émis des souhaits de formation lors des entretiens professionnelles, 22% avoir déjà contacté directement des organismes de formation, 20% avoir fait des recherches sur le sujet et avoir envoyé ces informations à leur employeur ou encore 18% à avoir déjà suivi une formation de leur propre initiative en dehors des heures de travail (du type cours du soir, MOOC…).
Leur bonne volonté se heurte sans doute à un manque d’information. En effet, 57% des actifs estiment être mal informés sur la formation professionnelle continue. Ce déficit d’information concerne aussi bien les droits que les ressources (lieux d’orientation, possibilités d’accompagnement, organismes de formation, financement…) ou encore les formations porteuses en matière d’emploi. Le plus souvent, les actifs se tournent vers leur employeur pour se renseigner sur la formation professionnelle, ou vers les moteurs de recherche mais ils connaissent peu les sources d’information dédiées à ce sujet. A titre d’exemple, ils ne sont qu’1 sur 4 à déclarer connaître le portail « Orientation pour tous », et 1 sur 10 à l’utiliser.
En dépit d’une information qu’ils jugent insuffisantes, les actifs dans leur très grande majorité (85%) indiquent avoir entendu parler du Compte Personnel de Formation, plus d’un sur deux déclarant même bien voir ce dont il s’agit. Une majorité a même déjà entendu parler de l’application « Mon Compte Formation » lancée en novembre dernier (59%). Cependant, seul 1 sur 4 déclare connaître aujourd’hui le montant de ses droits de formation.
Dans ce contexte, un actif sur deux déclare avoir pour projet de suivre une formation professionnelle en 2020, sans toujours avoir déjà une idée bien arrêtée sur la formation qu’ils souhaiteraient suivre (59% en ont une idée claire contre 41%). Lorsqu’ils sont en mesure d’émettre un souhait, les actifs évoquent le plus souvent leur désir de suivre une formation en lien avec l’informatique et les nouvelles technologies.
Le terme « soft skills » est assez peu connu des répondants (25%). Une fois le terme explicité, une large majorité considère pourtant qu’il s’agit de compétences importantes pour évoluer professionnellement (72%) et 62% pensent qu’il est possible de faire des formations pour les acquérir ou les renforcer. Une majorité pense même cela nécessaire pour apprendre à manager, à être chef de projet ou pour être en relation avec les clients. Invités à indiquer les soft skills sur lesquelles ils aimeraient être formés, les actifs français font état de désirs assez disparates, la majorité des suffrages se portant toutefois sur la résolution de problèmes (27%), l’argumentation et la négociation (24%), le management (24%) ou encore la gestion des émotions (23%), réponses qui laissent entrevoir un monde professionnel assez dur.
Relevons que la variable la plus explicative des réponses est souvent le niveau de formation initiale, tout laissant aujourd’hui à penser que la formation professionnelle continue s’inscrit dans le prolongement de la formation initiale : ainsi, plus on est formés au départ, plus on conçoit un besoin de formation professionnelle continue, plus on affiche le désir de continuer à se former tout au long de sa carrière et plus on a les clefs pour le faire. Les plus diplômés (supérieur à Bac+2) sont par exemple plus susceptibles d’avoir entendu parler du CPF (91%, +6 points par rapport à al moyenne) et de l’appli correspondante (66%, +7 points) et sont plus nombreux à afficher un projet de formation pour 2020 (62%, +11 points).
Cela laisse entrevoir un besoin d’accompagnement encore plus prégnant des moins diplômés, des membres des catégories populaires et des chômeurs, qui semblent avoir moins les clefs et qui sont plus nombreux à considérer que c’est aux pouvoirs publics et au monde de l’entreprise d’être responsable des parcours de formation des actifs (42%, 38% et 43% sélectionnent cette réponse contre 36% en moyenne).
Relevons également que les salariés des petites entreprises font état d’un niveau d’information un peu moindre, (ne seraient-ce que parce qu’ils sont moins informés par leur employeur, première source d’information) auxquelles s’ajoutent d’autres obstacles, comme une difficulté encore plus grande à concilier formation et activité professionnelle