A l’occasion de la journée mondiale sans tabac, évaluons les conséquences inattendues de l’interdiction de fumer dans les cafés, hôtels, restaurants et discothèques.

A l’occasion de la journée mondiale sans tabac, évaluons les conséquences inattendues de l’interdiction de fumer dans les cafés, hôtels, restaurants et discothèques.
Demain, samedi 31 mai, l’Organisation Mondiale de la Santé organise, comme chaque 31 mai depuis 20 ans, la journée mondiale sans tabac. L’objectif de cette journée est de permettre aux consommateurs de tabac de prendre conscience des risques du tabac sur leur santé et celle de leur entourage.

A l’occasion de cette nouvelle journée mondiale sans tabac, Harris Interactive a souhaité connaître l’opinion des Français, fumeurs ou non, à propos de cette initiative et en a profité pour faire un bilan des premières conséquences de la mise en place, en janvier dernier, de l’interdiction de fumer dans les cafés, restaurants, hôtels et discothèques.

Les principaux enseignements de cette enquête sont les suivants :

  • La journée mondiale sans tabac est l’occasion de remettre en perspective les risques liés au tabac notamment auprès de la jeune population : 49% des personnes interrogées considèrent que cette journée peut permettre d’expliquer aux jeunes l’intérêt de ne pas commencer à fumer et 47% de rappeler les risques de la consommation de tabac sur la santé. C’est aussi l’occasion d’aider les fumeurs à prendre conscience de leur dépendance à la nicotine (38%) et de promouvoir les méthodes d’aide à l’arrêt du tabac (38%). Notons que 35% des personnes interrogées déclarent que cette journée ne sert à rien car personne ne la respecte.
  • Parmi les 26% de fumeurs interrogés, la moitié a déclaré avoir l’intention de diminuer leur consommation (35%) ou d’arrêter de fumer (17%) au cours des 6 prochains mois. La principale motivation de cette décision est économique (le prix du paquet de cigarettes : 67%).
  • Si les multiples campagnes développées ces dernières années pour prévenir des risques liés au tabac semblent avoir peu d’impact sur la décision d’arrêter de fumer (16% des fumeurs déclarant vouloir arrêter ou diminuer leur consommation au cours de 6 derniers mois), elles ont certainement contribué à la bonne connaissance des bénéfices de l’arrêt de la consommation de tabac. Ainsi, la diminution de moitié des infarctus du myocarde à 1an et celle du cancer du poumon à 5 ans sont des bénéfices parfaitement connus de tous (respectivement 86% et 96% des personnes interrogées).
  • Par contre les bénéfices immédiats sont beaucoup moins connus. Ainsi, seulement 38% des personnes interrogées pensent que les premiers bénéfices apparaissent dans les premières heures qui suivent la consommation de la dernière cigarette (Ex : diminution de la fréquence cardiaque). Pire, 35% pensent qu’il n’y a pas de bénéfice global sur la santé car arrêter de fumer a aussi des conséquences sur la santé (stress, prise de poids). Cette tendance est significativement plus marquée chez les fumeurs (49%).
  • A propos de l’interdiction de fumer dans les cafés, restaurants, hôtels et discothèques, il semble que l’argument de baisse de fréquentation des établissements longtemps opposé pour retarder l’application de la loi d’interdiction ne soit pas suivi des faits de façon massive. En effet, la grande majorité des personnes interrogées déclare n’avoir pas changé leurs habitudes de fréquentation de ces lieux (de 66% pour les discothèques à 80% pour les hôtels).

    Cependant, en y regardant de plus près, on constate qu’une évolution de la population fréquentant ces lieux semble s’opérer, avec des fumeurs moins nombreux… :

    • 19% des fumeurs ont diminué leur fréquentation des restaurants et 8% n’y vont plus
    • 23% des fumeurs ont diminué leur fréquentation des cafés et 13% n’y vont plus
    • 12% des fumeurs ont diminué leur fréquentation des discothèques et 18% n’y vont plus

    Et des non fumeurs qui se réapproprient ces lieux peu à peu :

    • 11% des non fumeurs ont augmenté leur fréquentation des restaurants
    • 13 % des non fumeurs ont augmenté leur fréquentation des cafés.

Fumeurs et non fumeurs semblent d’accord sur le fait que le principal bénéfice de cette interdiction de fumer soit la modification sensible de la consommation de tabac (75% tout à fait / plutôt d’accord). Pour être plus précis :

  • 30% des personnes interrogées sont convaincues que les fumeurs fument globalement moins.
  • 45% pensent que les fumeurs consomment autant de tabac mais ils le font dans des lieux différents (chez eux, dans la rue, …). Fumeurs et non fumeurs s’accordent sur ce point.

Cette interdiction de fumer ne semble pas impacter la consommation par les fumeurs de produits souvent associés au tabac tels que le café, l’alcool, la presse, la marijuana : la grande majorité des personnes interrogées (fumeurs ou non fumeurs) estime que la consommation de ces produits par les fumeurs n’a pas changé depuis l’interdiction. Seule exception: les confiseries (chewing-gums, bonbons, chocolat, ..) pour lesquels 76% des non fumeurs pensent que les fumeurs en consomment plus, opinion qui n’est pas partagée par les fumeurs ! (58% pensent n’avoir rien changé dans leur consommation de confiserie).

En revanche, l’application de cette loi a des conséquences inattendues sur la vie dans les lieux publics. Ainsi :

  • Un tiers des personnes interrogées (tout à fait / plutôt d’accord) estime qu’il est devenu difficile de marcher dans la rue sans respirer de la fumée de cigarette.
  • Pour passer à pied devant un café ou un restaurant il faut être en apnée et slalomer entre les fumeurs (44% tout à fait / plutôt d’accord).
  • En discothèque, l’odeur de tabac est remplacée par celle de la transpiration pour 61% des personnes interrogées (73% des fumeurs vs 57% des non fumeurs).
  • Le déjeuner en terrasse devient également problématique lorsqu’on est non fumeur (41% des personnes interrogées).

L’interdiction de fumer dans les cafés, hôtels, restaurants et discothèques aurait-elle donc seulement servi à ‘déplacer’ les fumeurs des tables de restaurants aux tables de terrasses et aux trottoirs et par là même à déplacer la cohabitation entre fumeurs et non-fumeurs ? La prochaine étape sera-t-elle d’interdire de fumer dans les rues et de limiter la consommation de tabac aux espaces privés ?

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Méthodologie
Ce sondage a été réalisé en ligne par Harris Interactive du 21 au 28 mai 2008, auprès d’un échantillon de 1 000 personnes représentatives de la population française, âgées de 15 ans et plus. Les répondants ont été sélectionnés au sein de l’access panel d’Harris Interactive et gérés par quotas et redressements sur les critères de sexe, d’âge, de région, et de catégorie socioprofessionnelle.

Merci de noter que toute diffusion de ces résultats doit être accompagnée d’éléments techniques tels que : la méthode d’enquête, les dates de réalisation, le nom de l’institut, la taille de l’échantillon.

 

En savoir plus :

Le communiqué de presse

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