On suit fréquemment les courbes de confiance des responsables politiques. Des intentions de vote sont également souvent réalisées afin d’identifier le potentiel électoral des différents candidats. On peut aussi, proposer aux Français (comme Harris Interactive vient de le faire pour France 21) de se prêter à l’exercice d’un point d’étape après quelques mois de mandat, 6 en l’espèce pour Emmanuel Macron.
1.Remarquons déjà, qu’aujourd’hui 30% des Français se ne déclarent pas proches d’une formation politique. Ce positionnement, qui ne conditionne pas un vote ou une attitude, est un peu plus adopté par les Français qu’au moment de la présidentielle (+4) ;
2.Remarquons, également, l’apparente stabilité de la proximité partisante : 14% des Français se déclarent en novembre proches de La République En Marche à l’exclusion de toute autre formation politique. Ils étaient 15% en mai dernier ; de même 11% indiquent être proches d’un côté du PCF/de la France Insoumise de l’autre des Républicains comme en fin de printemps ; 10% se reconnaissent dans le Front National (inchangé) et 9% du PS (-1). La République En Marche reste donc la formation politique à laquelle les Français se réfèrent plus qu’aux autres sans pour autant se détacher nettement de ses « concurrentes ». Reste que la stabilité n’est qu’apparente. La confiance, notamment en LREM, suit en quelque sorte les résultats des sondages de confiance à l’égard du Président.
3.« Nouvelle » formation politique, les composantes des proches de LREM sont à observer. Et, sans surprise, se rapprochent de l’archétype des électeurs d’Emmanuel Macron à la présidentielle : ainsi sont-ils plutôt âgés et diplômés (sur 100 personnes se déclarant proches de la formation politique créée par le Président, 58 sont âgés de 50 ans et plus, 40 disposent d’un diplôme supérieur à Bac+2).
4.La République En Marche est-elle une formation se référent uniquement à Emmanuel Macron ? Non. S’il s’agit du premier qualificatif venant spontanément à l’esprit des Français lorsqu’on les interroge, la nouveauté, le changement, le mouvement, la jeunesse, mais également une politique pour les riches sont cités. Lorsque l’on resserre la focale, le Président cède sa place prépondérante à des termes tels que le changement, la jeunesse, les réformes, la volonté, l’espoir etc. On le voit, des termes plutôt laudateurs. Nulle présence manifeste de critique, par exemple, de l’arrivée sans concurrent de Christophe Castaner à sa tête pas plus que de signe d’émergence concernant tant l’activité que la vitalité du mouvement.
5.Les Français ne jugeant pas les acteurs uniquement au regard de l’efficacité mais également de valeurs remarquons qu’aucune des 28 valeurs soumises aux Français ne correspond majoritairement à LREM. Remarquons également que celles les plus accolées au mouvement sont celles souvent attribuées au Président : autorité et République déjà, réussite, laïcité et sécurité par la suite. Que celles correspondant le moins renvoient implicitement à des citriques politiques dépassant le strict cadre du mouvement et embrassant les regards portés sur l’action de l’exécutif : égalité, écoute, proximité et générosité.
6.Notons enfin que La République En Marche se trouve être en accord avec les valeurs suivantes auxquels les Français accordent le plus d’importance : sécurité, liberté, respect, responsabilité et démocratie. En revanche, cette formation – ou ce que les personnes interrogées y projettent – s’inscrit moins dans celles de l’égalité, la sincérité, la famille, l’honnêteté, et la justice.
6 mois après son élection, dans le cadre d’un paysage éclaté, La République En Marche suscite une confiance très légèrement supérieure à celle des formations politiques plus ancrées. Nouvelle et issue de l’aura d’une personnalité, elle peine aujourd’hui à pouvoir spontanément être décrite comme une entité disposant d’un projet ou de valeurs singularisantes. La formation existe, est identifiée. Suscite-elle attachement ou émotion ? Pas vraiment. A-t-elle survécu à six mois d’exercice de pouvoir présidentiel et à une gouvernance peu clairement identifiée ? Oui. Arrivera-t-elle à se créer une identité propre ? C’est probablement le défi du futur responsable du mouvement. Défi d’autant plus élevé qu’il n’est jamais simple de s’affirmer comme la formation politique de référence du pouvoir politique en place.
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1 http://harris-interactive.fr/opinion_polls/six-mois-a-lelysee/