Paris, le 27 janvier,
Tous les mois, Toluna – Harris Interactive / Euros Agency réalisent en partenariat avec LCI un baromètre de confiance politique.
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Une baisse dans la confiance dans l’exécutif dans le contexte de la réforme des retraites
La réforme des retraites s’inscrit dans un environnement d’opinion dont il apparait important de tenir compte. Troisième motivation de vote de nos compatriotes à la dernière élection présidentielle (neuvième en 2012, treizième en 2017) il s’est agi d’un des seuls points précis identifié du programme du candidat Emmanuel Macron. A tel point que, le jour du vote, électeurs aussi bien de Jean-Luc Mélenchon que de Marine Le Pen la plaçaient en troisième position tandis que ceux d’Emmanuel Macron en septième. On voyait bien les logiques pouvant se déployer au cours des mois à venir. Cette logique est renforcée par la perception d’une urgence à agir pour réformer notre système qui n’était pas prégnante. Un indicateur vient alimenter cette réflexion : alors qu’en 2012 la lutte contre la dette et les déficits constituait la deuxième motivation de vote des Français, celle-ci passait cinq ans plus tard en douzième position et en dix-huitième lors du dernier scrutin. Le « quoi qu’il en coûte » avait œuvré et desserré l’étau d’opinion qui avait émergé suite à la crise de 2008.
Dans ce contexte, la confiance envers Emmanuel Macron décline en ce début d’année (43%, -3). Le chef de l’Etat voit sa confiance décroître dans toutes les catégories d’âge, mais en particulier chez les moins de 65 ans directement concernés par la réforme (moins de 35 ans : 52%, -9 ; 50-64 ans : 36%, -4 ). Le Président de la République enregistre également une baisse marquée auprès des sympathisants de l’opposition (LFI : 30%, -7 ; PS : 41%, -10 ; EELV : 39%, -13 ; LR : 48%, -5 ; RN : 21%, -6) tout en maintenant son socle auprès des proches de la majorité présidentielle (92%). Parmi les points spontanément évoqués par les plus critiques à l’égard du Président, nous voyons – sans surprise – apparaitre la réforme non soutenue par les Français.
Elisabeth Borne quant à elle enregistre la confiance de 38% des Français (-4), soit son plus bas niveau depuis sa prise de fonction. Après des utilisations répétées de l’article 49.3 de la constitution depuis le début de son exercice (utilisations non soutenues par nos compatriotes), la Première Ministre connait une baisse de confiance auprès des sympathisants de l’opposition : -12 auprès de ceux du PS (35%), -7 auprès de ceux des LR (49%) et -6 auprès de ceux du RN (14%). Elisabeth Borne enregistre également un moindre soutien au sein de son propre camp en concédant 7 points (79%).
Quelques ministres ont été particulièrement exposés au cours de ces derniers jours. Tous s’inscrivent dans un contexte de baisse de confiance lorsque l’on regarde les réponses des personnes s’exprimant : Bruno Le Maire (37%, -3 et 51% de défiance, +5), Gabriel Attal (34%, +1 et 50% de défiance, +1) et Olivier Véran (34%, +2 et 56% de défiance, +3). Olivier Dussopt, quant à lui, ne semble au premier abord pas en subir les effets, sa confiance demeurant stable (23%, +1). Mais, dans le détail, la part de « non-confiance » passe de 36% en décembre à 45% ce mois-ci (+9). La croissance de la notoriété doublée d’une part plus importante de Français pouvant se prononcer à l’égard de son action et de ses prises de positions se caractérise par un regard critique. Le Ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion pourra se réjouir de voir que 64% des proches de Renaissance (+6) lui accordent leur confiance dans cette période.
De son côté, et dans un autre registre (« l’affaire Noël Le Graët »), Amélie Oudéa-Castéra gagne ce mois-ci 5 points de confiance (32%).
A l’instar des mois précédents, Edouard Philippe (40%, -1) apparait comme la personnalité enregistrant le plus de confiance de la part des Français. L’ex-Premier Ministre bénéficie toujours de la confiance de la grande majorité des sympathisants Ensemble, famille politique auprès de laquelle il apparait comme la personnalité politique la plus appréciée (81%, -6).
Marine Le Pen se classe encore en deuxième position parmi les personnalités politiques envers lesquelles les Français font le plus confiance (35%, =). Elle est, logiquement, en tête du classement chez les proches de sa famille politique (89%, -3).
Chez les Républicains, la tendance est plutôt à la stabilité. Eric Ciotti n’enregistre pas d’évolution notable auprès de l’ensemble des Français (22%, -1), tout comme Xavier Bertrand (28%, -2), qui est toujours celui générant la plus forte confiance auprès des sympathisants de sa famille politique (66%).
Alors que des tensions sont toujours de mise au sein de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon est stable ce mois-ci (22%) mais progresse de 10 points auprès de ses sympathisants (85%). Récemment arrivé à la tête du mouvement, Manuel Bompard, qui fait son entrée dans notre baromètre, recueille la confiance de 24% des sympathisants LFI. Il est devancé par Clémentine Autain, l’une des personnes les plus critiques à l’égard de la nouvelle gouvernance (40%).
Enfin, dans le contexte du congrès houleux du Parti socialiste, Olivier Faure ne semble pas en retirer d’importants bénéfices auprès des Français. Il perd 2 points et voit sa confiance s’établir à 16%. Et même s’il bénéficie d’une confiance en hausse auprès des sympathisants PS (+5), celle-ci n’atteint pas la majorité (44%). Son premier opposant, Nicolas Mayer-Rossignol, testé pour la première fois recueille quant à lui la confiance de 21% des sympathisants PS. Il souffre malgré tout d’une faible notoriété.
On le voit, les mouvements constatés s’inscrivent dans un environnement d’opinion au long court. Que ce soit la réforme des retraites, les critiques à l’égard de Zinédine Zidane (qui reste une icône française), les effets de la présidentielle tout comme les tendances sociétales, les acteurs politiques sont percutés par des tendances ayant vu leur émergence avant ce mois de janvier. Dans un pays parfois considéré comme distant à l’égard de la chose publique, dans un pays souvent décrit comme dépolitisé, dans un pays où les individus sont parfois considérés comme des consommateurs plus que des citoyens, cette vague d’enquête illustre que ces jugements sont parfois quelque peu hâtifs.
Téléchargez également notre question du mois : Les Français et la guerre entre l’Ukraine et la Russie