Enquête réalisée en ligne du 7 au 10 février 2022. Échantillon de 1 037 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).
Paris, le 2 mars,
Thème 1 : L’argent (ne) fait (pas) le bonheur : quel rapport à l’argent chez les Français ? – Enquête 2/3
Que retenir de cette enquête ?
- De loin, la carte bancaire est le moyen de paiement préféré des Français. Plus volontiers utilisée sans contact (68%) qu’en entrant le code (63%), elle a aujourd’hui nettement supplanté les espèces (33%) comme moyen de paiement privilégié ; les applications rendant possible le paiement par Smartphone progressent tout en restant aujourd’hui secondaires.
- Aujourd’hui, les Français rapportent avoir de nombreuses dépenses par prélèvement automatique: abonnements, forfaits, mensualités énergétiques ou d’assurance… Au total, 353 € sont prélevés chaque mois du compte d’un Français moyen (en dehors des prélèvements liés au loyer ou au remboursement de crédits) – d’après les estimations de la population –, dont 101 € alloués aux abonnements de loisirs (plateformes de streaming, box mensuelles, etc…). Mais ce système ne donne pas pour autant l’impression aux Français d’entraver leur gestion budgétaire : près de 8 sur 10 trouvent facile d’évaluer le montant dépensé chaque mois dans ces engagements.
- Parmi les différents services de paiement dématérialisé (portefeuilles électroniques, cagnottes en ligne, paiements par Smartphone, transferts d’argent entre particuliers via leur numéro de téléphone, etc.), les Français connaissent et utilisent surtout les portefeuilles électroniques, dont au premier chef l’application Paypal, qu’ils citent souvent spontanément lorsqu’on évoque les « nouveaux moyens de paiement ». La majeure partie d’entre eux indique l’avoir déjà utilisée, et ce, même parmi les générations plus âgées. Parmi les différentes offres de services disponibles, seules les applications bancaires et les portefeuilles type Paypal sont jugés dignes de confiance par plus de la moitié de la population (respectivement 88% et 70%).
- Le paiement « Buy now, pay later», utilisé par un peu moins de la moitié des Français apparaît comme une option à double tranchant, dans la mesure où il incite davantage à la dépense à leurs yeux. C’est pourquoi une majorité (55%) jugent ce service comme une solution ponctuelle à d’éventuelles difficultés financières. Et en effet, pour un achat de gros électroménager, pas moins de 42% des Français privilégieraient un paiement en plusieurs fois de ce type plutôt qu’un paiement classique en une fois.
- Sensibles aux différents bénéfices qu’offre le paiement dématérialisé (rapidité, facilité, etc.), les Français se montrent nettement favorables à cette mutation, même si plus d’1/3 d’entre eux confient avoir le sentiment de dépenser davantage depuis l’apparition de ces nouveaux moyens de paiement.
La carte bancaire, à mi-chemin entre les anciens et les nouveaux moyens de paiement
- Avec ou sans contact, la carte bancaire constitue nettement le moyen de paiement préféré des Français lors des achats en magasin (93% la privilégient dans ce cas de figure), loin devant les traditionnelles espèces (33%) ou le chèque (8%). Et plus encore, les Français préfèrent légèrement l’utiliser sans contact (68%) plutôt qu’en l’insérant dans le terminal (63%). La carte bancaire est également privilégiée lors des achats en ligne par 66% des Français, les 34% restants lui préférant des moyens de paiement utilisant un portefeuille électronique (type ApplePay, Google Pay, Paypal, etc).
- Ainsi, lorsqu’on les interroge sur l’achat emblématique d’un article comme une baguette de pain, nombreux sont ceux qui indiquent utiliser leur carte bancaire (78% avec insertion ; 76% sans contact), quoique le premier moyen de paiement associé à ce type d’achat reste la monnaie (86%), encore bien ancrée dans les représentations.
- Surtout, on note que, ces différents moyens de paiement suivent des évolutions nettement divergentes. Si les espèces semblent sur le déclin – sur les 86% qui indiquent les utiliser, 35% déclarent le faire moins souvent qu’il y a 3 ans –, l’utilisation de la carte bancaire sans contact se généralise largement – sur les 76% qui déclarent l’utiliser, 53% indiquent le faire plus souvent qu’il y a 3 ans – et l’utilisation traditionnelle de la carte semble quant à elle rester relativement stable. Aussi, on note un essor important du paiement par Smartphone (via NFC ou portefeuille électronique), puisque parmi la minorité qui déclare l’utiliser (42%), plus de la moitié (23%) indiquent le faire plus qu’il y a 3 ans… De là à envisager de le voir confisquer sa place à la carte bancaire dans les années à venir ?II. L’automatisation des prélèvements : une pratique bien accueillie
- Déjà ancrée dans les mœurs, l’automatisation de certains prélèvements (abonnements, mensualités, etc.) constitue une forme de paiement dématérialisé. Les Français estiment dépenser en moyenne 101 € mensuels pour leurs abonnements de loisirs, et plus de 250 € pour les mensualités contraintes, liées à l’énergie et aux assurances. Si 43% des Français pensent avoir autant d’abonnements de loisirs qu’il a 3 ans, les autres se divisent en deux catégories : 30% estiment avoir aujourd’hui plus d’abonnements quand 27% jugent en avoir moins. Quant à l’évolution perçue du montant alloué à ces différents abonnements, elle reflète cette répartition en trois catégories, dans des proportions similaires. Concernant les mensualités contraintes, en revanche, près de la moitié des Français (48%) ont perçu une augmentation du montant global prélevé au cours des 3 dernières années tandis qu’ils ne sont que 33% à indiquer avoir pris plus d’engagements, signe qu’ils ont perçu une certaine inflation des prix.
