Paris, le 24 février,
Tous les mois, Toluna – Harris Interactive et Euros/Agency réalisent en partenariat avec LCI un baromètre de confiance politique.
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La confiance en l’exécutif au plus bas depuis la réélection d’Emmanuel Macron
Jamais, depuis avril 2020 (fin du premier confinement), la confiance en Emmanuel Macron n’a été aussi basse (42%, -1). Si les ressorts de l’appréciation du Président ont nettement évolué (la réforme des retraites ayant supplanté les débuts de la gestion de la crise de ce que l’on appelait à l’époque le Coronavirus) la structuration politique n’a pas fortement changé et, surtout, le socle électoral du Président reste solide : 89% des proches de la majorité accordent toujours leur confiance à Emmanuel Macron tout comme 86% de ceux ayant voté pour lui au premier tour de la dernière présidentielle. Logiquement, Elisabeth Borne connait la même dynamique : 37% de confiance (-1), elle aussi avec le niveau de confiance le plus faible mesuré depuis son arrivée à Matignon. Elle aussi bénéficie toujours de réponses positives de la part des proches de la majorité présidentielle (83%).
On le voit, d’autres acteurs sont nettement présents dans les médias au cours de cette période de débat sur la réforme des retraites.
Olivier Dussopt voit sa confiance s’établir à 24%. Même si ce niveau est stable, il est à noter que la part de Français ne lui exprimant pas leur confiance croît de 4 points, passant de 45% en janvier à 49% ce mois-ci. Dans le détail, le ministre ne connait que peu de variations : ainsi, 64% des proches de Renaissance lui accordent leur confiance (inchangé en un mois) et 29% des sympathisants LR (+3). En plein mouvement de contestation contre la réforme des retraites, Olivier Véran, concède 3 points de confiance en février (31%). Le porte-parole du gouvernement bénéficie d’un regard positif de 8 proches de Renaissance sur 10 et même de 43% des sympathisants LR. Gabriel Attal quant à lui voit la confiance baisser de deux points (32%) avec un socle proche de celui du porte-parole.
Bruno Le Maire, plus présent sur les thématiques du pouvoir d’achat, progresse d’un point (38%) en conciliant la majorité de deux catégories de population : sympathisants de la majorité (85%) et des LR (55%). Il reste le ministre en qui la confiance est la plus élevée.
Notons, enfin, que Gérald Darmanin (33%, +2) progresse suite à ses prises de parole dans le cadre de l’accident de la route provoqué par Pierre Palmade, et sa proposition de création d’un délit d’« homicide routier ». Le ministre de l’Intérieur retrouve le niveau de confiance dont il disposait en fin d’année dernière. Il devient le deuxième ministre en qui la confiance est la plus élevée et surtout peut s’appuyer, comme le ministre de l’Économie, sur un socle de proches du Président (75%) et de la droite (52%) en progressant auprès de ces deux catégories de populations.
A l’instar des mois précédents, Edouard Philippe (40%, =) est la personnalité enregistrant le plus de confiance de la part des Français. L’ex-Premier Ministre bénéficie toujours d’un regard positif de la grande majorité des sympathisants Ensemble (en première position au sein de cette famille politique) bien qu’il concède une baisse importante (74%, -7). L’ex-premier-ministre est également la personnalité politique bénéficiant du meilleur niveau de confiance auprès des sympathisants LR (66%).
Le débat sur les retraites a suscité des attitudes différentes des forces politiques et de leurs représentants. Dans ce contexte, Marine Le Pen se classe en deuxième position parmi les personnalités politiques hors gouvernement en qui les Français accordent le plus leur confiance (34%, -1). Elle apparait logiquement comme la plus appréciée chez les proches de sa famille politique (89%, =), devant Jordan Bardella, qui la succède auprès des Français comme auprès des sympathisants RN (respectivement 28% et 70%).
Alors que les députés LR ont manifesté leur volonté de ne pas être la « béquille » du gouvernement dans le cadre des débats autour de la réforme des retraites, les personnalités de droite voient globalement leur niveau de confiance à la baisse. Eric Ciotti, qui a récemment évincé Aurélien Pradié de la direction du parti, perd 3 points de confiance auprès des Français (19%) et même 9 auprès des sympathisants LR (49%). Aurélien Pradié, quant à lui, semble bénéficier d’un élan de sympathie suite à cet épisode, notamment auprès des Français (13%, +4) sans pour autant se créer – aujourd’hui – un espace chez les proches de sa famille politique (24% de confiance, 38% de non-confiance). Comme ce qui est observé depuis plusieurs mois, Xavier Bertrand (64%) et Nicolas Sarkozy (62%) figurent parmi les personnalités les plus appréciées par les sympathisants de droite.
Dans un contexte de tensions émergentes au sein de la Nupes, Jean-Luc Mélenchon est stable ce mois-ci (22%) mais régresse de 6 points auprès de ses sympathisants (79%). L’ex-candidat à l’élection présidentielle, qui fait l’objet de critiques de la part de certaines personnalités de gauche, connait également une chute de sa confiance auprès des sympathisants EELV (32%, -12). Parmi ses détracteurs, Fabien Roussel, qui a critiqué la stratégie adoptée par les députés insoumis lors des débats sur la réforme des retraites à l’Assemblée nationale, se hisse comme la première personnalité de gauche auprès de l’ensemble des Français (25%) mais avec un regard mitigé des sympathisants LFI (39% de confiance, la même proportion de non-confiance).
La réforme des retraites permet-elle aujourd’hui de « rebattre les cartes » ? La réponse est non. Évidemment la photographie d’aujourd’hui ne présume en rien celle de demain. Quoi qu’il en soit, les Français attentifs aux débats et mobilisations sociales, ne semblent pas modifier fondamentalement leur regard à l’égard des principaux responsables politiques. Reste à voir ce que seront les effets fin mars lorsque la loi sera – ou non – adoptée au Parlement et surtout lorsque l’on pourra voir les conséquences de la mobilisation sociale dont on connait leur capacité à avoir un impact sur le paysage politique.
Téléchargez également notre question du mois : Les Français et la création d’un délit d’homicide routier