- Malgré tout, ces prélèvements automatisés sont perçus positivement : pour 79% des Français, il est facile d’évaluer les dépenses faites par ce mode de paiement. Si le sentiment de facilité reste relatif (les réponses se positionnant davantage sur l’item « plutôt facile »), il reste plutôt évident de se souvenir de tous les engagements pris (74%) et de suivre les éventuelles augmentations tarifaires (71%), tandis que seuls 65% jugent facile de résilier de tels engagements.
III. L’avenir prometteur des applications de paiement dématérialisé
- Quand on évoque les « nouveaux moyens de paiement », les Français pensent principalement à deux modalités : d’une part, l’utilisation de la carte bancaire sans contact qui s’est généralisée ces dernières années, d’autre part, le paiement par portefeuille électronique, avec l’exemple de l’application Paypal souvent citée. En effet, 60% de la population indique avoir déjà utilisé une application de ce type, qu’il s’agisse de Paypal, de Paylib, d’ApplePay, etc. dont 36% affirment en utiliser régulièrement. Et même chez les générations plus âgées, une majorité déclare avoir déjà eu recours à ce type d’application (52% chez les 50 ans et plus).
- Ce n’est pas le cas des autres types d’applications : Leetchi, Lydia, Tricount, etc. qui connaissent une fracture générationnelle forte. Si environ la moitié des moins de 35 ans déclarent avoir déjà utilisé chacun de ces types de service (48% à 55% selon le service), cette part se réduit comme peau de chagrin chez les 50 ans et plus (10% ou moins). Au global, 46% des Français indiquent utiliser régulièrement au moins un service de paiement dématérialisé.
- La confiance accordée à chacun des types de paiement dématérialisé varie naturellement en fonction de sa notoriété et de son utilisation chez les Français. Mais la fracture générationnelle observée plus haut s’avère moins forte sur cette question. Si l’on met à part Paypal qui jouit d’une confiance exceptionnellement élevée dans l’ensemble de la population (70%), les autres solutions moins utilisées se voient accorder une confiance plutôt minoritaire (entre 33% et 48%), qui reste néanmoins plus élevée que leur taux d’usage.
- Par rapport aux applications de paiement dématérialisé, les applications bancaires jouissent quant à elles d’une notoriété et d’une confiance bien supérieures. Ainsi, 65% des Français déclarent avoir déjà utilisé celle de leur banque, et ils sont encore plus nombreux (88%) à déclarer lui faire confiance.IV. Le paiement « Buy now, pay later»… un cadeau empoisonné ?
- Parmi les différents modes de paiement existant à l’heure actuelle, le service « Buy now, pay later », qui permet de s’acquitter d’une somme en plusieurs fois sans frais, divise fortement les Français, seuls 44% indiquant l’utiliser et 54% l’apprécier. En effet, ce service est vu comme une incitation à acheter immédiatement au lieu de différer son achat par la grande majorité des Français (74%), et une partie importante de la population (61%) pense même que cela peut inciter à acheter des produits plus chers… C’est pourquoi les Français sont aussi partagés au sujet de la fonction de ce type de service : solution ponctuelle à des difficultés pour les uns (55%), mode de paiement à part entière pour les autres (45%), le paiement « Buy now, pay later» est perçu ou comme un facilitateur dans la gestion du budget (46%) ou comme un piège parfois dangereux, qui ne permet pas de se rendre compte du montant total de la facture (54%). Au global, le paiement « Buy now, pay later » tend à faire dépenser plus aux yeux de 41% des Français, tandis que seuls 19% jugent au contraire qu’il fait dépenser moins.
- Malgré ces réticences, les Français n’écartent pas la possibilité de payer en plusieurs fois sans frais dans certaines circonstances, pour certains types d’achat. En particulier, les achats ponctuels et onéreux comme un produit de gros électroménager, pour lesquels 42% des Français indiquent privilégier le paiement en plusieurs fois si celui-ci est proposé. Et 59% des Français estiment qu’ils pourraient bouder une enseigne au profit d’une autre qui leur permettrait de régler leur dépense en plusieurs fois.V. Le bilan : la dématérialisation des paiements, des bénéfices qui compensent largement les pièges
- D’une manière générale, les Français dressent un bilan plutôt favorable des nouveaux moyens de paiement. 75% d’entre eux estiment qu’ils sont une « bonne chose » de manière générale, et 77% pour eux personnellement. Ils manifestent également une certaine forme d’appropriation de ces nouvelles pratiques, puisque la majorité d’entre eux (56%) indique les avoir choisies plutôt que subies. Et pour cause, la dématérialisation des moyens de paiement apporte de nombreux bénéfices à leurs yeux : rapidité, praticité et facilité lui sont reconnues par plus de 8 Français sur 10. Seul bémol : pour 55% des Français, elle tend à faire dépenser plus, et 34% indiquent qu’ils dépensent effectivement plus aujourd’hui que par le passé depuis le développement de moyens de paiement de plus en plus dématérialisés.